Chapitre
En vingt-huit mois, Joseph Bonaparte ne put mener à bien toutes les réformes qu’il envisageait pour son royaume. Il en engagea cependant un grand nombre destinées à rapprocher Naples du « modèle français », fondé sur la primauté d’un État réorganisé, la fin de la féodalité et l’avènement de l’égalité civile, avec comme corollaire une refonte complète de la fiscalité et, à l’instar de ce qu’avait fait Napoléon en France, l’idée de jeter sur le sol napolitain quelques « masses de granit » institutionnelles. Il consacra aussi beaucoup d’énergie au perfectionnement d’un outil militaire qui lui permettrait d’être seul maître des opérations dans son royaume, face aux insurrections comme aux tentatives venues de Sicile. Il avança dans la plupart de ces domaines sous la surveillance de Napoléon, avec ses encouragements et ses suggestions, parfois ses ordres ou ses reproches. Son doigté et son habitude de son frère, autant que sa propre conviction que la modernisation passait par l’importation de solutions qui avaient fait leurs preuves au-delà des Alpes et en Italie du Nord, lui permirent d’éviter les grandes frictions et même de conserver une réelle part d’initiative. En ce sens, son expérience napolitaine, dont nous n’aborderons ici que les grandes lignes, se différencie radicalement de ce qui se passera plus tard en Espagne. De même, elle n’eut rien de semblable à ce que tentera Murat, avide d’être maître chez lui et caressant un rêve « italien » qui heurtera le projet napoléonien, jusqu’à le conduire à la trahison de 1814. Joseph était à cet égard un homme plus habile que son impétueux beau-frère…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/09/2019
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