Chapitre
Lorsque l’Assemblée constituante se sépara le 30 septembre 1791, la foule massée à la sortie n’eut d’yeux que pour deux députés : l’« incorruptible » Robespierre et le « vertueux » Pétion. Eux seuls, disait-elle, avaient su terminer leur carrière comme ils l’avaient commencée : sans compromission aucune. La Constituante avait décidé, du reste à l’instigation de Robespierre, que ses membres ne pourraient siéger à l’Assemblée législative appelée à lui succéder. Le député d’Arras abandonna donc toute fonction officielle, sans pour autant rentrer dans l’obscurité de la vie privée, puisqu’il régnait déjà sur l’opinion.
On a souvent cherché le secret de ce magistère dans le caractère de l’homme. De la disparition de sa mère en 1764 (il venait d’avoir six ans), de celle de son père parti courir l’aventure sur les routes d’Europe, d’une enfance passée dans la pieuse famille de ses grands-parents maternels – le grand-père était brasseur –, des longues années de réclusion au collège parisien de Louis-le-Grand où une bourse décernée par l’évêché d’Arras lui permit d’étudier, on a déduit la solitude, la misanthropie, la mélancolie, le sérieux, la sévérité… Ce sont pourtant là des conjectures incapables de marquer de l’empreinte du destin le cours d’une vie que la Révolution bouleversa.
Revenu à Arras après la fin de ses études, en 1781, pour exercer le métier d’avocat et s’occuper des siens – sa sœur Charlotte et son jeune frère Augustin –, Robespierre mène la vie paisible, rangée et laborieuse d’un bourgeois provincial, ni riche ni pauvre, et d’ailleurs sans passions onéreuses…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/11/2017
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