Chapitre
L’hypothèse d ’un déclin des grèves et plus particulièrement des conflits ouvriers dans le monde du travail s’est imposée comme un cadre de lecture dominant, en France, depuis la fin des années 1980. La profonde restructuration de l’outil de production, via la disparition de certains pans de l’industrie, mais aussi les processus de filialisation et d’externalisation des activités, la déstabilisation des collectifs de travail et leur fragilisation par la diffusion des formes d’emplois précaires sont autant de phénomènes qui alimentent l’idée d’une forte tendance au reflux et à la marginalisation de la pratique gréviste dans le secteur privé. Les statistiques administratives produites par le ministère du Travail ont largement contribué à façonner cette interprétation. Elles ont longtemps rendu compte, en effet, du nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève (JINT) dans le secteur privé : de trois millions à la fin des années 1970, celles-ci chutent ensuite par paliers successifs pour osciller, à partir des années 1990, dans une fourchette comprise entre 250 000 et 500 000. Seuls quelques « pics » viennent interrompre cette décrue continue, reflets de fortes mobilisations interprofessionnelles, comme en 1995 et en 2003.
Ces données servent de soubassement à des grilles d’interprétation qui, bien que distinctes, convergent sur un certain nombre de points. La première associe l’idée d’une tendance lourde à la raréfaction des grèves à la crise du mouvement syndical, à sa faiblesse numérique et à son institutionnalisation…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 25/11/2014
- https://doi.org/10.3917/dec.pigen.2014.01.0652
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