Chapitre
Dans les années 2000, l’industrie financière était un terrain de
jeu pour gangsters en tous genres (en cols blancs, d’occasion, professionnels, etc.). En particulier sur le marché des prêts hypothécaires, où « les comportements malhonnêtes n’étaient plus des
faits marginaux au milieu d’une économie fondamentalement
saine ; ils en étaient la figure centrale ». Ce jugement abrupt de
l’analyste financier Michael Lewis, un des observateurs les plus
perspicaces de Wall Street depuis les années 1980, ne se comprend que par un détour théorique.
Selon une célèbre loi d’économie financière, dite « de Gresham » (Sir Thomas Gresham, 1519-1579), « la mauvaise monnaie
chasse la bonne » : lorsque deux monnaies sont en concurrence,
l’argent et l’or par exemple, les consommateurs ont tendance à
thésauriser (stocker ou épargner) celle qui a le plus de valeur
estimée (l’or) et à utiliser (faire circuler) celle qui a le moins de
valeur estimée (l’argent). Les consommateurs expulsent ainsi du
marché la « bonne monnaie » et laissent en circulation la « mauvaise ». Ce curieux paradoxe, une fois transposé dans un contexte
plus large, est utile pour comprendre ce qui s’est produit sur le
marché hypothécaire aux États-Unis à partir des années 1990.
Sur des marchés peu ou mal contrôlés, il se développe en
effet une loi de Gresham de grande ampleur : les mauvais professionnels ont tendance à chasser les bons professionnels et/ou à
obliger les « bons », au départ honnêtes, à adopter des pratiques
frauduleuses pour se maintenir sur ce marché…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/10/2021
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