Chapitre
Quand le fléau de la pomme de terre survint au cours de l’été 1845, plusieurs millions d’Irlandais, dont le régime alimentaire reposait principalement ou entièrement sur la consommation du tubercule, furent frappés par le désastre. La première année, seuls 30 à 40 % de la récolte furent détruits, et si l’épreuve endurée par les habitants fut terrible, grâce au concours du gouvernement, de l’Église et de leurs familles il n’y eut pas de véritable famine. Mais toute l’Irlande se mit à attendre avec anxiété les résultats de la récolte de l’année suivante. Si elle aussi était manquée, ceux qui vacillaient déjà au bord de l’abîme ne tarderaient pas à mourir de faim.
Entre les semailles du printemps 1846 et le milieu de l’été tandis que leurs tiges poussaient et fleurissaient, les pommes de terre irlandaises paraissaient parfaitement saines. Le père Theobald Mathew, voyageant en carrosse de Cork à Dublin dans la dernière semaine de juillet, vit les plants fleurir « dans toute la luxuriance d’une récolte abondante ». Cependant, juste au-dessous de la surface humide du sol, le champignon se développait. Voyageant sur les mêmes routes une semaine plus tard, Mathew observa « une large étendue de végétation putride ». Tout aussi navrante que ces champs désolés, la « population misérable », déjà affectée par la faim, « se tordait les mains et gémissait amèrement devant le désastre qui la privait de nourriture ». Les mêmes scènes se déroulaient partout à travers l’Irlande. Le champignon avait détruit 90 % des récolte…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 19/10/2020
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