Chapitre
Au Nouvel An de 1891, minuit approchant, la foule des New-Yorkais affluait sur Lower Broadway. Depuis des heures les bistrots étaient bondés de fêtards s’abreuvant de whisky, de grog ou de lait de poule en attendant de sortir braver le froid pour assister au traditionnel compte à rebours. Jeunes ou âgés, hommes ou femmes, natifs des lieux ou récemment arrivés, on eût dit que tous les habitants de la ville s’étaient retrouvés dans la rue pour souffler dans leurs cornes d’appel, alors l’instrument tapageur le plus prisé des célébrants du Nouvel An. Quelques minutes avant que minuit sonne, sortant par milliers des bars, des maisons en grès rouge et des immeubles d’appartements de Lower Manhattan, ils se dirigèrent vers les deux lieux où, depuis des générations, les habitants avaient pour tradition de se rassembler pour célébrer l’occasion.
Les plus nombreux se pressèrent dans City Hall Park, parcelle triangulaire de 3 à 4 hectares qui s’étend à l’est de Broadway et au sud de Chambers Street. Sur place ce soir-là, un journaliste écrivait dans le New York Times : « Des drapeaux flottaient sur City Hall, des jeunes garçons ornaient les branches nues des arbres, des lampes oxhydriques projetaient leur éclat sur la foule, on se pressait les uns contre les autres, on se bousculait, on faisait retentir les cors et on s’adressait des vœux chaleureux. » Quand les aiguilles de l’horloge de City Hall atteignirent toutes deux le chiffre 12, un orchestre qui se tenait sur les marches de l’édifice fit retentir l…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 19/10/2020
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