À l’heure d’écrire les dernières lignes de cet article en rédigeant enfin son introduction, nous prenons conscience – encore fallait-il que ce trajet fût fait pour pouvoir le dire – de ce que combien écrire sur le couple est chose délicate car complexe. Les travaux savants et récents ne manquent pas, de sorte que l’on peut se demander ce qu’il reste encore à écrire sur cette dimension essentielle de l’expérience humaine, à savoir la vie conjugale. Comment la saisir ? Celle-ci ne s’éprouve-t-elle pas tout d’abord dans le quotidien de l’expérience vécue ? Ni le clinicien ni le chercheur n’en sont exemptés ! Heureusement, pour les plaisirs qu’elle réserve. Hélas, pour les peines dont personne n’est épargné ! Aussi écrire sur le couple suppose-t-il d’avoir, a minima, revisité ce qui, sur le fondement d’un incontournable vécu personnel, expose l’auteur au risque de n’envisager et construire son analyse qu’à l’aune de son expérience, de ses représentations ou de ses fantasmes.
C’est en quoi la psychanalyse nous enjoint et nous permet, avant toute prétention à la recherche ou au traitement, d’aller regarder d’un peu plus près ce qui, de nos élaborations théorico-cliniques, risque de souffrir du poids de nos projections. D’autant plus que celles-ci ne sont pas uniquement subjectives. Tout du moins, s’inscrivant immanquablement dans une culture, c’est-à-dire dans un temps, un lieu et un milieu, la subjectivité prend la forme que lui donnent son époque, son territoire et sa communauté d’appartenance…