Chapitre
Fernando Pessoa est né à Lisbonne en 1888 et il est mort dans cette même ville en 1935, à l’âge de quarante-sept ans, des suites d’une addiction alcoolique. Il ne s’est absenté de la capitale portugaise qu’à la fin de l’enfance et pendant son adolescence pour vivre à Durban en Afrique du Sud avec sa famille. Après ce séjour à l’étranger, il s’installe définitivement à Lisbonne jusqu’à la fin de ses jours. Ayant écrit de nombreux poèmes, de nombreux contes et histoires policières, il se consacre ensuite essentiellement à son œuvre majeure, le Livre de l’intranquillité. Bien que ce texte n’ait jamais été publié de son vivant, sauf quelques rares extraits, il représente une sorte de journal intime qui ne dit pas son nom. En effet, Pessoa considère ce texte non comme son œuvre propre, mais comme celle de son semi-hétéronyme, Bernardo Soares, un petit employé de bureau à la vie terne et ordinaire. Et ce journal a également des élans universalistes, avec des préceptes et des réflexions touchant à la condition humaine. Il s’agit d’une écriture personnelle relevant aussi bien d’une approche existentielle singulière que d’un élan poétique signifiant les liens du sujet avec le monde et son environnement humain.
Contrecarrer la mort qui s’instille insidieusement au travers de toutes les fibres de son corps correspond à la nécessité pressante que Pessoa éprouve de s’élever, grâce aux mots, au-dessus de l’inquiétante pesanteur des choses. Le bercement de l’écriture représente ce rythme premier, ce rythme fondamental dont hérite la psyché du portage enveloppant et sécurisant de la mère des origines…
Plan
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 28/04/2021
- https://doi.org/10.3917/herm.chian.2016.01.0037
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