Chapitre
Premier des objectifs du millénaire pour le développement, la réduction de la pauvreté a suscité un regain d’enquêtes, d’études et d’analyses depuis le début du xxie siècle. La pauvreté dans les campagnes y apparaît comme un objet nouveau, à « contre-pied de deux idées reçues : d’une part, il n’y aurait de pauvreté que dans les pays pauvres et d’autre part, la ville serait la grande pourvoyeuse de misère » comme le signifiaient dès 1986 Bernard Kayser et Rose-Marie Lagrave . Dans son introduction, le rapport de la Commission européenne sur Pauvreté et exclusion dans les zones rurales (septembre 2008), renchérit : « jusqu’à présent, les analyses de la pauvreté ont négligé les caractères spécifiques des zones rurales à l’échelon européen ».
L’effroyable misère – l’extrême pauvretédirait-on aujourd’hui – n’a pourtant cessé de frapper les campagnes du monde, de façon récurrente. Guerres et conflits, inflation, fiscalité, endettement et autres dépossessions des ressources d’un côté, sécheresses, inondations et autres cataclysmes naturels d’un autre, les exemples ne manquent pas, hier et aujourd’hui, de tant de catastrophes qui ont conduit au plus profond dénuement des pays et des paysans. Le caractère dramatique et terrifiant de certaines situations, comme celles décrites par Mike Davis [2003] dans l’Inde coloniale de la fin du xixe siècle, ou par Colin Turnbull dans le Nord Ouganda , ou encore par Robert Linhart dans le Nordeste du Brésil – parmi tant d’autres exemples – est sans doute le premier défi posé au système de la connaissance : que dire en dehors du témoignage et de la dénonciation …
Plan
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/03/2016
- https://doi.org/10.3917/arco.guibe.2011.01.0077
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