Chapitre
Les historiens, les sociologues, les anthropologues de notre société, dite moderne, sont tous d’accord pour dire : il y a eu historiquement parlant un déclin progressif mais constant de l’image sociale du père, cette image forte jadis du « pater », du père fort, puissant, qui a autorité. Qui a autorité d’abord dans la société publique au niveau politique ou religieux, au niveau professionnel : « Pater » a donné patronus, le patron, le maître, qui dirige le travail, et par voie de conséquence le père de famille, qui a autorité sur sa femme et ses enfants. C’est lui qui décide du mariage de son fils ou de sa fille : le père de Mirabeau l’avait enfermé à la Bastille, parce que son fils refusait de se marier avec telle femme : c’est le père qui décide. Cette image a progressivement décliné, c’est ce qu’on appelle la modernité.
En face de ce constat, dans l’opinion publique, on fait de plus en plus un autre constat, qu’on rattache au premier en disant : « Regardez la jeunesse aujourd’hui, cette violence, dans les lieux publics, dans les transports en commun, cette délinquance, ce vandalisme, cette toxicomanie et même de plus en plus les suicides. » Pourquoi ? Parce que la jeunesse a perdu ses repères ; elle ne sait plus où elle est. C’est le chômage qui l’attend, c’est l’incertitude, c’est le tunnel, alors cette révolte, cette violence, sont le signe d’un appel à une autorité forte, une nostalgie du père d’autrefois. Tels sont les symptômes des sociétés modernes dans nos grandes villes et pas seulement dans les banlieues…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
- https://doi.org/10.3917/eres.dugna.2004.01.0123
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