Chapitre
Cette question d’apparence naïve recouvre en fait une réalité complexe, dont plusieurs facettes sont abordées dans cet ouvrage. Nous traitons ici du petit d’homme devenant père, de l’aube de sa conception dans la demeure du désir au ponant de sa réalisation dans l’acte de l’engendrement. Qu’il devienne père ne dépend pas du seul réel de ses organes, mais du crédit qu’il fait de la parole d’autres que lui. Une femme l’invoquant comme père de leur enfant lui permet d’être père, s’il consent à cette affectation. Ainsi désigné, pour cet enfant-là, il sera son papa. Non sans le réel de son corps d’homme. C’est à l’examen de quelques étapes de cette destinée que je vous convie.
La manière dont un enfant est attendu, fille ou garçon, pendant la grossesse quand il croît dans le ventre de sa mère et dans l’échange existant ou non entre ses parents, informe son avenir de papa ou de maman. Elle lui donne forme. Etre porté dans le corps d’une femme est cependant une particularité partagée par les deux sexes. Une femme est enceinte et accouche : une mère naît. Et un père avec elle, le plus souvent. La révélation anténatale du sexe de l’enfant porté n’est pas sans effet sur son devenir parent : cette parole l’inscrit en effet dans une identité sexuée. Et souvent, maintenant, un prénom lui est donné. Il n’est plus alors un bébé dans l’indétermination du terme, mais Félix ou Marie-Jeanne dans la détermination d’un prénom. Gageons qu’être attendu « bébé » jusqu’à l’heure du terme et nommé ensuite ou être appelé Christian dès le sein maternel n’est pas identique…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
- https://doi.org/10.3917/eres.dugna.2004.01.0109
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