Les danses dites « latines » s’insèrent, depuis le début du siècle, au sein d’une vogue mondiale de l’exotisme, renforcée par la diversification récente des médias. Pratiquées, appropriées, modifiées sur les cinq continents, les danses « latines » ne peuvent plus seulement être assimilées à une culture régionale particulière. Des rythmes comme ceux du tango, du bolero*, de la rumba*, sont connus et déclinés très diversement des États-Unis à l’Asie du Sud-Est ainsi que dans la plupart des pays d’Europe où leur ancrage est multiforme : académies, compétitions, bals, salons, groupes de quartier, rues... Depuis sa première apparition à Paris en 1907, le tango est aujourd’hui davantage pratiqué de la Finlande au Japon que sur les rives du Río de la Plata. Après le mambo* et le cha-cha qui se développent dans les barrios latinos des États-Unis et font partout fureur dans les années 1950, la salsa, cette « sauce pimentée » venue des quartiers hispaniques d’Amérique du Nord, est devenue un langage commun aux musiciens des Caraïbes et à toutes les diasporas latino-américaines, puis un formidable enjeu commercial à l’échelle mondiale. Comme pratiques de loisirs décontextualisées, objets de modes, produits de world culture, les danses latines se trouvent au cœur de dynamiques sociales, culturelles et commerciales étrangères à leur origine.
En France, le phénomène de la salsa est celui qui revêt aujourd’hui la plus grande visibilité commerciale. Parallèlement, le succès plus discret du tango argentin, à travers un réseau essentiellement associatif, ne se dément pas depuis la fin des années 1980, et son succès européen a généré un regain d’intérêt dans son berceau d’origine…