CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Le Brésil présente, sur le plan culturel un double paradoxe. Un très fort métissage et une intégration culturelle qui s’opposent à des disparités sociales majeures. Ce métissage, issu de la colonisation et de l’esclavage, contraste avec les modèles de ségrégation des pays voisins (Argentine) ou de même latitude (Afrique du Sud, Australie). Dans ces pays mis en valeur plus tardivement (xixe siècle) et dans un contexte de capitalisme industriel et non plus mercantile, l’autre n’avait aucune place, même comme esclave. Il était, au mieux exclu, au pire massacré, l’exclusion précédant souvent le massacre.
Le poids de la période esclavagiste se traduit par la présence forte, indéniable et incontournable des anciens esclaves dans la société : parlant la même langue, vivant au même rythme et priant dans les mêmes églises. L’ancienneté de la colonisation et l’intensité du métissage rendaient par ailleurs l’identification raciale particulièrement délicate. Il était dès lors très difficile, au xixe siècle, de pratiquer une politique de ségrégation, voire d’élimination physique ou administrative de la composante non blanche.
Premier paradoxe du Brésil : l’intégration poussée des « races » et des cultures ne se traduit guère dans le profil socio-économique. On rencontre ici les contrastes les plus violents entre les plus riches et les plus pauvres. Le poids de la misère, de l’analphabétisme, de la délinquance issus de l’esclavage pèse encore sur la société brésilienne, qui est l’une des plus injustes du globe…

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Résumé

Dans ce « pays du sourire » marqué par l’esclavage et le métissage, où les plus riches côtoient les plus pauvres, la danse joue un rôle primordial. Sans doute veut-elle construire les bases mythiques d’un Brésil uni où les Blanches dansent au bras de leur Negão. Même si la réalité est une autre affaire...

Louise Bruno
Architecte urbaniste brésilienne, elle est docteur en géographie urbaine et chercheur associé à l’école normale supérieure de la rue d’Ulm. Elle étudie le rôle de la culture dans l’organisation de l’espace urbain. Elle est notamment l’auteur de « Rio de Janeiro, une métropole fragmentée. Le rôle des favelas et des condomínios fechados dans le processus d’éclatement de la ville et de la société », dans Dias et Raud (dir.), Villes et Régions au Brésil (Paris, L’Harmattan, 2000).
Emmanuel Lézy
Agrégé de géographie, ancien élève de l’école normale supérieure de Saint-Cloud, il est maître de conférences à l’université Paris x-Nanterre. Il anime également un séminaire à l’École des hautes études en sciences sociales sur « l’imaginaire des territoires et les territoires de l’imaginaire ». Il a récemment publié Guyane, Guyanes : une géographie sauvage de l’espace compris entre Amazone et Orénoque (Paris, Belin, 2000).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
https://doi.org/10.3917/autre.dorie.2007.01.0263
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