Débuter par l’analyse démographique ne signifie pas que l’on attribue à celle-ci un rôle privilégié dans le développement historique. Même si l’on considère que le facteur démographique a eu une place considérable, et souvent négligée, dans l’évolution des sociétés à faible capacité technologique. La recherche des principaux indices économiques et de population étant conduite, dans un premier temps, dans un esprit exclusivement descriptif, impliquant le refus de toute explication prématurée, l’ordre des premiers chapitres était indifférent.
Si cependant la démographie mérite une légère faveur, c’est qu’elle représente le secteur dans lequel l’introduction de méthodes quantitatives soulève le plus de contestations, sonnant parfois comme un appel au renoncement. Or si l’on devait renoncer, par exemple, à établir ou approcher le mouvement global de la population, quel progrès pourraiton dès lors espérer accomplir dans la compréhension des principaux traits de l’évolution économique? En d’autres termes, il s’agit sur le plan de la recherche, d’un goulot d’étranglement. Le seul parti pris ici est de ne pas se satisfaire de cet état des choses et de considérer qu’il serait prématuré de renoncer à une analyse quantitative quand la plus grande partie des sources reste enfouie dans la poussière des dépôts d’archives.
Par leur nature, les sources de la démographie normande ne se distinguent pas de celles qui peuvent être rencontrées ailleurs. Elles sont de trois types : estimations d’origine ecclésiastique, rôles fiscaux et plus tardivement registres paroissiaux…