Chapitre
Nous voudrions revenir ici sur une opposition cardinale, manifestement fondatrice pour l'ensemble des débats actuels sur le réalisme. Pour qui assume un réalisme « fort », pour qui veut en finir avec toute forme de « corrélation » de l'être et de sa manifestation, alors il a en face de lui un type de philosophe qu'il perçoit comme un adversaire déclaré de son réalisme : l'idéaliste transcendantal. Ce dernier en effet non seulement se maintient dans la corrélation du réel et de la pensée mais même systématise celle-ci, niant qu'ont qu'on puisse penser quoi que ce soit qui excède la pensée, déniant toute légitimité autre qu'heuristique (comme le nom d'un interdit ou d'une illusion) à la chose en soi. « Nouveau réalisme » ou « idéalisme transcendantal », apparemment il faut choisir. Si être réaliste, ou l'être vraiment, c'est assumer qu'il puisse y avoir quelque chose indépendamment de son apparaître, ou qu'il puisse y avoir un monde indépendamment de la donation de monde ; si être réaliste c'est assumer l'idée d'un « Grand Dehors » de la pensée ; alors le réaliste doit en finir avec les différentes formes de l'idéalisme transcendantal, qui ont toutes en commun d'abolir cette extériorité du monde à l'égard de la pensée : le Je pense kantien, qui doit pouvoir accompagner toutes mes représentations ; mais aussi l'a priori universel de la corrélation, de Husserl ; enfin l'Ereignis heideggérien, cette co-appartenance de l'Être et de la Pensée. De quelque façon qu'on l'envisage, l'idéalisme transcendantal nous entretiendra toujours d'une pensée qui, aussi subtile soit-elle, se retrouvera toujours elle-même dans les choses…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/03/2021
- https://doi.org/10.3917/puf.alloa.2018.01.0201
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