Chapitre
Au vie siècle avant J.-C., Sun Tzu expliquait déjà que la
fluidité d’une armée est son meilleur atout. D’où ce paradoxe :
la forme ultime d’une armée est de ne pas en avoir. Afin de
ne pas prêter le flanc à l’ennemi, il ne faut présenter aucune
apparence fixe. La ductilité polymorphe d’une armée représente
sa force suprême :
Une formation militaire atteint au faîte ultime quand elle
cesse d’avoir une forme. Sitôt qu’une armée ne présente pas
de forme visible, elle échappe à la surveillance des meilleurs
espions et déjoue les calculs des généraux les plus sagaces.
[…] La forme d’une armée est identique à l’eau. L’eau fuit le
haut pour se précipiter vers le bas, une armée évite les points
forts pour attaquer les points faibles ; l’eau forme son cours
en épousant les accidents du terrain, une armée construit sa
victoire en s’appuyant sur les mouvements de l’adversaire. Une
armée n’a pas de dispositif rigide, pas plus que l’eau n’a de
forme fixe.
Sun Tzu et nombre de maîtres et successeurs, tous imprégnés de taoïsme, enseignent ainsi que ce qui est sans forme
est le fondement de toute forme et domine l’ayant-forme. Or
la masse des flux financiers ressemble à l’eau : molle, fuyante
et faible, vaste et illimitée, insondable dans ses profondeurs,
permettant à toute activité de s’accomplir, que l’on peut frapper
sans blesser, transpercer sans entamer, etc. C’est une force que
l’on ne peut pas détruire mais seulement canaliser. Telle est la
force (profonde) de la faiblesse (apparente)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 28/10/2021
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