Chapitre
Les forces motrices de la modernité ne sont plus seulement
étatiques. Les forces configurant réellement le monde sont hors
de la politique et des États : principalement financières et
criminelles, voire hybrides. Sauf à considérer que leur masse
critique les rend désormais politiques. Le politique sera de plus
en plus réduit à un rôle de brancardier/gestionnaire de crise,
administrant les premiers secours et les soins palliatifs des
dévastations causées par ces puissances non étatiques. L’État
brancardier pansera les plaies criminelles et financières, faute
d’avoir su penser les périls et de s’être doté des moyens légaux
pour les prévenir.
La grande confrontation à venir n’opposera pas des États entre
eux ou des États à des entités armées (politiques, prédatrices ou
hybrides), mais plus sûrement des pouvoirs politiques acculés
à des entités criminelles et/ou financières surpuissantes. Cette
confrontation se jouera soit à froid dans un sursaut salvateur
avant la tragédie – tel un effondrement des marchés –, soit
à chaud dans le chaos. Entre-temps, l’infosphère continuera
à nous divertir avec des conflits seulement tactiques, des
confrontations secondaires et subalternes, les seules à sa portée.
Lorsque les paillettes et l’immédiateté organisent le quotidien,
les ennemis de confort et les adversaires de circonstance prolifèrent à mesure des avancées de la haute finance prédatrice,
de la criminalité organisée et des migrations incontrôlées. On
l’aura compris : le centre nous amuse avec la périphérie…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 28/10/2021
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