Chapitre
La question de l’agroécologie se situe dans un débat plus large sur l’iniquité et la non-durabilité actuelle de nos systèmes agroalimentaires ainsi que sur la nécessité d’expliciter les choix à faire pour l’avenir. Huit cent cinquante millions de personnes souffrent de faim sur terre, dont plus de la moitié sont des petits agriculteurs ou travailleurs agricoles qui vivent dans des zones rurales. Une grande partie de ceux qui ne sont pas en situation d’insécurité alimentaire fait face à une érosion de leurs revenus et de leur autonomie (FAO, 2011). Par ailleurs, au niveau mondial, l’agriculture consomme 70 % de l’eau extraite à des fins de consommation humaine ; le système agroalimentaire global est une source majeure de dégradation de la terre, des forêts, des réserves piscicoles et de l’eau avec quinze des vingt-quatre services écosystémiques mondiaux dégradés ou gérés de façon non durable selon le Millenium Ecosystem Assessment (MEA, 2005). La crise sociale liée au « mal » développement s’est donc élargie à une crise environnementale. Si ces enjeux sont présents à l’échelle de chaque continent à des degrés divers de gravité, le continent européen n’en est pas indemne, comme le démontre le débat actuel sur la nécessaire réorientation de la politique agricole.
Face à cette double crise, Frédérik Buttel (1995) a très tôt décrit l’émergence de ce qu’il appelait déjà une transition agroenvironnementale des systèmes agraires qui se développent selon deux logiques opposées. Dans le mouvement actuel de rediversification des modèles agricoles (Allaire, 2002) qui inspirent chercheurs et décideurs, les deux image…
Plan
Auteurs
Cité par
- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/03/2020
- https://doi.org/10.3917/edagri.vanda.2012.01.0025