L’inhumanisme est l’élaboration pratique étendue de l’humanisme ; il naît d’un engagement actif en faveur du projet de l’humanisme éclairé. Vague universelle qui efface l’autoportrait de l’homme dessiné sur le sable, l’inhumanisme est vecteur de révision. Il révise inlassablement ce que signifie être humain, en ôtant ses caractéristiques prétendument évidentes tout en préservant certains invariants. En même temps, l’inhumanisme se présente comme une exigence de construction : il exige que nous définissions ce que signifie être humain en traitant l’humain comme une hypothèse constructible, un espace de navigation et d’intervention.
L’inhumanisme est en opposition concrète avec tout paradigme qui cherche à dégrader l’humanité soit en la confrontant à sa finitude, soit en la rabaissant avec le vaste monde pour arrière-plan. Son travail consiste en partie à décanter l’importance de l’humain par rapport à toute signification prédéterminée ou à toute signification établie par la théologie : la reconnaissance de l’importance humaine est ainsi dégagée de toute vénération de l’humain qui surgit quand cette importance est attribuée à une forme de juridiction théologique (Dieu, une généricité ineffable, un axiome fondationnaliste, etc.).
Dès lors que la signification amalgamée et honorifique de l’humain est remplacée par un contenu réel, minimaliste et néanmoins fonctionnellement conséquent, le crédo humiliant de l’antihumanisme qui repose sur un amalgame théologique entre importance et vénération perd aussi son élan déflationnaire…