Une fois défini le substrat historique qui figea l’image de la femme insulindienne dans des traits, somme toute, aussi peu plaisants que ceux des pirates malais, des anthropophages de la Nouvelle-Guinée ou des coupeurs de têtes de Bornéo, on constate que les stimulations qui agirent sur la curiosité des Français, du xixe au xxe siècle, furent liées au développement de nouvelles techniques de l’image et à la vogue des spectacles exotiques associés aux expositions universelles.
Les grands voyages de découverte, dirigés par Freycinet, Duperrey, Dumont d’Urville, Hyacinthe de Bougainville, Laplace eurent le mérite d’embarquer des dessinateurs de talent : Charles Alexandre Lesueur, Nicolas Martin Petit (Le Géographe, commandant Baudin, 1800-1804), Jacques Arago (L’Uranie, commandant Freycinet, 1817-1820), L. F. Lejeune (La Coquille, commandant Duperrey, 1822-1825), Louis Auguste de Sainson, E. Paris (L’Astrolabe, commandant Dumont d’Urville, 1826-1829), Paris et Lauvergne (La Favorite, commandant Laplace, 1830-1832), Ernest Auguste Goupil et L. Le Breton (L’Astrolabe et La Zélée, commandant Dumont d’Urville, 1837-1840). La réutilisation de leurs esquisses dans l’édition des atlas pittoresques et zoologiques permit de faire passer dans le public des images inédites qui eurent, par rapport à celles des siècles passés, le mérite d’une fidélité qui les apparentait à des reportages. À cela s’ajoutait que le prestige attaché à ces entreprises justifia la mise en œuvre de moyens techniques coûteux pour parvenir à une qualité exceptionnelle…