Chapitre
Dès 1838, la coutume de faire venir des troupes de danseuses indiennes pour les amateurs d’art exotique s’était instituée en Europe [Christout, 1990 ; Assayag, 1999, p. 128-133]. Mais après ces quelques venues de troupes parcellaires, il faudra attendre 1851 et l’Exposition universelle de Londres pour découvrir de visu tout à la fois les richesses inouïes de l’Inde, et les mises en scène spectaculaires dont ses sujets exhibés font l’objet. L’Inde, qui avait contribué de façon si éclatante au succès de l’exposition britannique, se devait de satisfaire un public déjà habitué, depuis un siècle, à voir des « curiosités ». Entre le « Sauvage éthiopien » Oronuto, les « Négresses albinos », la « Miss qui prenait ses orteils pour des mains », les six chefs Cherokees en parure de guerre, et le fameux tigre du Bengale « qui ressemblait à un humain », les Londoniens n’étaient jamais assez rassasiés de « bêtes sauvages » et de monstruosités [Picard, 1997, pp. 251-253].
Au Crystal Palace, l’une des sections les plus larges et les plus remarquées de l’exposition montrait des produits de l’Inde, dont la plupart avaient été gracieusement offerts par le Nawab Nazim du Bengale : un trône dont le dais en soie bleue surmontait quatre piliers d’argent et dont le siège, recouvert de velours pourpre, était bordé d’or et d’argent. Deux palanquins, dont l’un d’ivoire et d’or, portés par six porteurs, un howdah (couverture pour éléphant), une tente spectaculairement meublée de tapis et de coussins, de riches soieries et cotonnades, des châles, des éventails, des minerais, des médicaments, des teintures, du caoutchouc, des meubles luxueux, des pierres précieuses, de la joaillerie…
Plan
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/04/2013
- https://doi.org/10.3917/dec.blanc.2011.01.0274
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