Chapitre
Il convient d’élargir, dans le présent article, le cadre théorique qui nous pousse à voir les zoos humains principalement comme un mode d’exposition de l’« Autre ». Nous devrons donc aborder la question des institutions, des motivations et des objectifs de ceux qui furent capables de concevoir ces zoos, dans un contexte global, mais aussi de façon spécifique à l’encontre des populations Canaques.
Il serait tentant de ne voir dans ces zoos humains qu’un exemple spécifique de la propension des sociétés modernes à contraindre, ordonner et exposer. L’organisation de la vie dans des « zoos » reflète une volonté plus générale d’ordonner, de classer et de révéler, souvent liée au progrès de la science moderne. Lorsque les muséums et les jardins d’acclimatation remplacèrent les cabinets de curiosités et autres ménageries, la nouvelle organisation signifiante des expositions reprit les schémas de classification des sciences naturelles. C’est dans ce cadre que furent exhibées les populations du monde et, parmi elles, les Canaques.
La IIIe République était, alors, tout autant marquée par la multiplication des discours humanistes que par l’essor des zoos humains. Notre approche théorique souhaite rendre compte de ce mouvement concomitant et paradoxal de défense et de mépris flagrant des droits humains. Cette recherche d’une explication nous pousse à délaisser le cadre des expositions elles-mêmes — et leur justification scientifique — pour un contexte politique plus large. Cette conceptualisation de la recherche sur les zoos humains atténue quelque peu le sentiment d’aberration qui menace de nous submerger chaque fois que nous approchons cette réalité…
Plan
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/04/2013
- https://doi.org/10.3917/dec.blanc.2011.01.0221
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