Chapitre
L’introduction au documentaire Les statues meurent aussi, réalisé en 1953 par Alain Resnais et Chris Marker, établit une « botanique de la mort » comme approche muséographique spécifiquement occidentale de la commémoration de l’œuvre d’art et de l’homme « civilisé ». Ce documentaire français de trente minutes sur la signification de l’art africain est rythmé par des images de statues africaines détenues en captivité spirituelle au musée de l’Homme à Paris, au British Museum de Londres et au musée du Congo belge de Tervuren. Des images de statues yoruba, kuba et dogon alternent d’abord avec des vues des visiteurs du musée, puis avec des extraits de documentaires coloniaux français. Les gros plans déformés des visages fascinés des visiteurs se mettent à ressembler aux masques africains eux-mêmes. Des extraits de documentaires coloniaux comme La Croisière noire de Léon Poirier (1925) sont ensuite utilisés pour contextualiser les statues africaines conservées dans les musées ethnographiques. Mais quel rapport avec les zoos humains du siècle dernier ?Les statues meurent aussi fut censuré de 1953 à 1963 en vertu du décret Laval avant d’être distribué sous une forme substantiellement modifiée qui ne recueillit pas le consentement des auteurs. Le décret Laval, édicté le 11 mars 1934, s’arrogeait le droit d’apprécier et de censurer tout film tourné en Afrique. Comme l’explique le réalisateur et historien du cinéma africain Paulin S. Vieyra, le décret stipulait que toute personne (sous autorité administrative française) qui avait l’intention de créer des images cinématographiques ou d’enregistrer des sons devait en faire la demande écrite auprès du lieutenant gouverneur de la colonie où le demandeur projetait d’opérer [Vieyra, 1958, p…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
- https://doi.org/10.3917/dec.bance.2004.01.0355
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