Chapitre
Ceuta, comme Melilla, sa sœur jumelle plus à l’Ouest, est une enclave espagnole en territoire marocain. Les deux villes sont des presqu’îles enfermées dans une double enceinte de barbelés qui n’est pas sans évoquer la frontière américano-mexicaine.
Ceuta est une presqu’île très étroite en son point de jonction à la côte marocaine. La configuration du terrain permet donc de fermer l’entrée de la ville par de grandes grilles de fer. Côté espagnol, sont disposés les espaces et chicanes de contrôle, côté marocain un terrain vague et nu, jonché de détritus, sur lequel stationnent en permanence des taxis collectifs, des bus et fourgonnettes qui emmènent et ramènent sans arrêt les clients marocains vers Ceuta. Car ce lieu rébarbatif, militarisé au moins dans la mise en scène de ses entrées, est, comme d’autres lieux frontières, aujourd’hui, une ville-entrepôt, une zone marchande active, presque exclusivement dédiée à des clientèles marocaines autorisées.
On a longuement parlé dans la presse et les médias de ces forteresses, désormais symboles de l’inhospitalité européenne (Escoffier 2006). Le spectacle de grappes d’hommes prenant d’assaut les barbelés, le compte macabre des morts et des exactions policières est familier aux spectateurs européens comme maghrébins. C’est pourtant une autre scène que je voudrais évoquer ici, plus discrète et banale, plus quotidienne néanmoins. Voici des femmes marocaines qui franchissent l’enceinte de Ceuta vers le Maroc, s’installent en riant sur ce terrain vague hors les murs, puis commencent à se déshabiller…
Plan
Auteur
Cité par
html et feuilletage (par chapitre) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/06/2016
- https://doi.org/10.3917/kart.adelk.2007.01.0073
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...