Un soir de l’été 1987, quatre adolescents de la cité de Montconseil (ville de Corbeil-Essonnes) passent un pacte d’honneur et décident de monter leur bande. « Lamence, Joker, Mek’s et Papayou sont avant tout quatre copains qui ont grandi ensemble. Ils partagent rêves et révoltes, ils sont à la recherche d’une identité et, à des degrés divers, en voie de rupture familiale et scolaire. Ils découvrent ensemble l’espace parisien, la culture des rues, le mouvement hip-hop et le monde des bandes, mouvant et hétérogène. »
Depuis quelque temps, l’un d’entre eux, Lamence Madzou, est devenu un personnage très médiatique. La parution de son livre, J’étais un chef de gang, issu d’entretiens avec la sociologue Marie-Hélène Bacqué, lui vaut invitations sur les plateaux de télévision, articles dans la presse et débats sur les antennes les plus prestigieuses.
Le récit de vie de ce Français noir d’origine congolaise (aujourd’hui âgé de 36 ans), devenu le chef des Fight Boys durant les années 1990, fascine. D’une part parce que le phénomène des bandes ressurgit régulièrement dans l’actualité médiatique : affrontements de 2007 opposant des groupes rivaux entre Pigalle et gare du Nord, émeutes de Villiers-le-Bel, ou plus récemment, en juin 2008, agression du jeune juif Rudy Haddad dans le XIXe arrondissement de Paris… D’autre part, parce que le sujet est brûlant. Selon M.-H. Bacqué, il vient souvent alimenter « un discours général sur les banlieues menaçant la capitale » et de très nombreux amalgames sur l’insécurité, les incivilités, les trafics, les violences et l’immigration…