Chapitre
Trois sociologues, deux Américains et un Australien, ont passé au peigne fin les mille et une manières de se faire marcher sur les pieds. Il apparaît qu’en général le grossier personnage est un type normal qui a simplement oublié que les autres existent.
Se faire chiper sa place dans une file d’attente de cinéma, être coincé par un bus en vélo, se faire pousser brutalement dans le métro, supporter les confidences à voix haute d’un téléphoneur public, écoper un doigt d’honneur sur l’autoroute, être ignoré par un vendeur, subir les remontrances d’un guichetier ou les pétarades d’une moto customisée…, tous ces incidents banals qui empoisonnent notre vie quotidienne restent à peu près invisibles à l’œil des experts et des pouvoirs publics, qui les jugent sans doute trop bénins pour leur consacrer plus d’attention. Pourtant, dira-t-on, il est clair que, depuis plusieurs dizaines d’années, la lutte contre les « incivilités » a suscité d’abondantes considérations, a fait l’objet de mesures officielles et est au programme de nombreux partis politiques. Mais, font remarquer les sociologues Philip Smith, Timothy Phillips et Ryan King, derrière ce terme, c’est une catégorie particulière de faits qui est en général visée : les dégradations de biens publics et privés, les comportements agressifs ou turbulents sur la voie publique, les occupations abusives d’espaces communs, etc. Résultat : la question des incivilités cible surtout les jeunes à casquette retournée et se concentre sur les quartiers pauvres et en difficulté…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/07/2019
- https://doi.org/10.3917/sh.bedin.2011.01.0179
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