L’analyse des évolutions criminelles nécessite préalablement de disposer du plus grand nombre d’informations contribuant à en rendre compte le plus précisément possible en dehors de toute approche purement subjective liée à des à priori, des démarches corporatistes, idéologiques ou purement politiques.
En France, depuis cinq siècles (période à partir de laquelle des données commencent à être disponibles d’un point de vue quantitatif), le crime a très largement évolué tant quantitativement que du point de vue de la nature des infractions commises. Le développement de la société a lui-même participé de cette évolution. Des crimes punis au Moyen Âge ne le sont plus aujourd’hui et, inversement, certaines pratiques d’antan sont maintenant réprimées (le droit de cuissage par exemple). La violence institutionnelle de l’État s’est progressivement effacée devant l’affermissement de la démocratie et des grands principes constitutionnels de liberté. Les progrès technologiques – voiture, chemins de fer, et plus récemment Internet – ont fourni de nouvelles opportunités pour les criminels comme pour la police. Les violences rurales qui ont secoué nos campagnes jusqu’au xviiie siècle sont devenues urbaines.
Au final le crime est cyclique, évolutif et très largement déconnecté du temps politique. En revanche il est très étroitement lié au développement de l’État. C’est en luttant contre le crime, les complots et les conjurateurs, et en mettant donc progressivement en place des structures de contrôle puis de police, que l’État s’est construit et a pu adapter ses réponses aux mutations de la criminalité…