CAIRN.INFO : Matières à réflexion

La crise que nous traversons est globale. Si seules les dimensions financières et économiques sont le plus souvent mises en avant, il s’agit avant tout d’une crise de civilisation, d’une crise de modèle. La réponse est donc nécessairement complexe, tant elle touche aux fondamentaux de nos sociétés. Le débat qui s’ouvre est un débat sur l’économie, sur la solidarité et le partage, mais aussi sur la démocratie, sur nos représentations, et enfin (et peut-être surtout) sur notre culture et nos valeurs.
Ce texte n’a pas vocation à être exhaustif, à apporter l’ensemble des réponses. Il propose de premiers principes directeurs pour refonder nos sociétés sur des bases plus saines et plus durables. La France et l’Union européenne pourraient s’en saisir, les mettre en œuvre sur leur territoire et les porter dans les instances internationales. Ce texte est une contribution au débat et demande à être enrichi, que ce soit dans le cadre des travaux de la Fondation Nicolas Hulot ou grâce aux réactions et contributions extérieures.
Le monde est en crise et les fondements de l’organisation de nos sociétés se révèlent intenables. Nous savions déjà que notre modèle économique était insoutenable écologiquement, tant il ignore et accentue la destruction du socle naturel dont il dépend ; insoutenable socialement, tant la misère continue à côtoyer l’opulence en dépit de décennies de croissance. La crise financière a, désormais, démontré sa profonde instabilité intrinsèque : le système financier mondial a failli s’effondrer, provoquant des drames en série…

  1. Il est temps d’oser un autre monde
    1. Une crise systémique dont il faut traiter l’ensemble des dimensions et non les seuls aspects économiques et financiers
      1. Une crise systémique car nous sommes interdépendants
      2. Une crise systémique car ses diverses dimensions sont liées par une vision commune, « occidentale », du monde
      3. Les réponses à la crise pour l’instant envisagées sont partielles
    2. Penser le monde autrement : se poser les bonnes questions, se donner de nouveaux objectifs, remettre l’économie à sa juste place
      1. Quelle société voulons-nous ?
      2. L’inversion des moyens et des fins : remettre l’économie à sa juste place
    3. Le retour du politique pour réguler l’économie et la mettre au service des êtres humains
      1. L’État, garant de l’intérêt général sous contrôle de la société civile
      2. Mettre en place des régulations intégrant la réalité d’une planète surexploitée
      3. Allier la régulation globale et le débat local
      4. La nécessité d’une régulation mondiale
  2. 1 - En finir avec le culte du PIB et adopter de nouveaux indicateurs
    1. La croissance du PIB est porteuse de désordres écologiques
      1. Le PIB ne mesure pas l’épuisement des ressources naturelles…
      2. … et nous pousse, au contraire, à les exploiter toujours davantage
        1. Pour que le PIB s’accroisse, il faut vendre plus et donc produire et consommer davantage, or tout cela repose sur l’utilisation de ressources naturelles
        2. Du point de vue du PIB, il vaut mieux réparer que prévenir !
    2. Le PIB ne tient pas compte du bien-être ou du mal-être social
      1. La croissance du PIB ne reflète ni la proportion de la population qui a consommé, ni la composition et la qualité de cette consommation
      2. La croissance du PIB peut s’accompagner de fortes inégalités
      3. Frustration et dépendance
      4. Le PIB ne reflète aucunement la cohésion sociale
    3. Adopter un tableau de bord d’indicateurs pour piloter nos sociétés
      1. Pour cela, commençons par désacraliser le PIB…
      2. … et adoptons un tableau de bord d’indicateurs qui nous disent mieux l’état de notre planète et des sociétés humaines
      3. Nous ne partons pas de rien
  3. 2 - Réguler l’économie de marché en intégrant les limites de notre planète
    1. Fonder les régulations sur de nouveaux principes pour que les acteurs économiques s’orientent vers la préservation du potentiel naturel de la Terre
      1. La nécessaire prise en compte des ressources naturelles par les acteurs économiques…
      2. … implique de fonder les régulations sur des principes nouveaux : le basculement des régulations, le découplage
        1. Basculer les régulations pour qu’au lieu de peser sur le travail elles pèsent sur les consommations de ressources
        2. Organiser le découplage entre les résultats des activités économiques et leur consommation de ressources
      3. Des exemples concrets de la mise en œuvre de ces nouveaux principes (fiscalité sur l’énergie, marché de droit dans le domaine de la pêche)
        1. L’exemple des subventions publiques
        2. La fiscalité et les prélèvements obligatoires
        3. Commencer par la fiscalité sur l’énergie
        4. Les marchés de droit
    2. Réguler le commerce mondial : du libre-échange au juste-échange
      1. L’accroissement des échanges poursuivis pour eux-mêmes est source d’instabilité
      2. Subordonner les échanges à des principes supérieurs portant sur la préservation de l’environnement et le bien-être social
    3. Redonner aux autorités publiques la capacité de financer les investissements de long terme
      1. Le diagnostic
        1. Les mécanismes de marchés sont inefficaces pour financer les investissements de long terme que nécessite le développement durable
        2. Il apparaît nécessaire de revoir les procédures permettant aux autorités publiques de choisir leurs investissements
        3. La gestion des risques ne peut s’en remettre à la seule logique financière
      2. Premières propositions
        1. Pour redonner aux autorités publiques les moyens d’investir, il faut rééquilibrer la finance publique et la finance privée
  4. Imaginer demain, une nécessité
Nicolas Hulot
Nicolas Hulot a commencé sa carrière comme photoreporter et journaliste, puis devient producteur et présentateur des émissions Ushuaïa, le magazine de l’Extrême (1987-1995), Opération Okavango (1996-1997) et enfin Ushuaïa nature (depuis 1998). À la faveur de ses voyages professionnels, il constate à l’œil nu les dégradations que l’on fait subir à la planète et l’urgence d’agir. Désireux de mettre sa notoriété au service d’une cause qui devient au fil des ans la pierre angulaire de sa vie, il crée la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme en 1990. Avec le Défi pour la Terre lancé en 2005, ce sont plus de 850 000 personnes qui s’engagent à agir quotidiennement pour la planète. Fin 2006, Nicolas Hulot propose un Pacte écologique aux candidats à l’élection présidentielle afin de les inciter à placer les enjeux écologiques et climatiques au cœur de l’action publique. Il est alors soutenu par près de 750 000 personnes. Le Grenelle de l’environnement est légitimement considéré comme une suite du Pacte écologique. Nicolas Hulot a publié de nombreux ouvrages dont Le Syndrome du Titanic, aux Éditions Calmann-Lévy. En 2009, il réalise un film sous le même titre.
Le Comité de veille écologique
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Mis en ligne sur Cairn.info le 18/09/2014
https://doi.org/10.3917/puf.brg.2010.01.0029
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