Reprenant une réflexion engagée dès 1986, Daniel Widlöcher revient sur certaines idées et les développe à partir de données nouvelles. Il distingue au moins trois corpus théoriques qui ne se recouvrent que très partiellement dans la théorie psychanalytique : une théorie de la subjectivité qui concerne l’édification de l’individualité ; une théorie de la cure qui concerne les processus associatifs, les processus de changement et de résistance aux changements ; enfin, une troisième théorie qui concerne la description du fonctionnement mental inconscient et de ses lois d’organisation.
Comme le dit Widlöcher, une des premières questions qui se posent lorsqu’on aborde cette problématique est de savoir si « les connaissances de la neurophysiologie ne risquent pas d’être incompatibles avec certaines descriptions et certaines explications issues de la clinique psychanalytique », ce qui soulève d’emblée la possibilité d’un principe de compatibilité entre le champ des neurosciences et celui de la psychanalyse, c’est-à-dire l’existence de ponts entre ces deux champs de connaissances si distincts.
Mais il faut s’interroger sur cette notion de ponts. Quand on parle de ponts, ne doit-on pas distinguer entre ceux qui apparaissent entre deux événements, un événement psychologique et un événement physiologique (ou cérébral), et les ponts qui relient deux énoncés de langage différents qui s’appliquent néanmoins à rendre compte d’un même événement ? Comme exemple d’un pont entre deux événements, l’un psychologique et l’autre physiologique, on peut prendre celui des liens largement développés entre le sommeil paradoxal, tel qu’il est étudié en physiologie et reconnu par des caractéristiques propres, et la pensée onirique, telle qu’elle est étudiée en psychologie et plus encore dans le déroulement d’une cure psychanalytique…