Le Sud-Est de la France comporte beaucoup de parcours et l’hétérogénéité des territoires d’élevage y est une caractéristique essentielle, commune aux surfaces cultivées et aux parcours, mais plus sensible sur ces derniers. Cette hétérogénéité résulte plutôt, et le plus souvent, des modes d’usages passés des terres (anciens jardins et cultures, prairies de fauche abandonnées…), mais aussi des modes d’usage actuel, que de différences pédoclimatiques locales (Blanchemain et Thiault, 1979).
Or, dans la majorité des élevages ovins méditerranéens français, l’hétérogénéité d’utilisation actuelle du territoire d’élevage est surtout le fait du berger conduisant le pâturage du troupeau. Le gardiennage, considéré un peu sommairement comme une « cueillette », se traduit en fait par une tentative permanente de la part du berger d’adapter le chargement instantané aux ressources fourragères à exploiter. Ainsi, les différents types de parcours et de prairies peuvent être soumis à des chargements saisonniers extrêmement variables en relation avec l’état de la végétation, mais pouvant aussi déterminer son évolution.
Pour essayer de comprendre la logique de ces variations locales du chargement, nous avons été amenés à élaborer des moyens d’analyse du fonctionnement global d’exploitations ovines où le troupeau est gardé. Au cours de trois enquêtes réalisées en 1972, 1975 et 1976-1977, dans la partie des Préalpes du Sud comprise entre Digne, Draguignan et Nice, nous avons tout d’abord établi une description des principales activités dans les exploitations ovines de la région, sans en privilégier aucun…