Chapitre
« Comment es-tu devenu berger ? » est une question que tous les bergers se voient souvent poser, moi y compris, car j’ai exercé ce métier dans les Alpes du Sud durant quatre estives, avant de reprendre des études de sociologie. Pour répondre à cette question, les sociologues considèrent classiquement le parcours biographique des individus (Dubar, 1991). Pour ma part, je pense que pour expliquer comment un individu devient berger, il est aussi intéressant de considérer les modalités concrètes et pratiques de l’apprentissage puis de l’exercice du métier de berger.
L’analyse présentée ici associe des données issues de ma propre expérience de bergère, et relatives à la pratique du métier, à des données provenant d’une quinzaine d’entretiens qualitatifs portant sur le sens que des bergers confèrent à leur métier. J’ai mené ces entretiens avec des bergers salariés en Provence, dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Dans un souci d’anonymat, les prénoms des personnes enquêtées ont été modifiés.
Le principal outil du berger est son corps, notamment durant la garde, activité la plus exigeante en temps de travail et la plus prestigieuse des activités d’élevage. Or, mis à part en ergonomie du travail, le corps a été peu pris en compte par les sciences humaines. Pourtant, des auteurs comme Mauss (1950), Schilder (1950), ou plus récemment Foucault (1975 ; 1976-1988) et Bourdieu (1980), ont pressenti que la manière dont le corps est façonné par une activité – qu’elle soit professionnelle, sociale, religieuse ou autre – est déterminante dans la construction de l’identité des individus, de leurs représentations et de leur subjectivité…
Plan
Auteur
Adresse de contact : Route du Portail, 04700 Entrevennes
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2014
- https://doi.org/10.3917/quae.meure.2010.01.0295
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...