Chapitre
Selon le baron Charles Dupin, dans son bilan national intitulé Forces productives et commerciales de la France qui paraît à Paris en 1827, un homme vaut un âne, tandis qu’un cheval vaut sept hommes, et la puissance d’un pays tient au nombre de ces vies. Le 6 et le 9 août 1945, à Hiroshima puis à Nagasaki, les États-Unis tuent 115 000 personnes, la victoire sans condition contre le Japon est acquise, et l’Amérique fait la démonstration de sa force. En 1980, après quatorze années d’efforts de vaccination, l’OMS déclare que la variole a été éradiquée, le coût de ce programme est aujourd’hui évalué à 500 millions de dollars.
La vie humaine a un prix. Chaque jour nous y sommes confrontés mais l’habitude n’y fait rien : ce rapport entre des vies détruites ou sauvées et des biens gagnés ou perdus est étrange et ne cesse de questionner. Le fait de mesurer des vies humaines en leur donnant une équivalence matérielle intrigue, et, même, dérange. On songe au plus scabreux, à la traite. On pense encore aux gladiateurs, et à tous ces hommes et ces femmes, enrôlés contraints, esclaves sexuelles, travailleurs au fond des mines, forcés de vendre leurs vies. Pour autant, et peut-être en raison même de l’impression d’étrangeté qu’elle dégage, cette question a stimulé l’imagination de nombreux artistes, dans la littérature, le théâtre, le cinéma. Elle est également au centre de nombreuses discussions de la presse, des intellectuels, des parlements.
C’est aussi un problème classique des sciences humaines, et toutes les disciplines sont concernées…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/01/2022
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