L’effacement des États-Unis comme puissance tutélaire de l’ordre libéral contraint l’UE à prendre ses responsabilités pour préserver le multilatéralisme, principe au cœur de son modèle universaliste. Elle doit pour cela se doter de moyens lui permettant d’assurer sa souveraineté, et réviser une doctrine de plus en plus déphasée avec les réalités du moment. Faute de quoi elle risque de se faire marginaliser face à l’affirmation de puissances porteuses de modèles alternatifs.
L’ordre libéral international a été créé à la fin de la Seconde Guerre mondiale par les États-Unis et leurs partenaires – Canada, pays d’Europe occidentale et Japon. Il s’est construit sur l’idée selon laquelle la combinaison de l’économie de marché et de la démocratie était porteuse de progrès pour le monde entier. Sous la direction des États-Unis, il a valorisé la création d’institutions multilatérales, la coopération en matière de sécurité, la promotion des valeurs démocratiques, et la protection des droits de l’homme.
La présidence de Donald Trump est marquée par un certain affaiblissement du leadership américain. De plus, les États-Unis sont désormais dirigés, et ce pour la première fois, par un président ouvertement hostile à certains principes et valeurs de cet ordre libéral international, qu’il s’agisse de la liberté du commerce, ou des règles et institutions multilatérales. Cela soulève des questions sur l’avenir de cet ordre, et sur l’attitude que devraient adopter les États qui lui sont attachés…