L’élection de Jair Bolsonaro, qui a placé sa présidence sous le signe de Jésus, révèle l’importance de l’influence gagnée par les Églises évangéliques. À partir de la défaillance des structures de l’État, celles-ci ont mis en place des réseaux sociaux, économiques et culturels, qui se traduisent désormais au niveau politique. L’affirmation évangélique – aux dépens de la traditionnelle catholicité –, est surtout visible au Brésil, mais elle s’étend de plus en plus en Amérique latine.
« Libérée, délivrée… » : sur une vidéo tournant en boucle sur les réseaux sociaux brésiliens, on voit une femme d’une cinquantaine d’années entonner la mélopée du dessin animé La Reine des Neiges, un des grands succès de Disney. Un sourire ironique précède l’explication : « Vous savez pourquoi à la fin elle se retrouve seule ? Parce qu’elle est lesbienne !!!! Si on continue comme ça, c’est elle qui va réveiller la Belle au Bois dormant avec un baiser gay ! Moi, je rêvais d’un prince charmant, aujourd’hui on apprend aux petites filles de trois ans à rêver d’une princesse ! »
La scène semble encore plus surréaliste quand on sait que l’auteur de la tirade, pasteure évangélique, est ministre des Droits de l’Homme, de la Famille et des Femmes au Brésil depuis janvier 2019. L’épisode fait rire, ou désole, mais récolte l’adhésion de millions de Brésiliens. Il illustre le poids des évangéliques dans la vie politique, sociale et culturelle du Brésil, et à quel point ils sont devenus l’un des symboles du conservatisme dans le pays…