Chapitre
« Crétin », « débile », « imbécile », « idiot », « dément », « hystérique », « pervers », ces noms d’oiseaux utilisés à tort et à travers appartenaient, au xixe siècle, au registre médical. Ils décrivaient des patients souffrant de symptômes très précisément décrits et répertoriés. Aujourd’hui, d’autres termes spécialisés se galvaudent en passant dans le domaine public : tel ministre bravant l’opinion publique est taxé d’« autiste », tel salarié tiraillé entre vies professionnelle et personnelle se décrit comme « schizo », celui qui prend la mouche se voit traiter de « parano ». Pour les personnes réellement concernées, la stigmatisation est une réalité : oser se déclarer dyslexique, par exemple, est humiliant, tandis que s’avouer schizophrène provoque le vide autour de soi.
C’est dire si les troubles mentaux s’avèrent aussi familiers que méconnus. Les spécialistes eux-mêmes, qu’ils soient psychiatres, psychologues ou psychanalystes, ne les abordent généralement qu’avec prudence, condamnés à remettre sans cesse en question leurs modèles explicatifs, leurs répertoires de diagnostics et leurs techniques de soin. Suivant l’époque, l’origine présumée du trouble et les théories en vigueur, on a pu en effet traiter la schizophrénie ou la dépression avec le déclenchement de convulsions par cure de Sakel (injections croissantes d’insuline), des électrochocs, des neuroleptiques, et/ou avec des thérapies psychodynamiques ou humanistes fondées sur l’usage de la parole. Avec, dans tous les cas, des résultats discutés… Par ailleurs, il n’est pas anodin de décréter un enfant hyperactif ou dépressif et de le placer sous psychotropes…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/08/2019
- https://doi.org/10.3917/sh.marmi.2016.01.0007
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