Chapitre
Divers courants de pensée s’affrontent dans l’arène publique pour savoir s’il faut considérer la prostitution comme une forme ultime des violences envers les femmes ou au contraire comme une modalité sublimée de la libération sexuelle. Selon les points de vue, la prostitution devrait ainsi être légalisée, réglementée, tolérée, interdite ou abolie. Elle fait l’objet d’un débat quant à sa dimension pénale.
Toutes ces controverses morales doivent être considérées comme autant de constructions du phénomène prostitutionnel, et l’analyse sociologique doit s’attacher à en rendre compte à travers ce qui le constitue comme tel. En effet, si dans le sens commun la prostitution se définit comme une transaction économique autour de relations sexuelles, Paola Tabet [2004] et Gail Pheterson [1986 et 1990] ont longuement insisté sur le processus d’étiquetage et de stigmatisation dont elle fait l’objet. Non seulement « il n’y a aucun critère universellement valable et universellement accepté pour la définition de putain » [Tabet, 2010], mais il existe également de nombreuses formes d’« échanges économicosexuels » qui ne sont pas socialement désignées comme relevant de la prostitution. Viviana Zelizer [2005] souligne ainsi la dimension économique du mariage, des fiançailles ou de la pratique du dating. En dénonçant la représentation dominante qui veut que sexualité et argent forment deux mondes séparés, elle défend la thèse selon laquelle les rapports intimes font toujours l’objet d’échanges économiques, qui prennent des formes variées…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/10/2014
- https://doi.org/10.3917/dec.marua.2013.01.0437
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