Chapitre
L’approche anthropologique domine la littérature sur la corrida, qu’elle provienne des aficionados, qui donnent leur représentation de la pratique en prétendant peindre ainsi « sa nature » intangible, ou qu’elle provienne des ethnologues et des sociologues, qui souvent rapportent ces discours sans faire leur archéologie, qui se contentent ainsi d’atteindre ce que la corrida représente pour les contemporains et qui confondent cela avec une définition. Tous négligent ce que la corrida est pour les bêtes, ne regardant ainsi que la moitié de la pratique, et tous oublient que les regards ont pu être différents autrefois.
Il est vrai que si l’histoire des gestes et des techniques a été maintes fois écrite, il n’en est rien de l’histoire des discours. Or, celle-ci révèle de fortes transformations, de vraies ruptures qui empêchent de croire en une définition anthropologique, intemporelle, de la corrida. Cette histoire montre aussi que la mort de l’animal est au cœur des évolutions, car les dits ou les non-dits à son propos rejaillissent directement sur la pratique taurine qui, à son tour, incite à modifier les discours dans un jeu continu d’interactions.
À partir de 1853, des impresarii espagnols obtinrent l’autorisation d’organiser des corridas près de Bayonne, malgré la loi Grammont interdisant les violences publiques envers les animaux domestiques (1850). Cela provoqua de vives oppositions des classes aisées, des bourgeoisies moyennes et nouvelles des villes, notamment représentées par la Société protectrice des animaux (créée en 1845 à l’initiative d’aristocrates, de médecins et d’agronomes), des évêques (Aire-sur-Adour en 1853, Nîmes en 1863 et 1885), des journalistes …
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2014
- https://doi.org/10.3917/quae.porch.2011.01.0216
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