Chapitre
Personne ne discute aujourd’hui le fait que la rhétorique ancienne constitue l’une des matrices principales de ce que nous appelons aujourd’hui littérature. Mais le processus de cette genèse, ou de cette déhiscence, est extrêmement difficile à cerner, en raison de la complexité de l’histoire de la rhétorique ancienne, d’une part, et du nombre de définitions différentes du « littéraire » qui ont cours aujourd’hui.
Si l’on veut dresser la liste des notions qui font se superposer au moins partiellement ces deux ensembles complexes, la fiction est a priori une bonne candidate, à condition de tenir compte soigneusement de la diversité des points de vue, afin de ne pas interpréter de la même façon des phénomènes identiques par la forme et pour une part de la visée, mais non pas complètement réductibles l’un à l’autre.
On peut prendre pour exemple la narration judiciaire, initialement soumise au triple requisit de concision, de clarté et de pithanon – à savoir la cohérence des faits et la présence de détails authentifiants, anticipant sur l’application du droit. Il y a là un rêve de factualité pure, qui laisserait au jury pour seule fonction l’application mécanique de la règle au cas objectivement instruit. C’est une tendance de la législation attique à l’époque classique que de proscrire toute médiation subjective dans la narration des faits et c’est le rêve qu’exprime le chapitre initial de la Rhétorique d’Aristote.
Mais, comme on le sait, dans la pratique et dès le deuxième chapitre du traité…
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Auteur
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[1]
Université Paris-Est, IUF.
- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/03/2015
- https://doi.org/10.3917/pica.brech.2013.01.0037
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