Chapitre
Lorsqu’il est question des cadres, on évoque souvent une banalisation de
la catégorie, une « grande rupture », voire la fin de cette « figure sociale ».
Ces idées complaisamment reprises des lieux communs médiatiques répètent des discours sur la « crise », la « déstabilisation » ou le « malaise », des
cadres aussi anciens que la catégorie de cadres elle-même. Nous ne comptons pas prouver une fois de plus combien ces discours manquent de fondement, mais montrer que non seulement la catégorie des cadres n’est pas en
train de disparaître ou de perdre toute spécificité, mais qu’elle tend, au
contraire, à s’étendre là où elle n’avait pas cours auparavant.
On constate, en effet, que le processus de catégorisation aboutissant à
ce que certains professionnels soient qualifiés de « cadres » s’est propagé
au cours de la période récente dans le travail social, dans l’enseignement,
dans les établissements de santé, bref, dans des métiers dont la raison
d’être, ou plutôt le « mandat » [Hughes, 1996], était resté à l’écart des
impératifs de productivité et de rentabilité habituellement inhérents à
l’activité des cadres d’entreprise. Les chefs de service éducatif et les
responsables d’établissement de l’éducation spécialisée, les responsables
de circonscription du travail social, les principaux de collège et les proviseurs de lycée, les infirmières-chef et les surveillantes des établissements
de santé, se voient ainsi rebaptisés et subsumés sous l’étiquette générale
de « cadres ». Nous nous appuierons ici sur les cas spécifiques des
« cadres » de l’éducation spécialisée et des « cadres » de santé, pour faire
ressortir combien ce processus est lié à l’influence de l’idéologie libérale
et à la diffusion de logiques de rationalisation managériale dans les administrations et les services publics…
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Auteurs
Cité par
- Mis en ligne sur Cairn.info le 25/11/2010
- https://doi.org/10.3917/dec.demaz.2010.01.0073
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