Chapitre
La sociologie des professions a d’abord privilégié l’étude de groupes prestigieux, élevés dans la hiérarchie sociale, aux compétences certifiées par des diplômes rares. De ce point de vue, la profession médicale a pu apparaître comme un prototype des professions ainsi définies, caractérisées par une grande autonomie. Cependant, à l’hôpital, dans la principale organisation où exercent les médecins en dehors de leur cabinet libéral, ceux-ci travaillent aux côtés de groupes de salariés aux caractéristiques tout autres. Quels modes de coopération éventuels se sont développés et quels sont les effets réciproques, pour chacun de ces groupes, de ce côtoiement ? Dans l’organisation hospitalière, telle qu’elle s’est développée dans les sociétés industrielles, s’est mise en place une division du travail réglée par la profession médicale, prenant la forme d’une hiérarchie de « paramédicaux », subordonnés aux médecins, exerçant sous leur contrôle [Freidson, 1984]. Ces groupes, et en particulier les infirmières qui en sont la figure emblématique, représentent aujourd’hui une part très importante du personnel des établissements de soins. Anselm Strauss [1963] a montré comment le caractère « professionnalisé » du milieu hospitalier, où interviennent des professionnels aux formations et aux objectifs divers, se trouvant à des étapes différentes de leurs carrières et inscrits dans des modes bien distincts d’investissement dans le métier, joue sur l’ordre qui s’y négocie ; mais aussi comment des profanes en matière de savoir médical, parmi lesquels les employés peu qualifiés comme les aides-soignantes, prennent leur part dans cette négociation autour du travail…
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Cité par
- Mis en ligne sur Cairn.info le 25/11/2010
- https://doi.org/10.3917/dec.demaz.2010.01.0051
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