Géographes, économistes, sociologues débattent depuis plus de quarante ans sur le rôle des services dans le développement des territoires. Activités tertiaires, puis services, puis services aux entreprises et enfin services avancés, les champs de recherche se sont peu à peu affinés pour tenter de comprendre le développement et la dynamique spatiale d’activités de plus en plus créatrices d’emplois. Il est acquis aujourd’hui que les services de haut niveau aux entreprises, les plus qualifiés et les plus innovants, constituent le pivot d’un système productif qui associe étroitement production matérielle et production immatérielle. Il est acquis également que le développement des entreprises, des villes et des régions, dépend de l’existence de sociétés de services performantes et vecteurs d’innovation. Or, la polarisation croissante du dynamisme économique, de la recherche, des pouvoirs se confirme dans les années 80, et les services aux entreprises participent de cette hyper-concentration des richesses et des hommes sur quelques espaces privilégiés. Ce schéma de développement différentiel des territoires laisse donc à l’écart les espaces périphériques, et notamment les espaces de tradition industrielle en déclin. Paradoxalement pourtant, la métropolisation des services aux entreprises se double d’une diffusion spatiale de ces activités au sein des hiérarchies urbaines. Comment expliquer alors que la croissance avérée des emplois et du nombre de sociétés de services aux entreprises dans l’ensemble des villes profite plus aux métropoles, avec le risque, à terme, d’une confiscation du développement économique par ces espaces urbains au détriment des régions non métropolitaines …