Chapitre
L’idée de cette communication remonte à une intense expérience esthétique qui a marqué le point de départ de mes recherches littéraires et musicologiques sur le mélodrame. À l’origine, il y eut ce choc que fut la découverte du Manfred de Robert Schumann, expérience bouleversante d’une musique inouïe, uniquement comparable aux Scènes de Faust composées à la même époque. J’ai ainsi découvert le mélodrame sous sa forme musicale achevée bien avant de lire le Pygmalion de Rousseau et sa théorisation. Cette écoute préalable du Manfred m’a permis de saisir rapidement les enjeux dramaturgiques et musicaux du texte de Rousseau, à savoir l’articulation entre théâtre, pantomime et musique orchestrale. En somme, j’ai lu le Pygmalion en complétant mentalement les pauses, les moments de pantomime très précisément indiqués, par la musique qui me venait spontanément à l’esprit, celle de Schumann. Ce choix ne me paraît pas anachronique, le sujet de la pièce étant atemporel : une musique tout aussi expressive et plus moderne (Bernd Alois Zimmermann, Iannis Xenakis, Luca Francesconi, Bruno Mantovani, pour citer quelques noms) pourrait à mon sens fort bien convenir à une représentation du Pygmalion.
Je voudrais prolonger cette lecture croisée du Pygmalion et du Manfred par un commentaire des deux partitions sur lesquelles texte et musique sont superposés, comme deux parties complémentaires. L’influence de Rousseau sur Schumann est musicalement négligeable et je ne détaillerai pas la chaîne de transmission littéraire, longue et complexe à établir, qui passe par Goethe, Richter ou encore Hoffmann…
Plan
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/02/2022
- https://doi.org/10.3917/arco.htold.2014.01.0163
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