CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1La thématique de l’agnotologie intéresse Philip Mirowski depuis plusieurs publications déjà [1]. Le chapitre final de Science-Mart, intitulé « The New production of Ignorance », l’évoquait très clairement, en lien avec les transformations de l’enseignement supérieur et de la recherche [2]. L’approche développée dans l’article en ouverture de ce dossier doit beaucoup à cette approche de la « privatisation de la science américaine ». Le livre mettait en scène un personnage central, « Viridiana Jones », qui servait de fil conducteur à une exploration des arcanes du monde de la recherche. Il ne s’agissait pas pour autant d’une fiction, puisque Mirowski énonçait très clairement son argument : « Un parti-pris fondamental de mon livre est que l’objectif majeur du programme néolibéral est de découpler totalement la plupart des fonctions de la recherche scientifique des fonctions éducatives auxquelles elles avaient été couplées pendant la plus grande part du vingtième siècle » [3]. En les découplant ainsi, l’université a perdu son monopole sur l’offre de connaissance comme bien public, devenant un simple acteur sur plusieurs marchés, où d’autres acteurs peuvent répondre en offrant de meilleurs prix, qu’il s’agisse de recherche sur financement privé ou de diplômes [4]. En ce sens, le livre était un examen détaillé des changements affectant l’université et que Mirowski rattachait au programme néolibéral : le reflux du financement public, l’accroissement des supports temporaires, la « dissolution » de l’auteur scientifique, le rétrécissement des agendas de recherche pour répondre aux besoins des acteurs commerciaux, un rôle accru du marché pour trancher les disputes intellectuelles, le renforcement de la propriété intellectuelle pour commercialiser la connaissance, freinant la production et la dissémination de la science. C’est en partant de cette analyse que Mirowski retrouvait les analyses du courant agnotologique, en s’attachant précisément à la production intentionnelle d’ignorance. Il s’agissait bien de dire que les problèmes évoqués n’étaient pas seulement émergents, mais pouvaient tous être rattachés à un « objectif » explicite. Dans Never let a Serious Crisis Go to Waste, Mirowski énonçait, en réfléchissant à l’apparente immunité du « collectif de pensée néolibérale » face à la critique, un diagnostic dans lequel il apparaissait que cette relative immunité était bien, elle aussi, le fruit d’une stratégie :

2

« Si nous définissons l’agnotologie comme l’analyse de la production intentionnelle et la promotion de l’ignorance, alors ce fut le quatrième Cavalier de l’Absolution de l’Apocalypse pour les économistes. […] L’agnotologie prend de nombreuses formes. L’une des principales techniques de l’agnotologie consiste à financer simultanément des recherches “légitimes” et illégitimes à partir de la même source de financement afin d’élargir la palette des explications, permettant de minimiser le sous-ensemble particulier des causes accablantes pour le client. On pourrait croire que ces interventions agnotologiques dans une discipline académique seraient accueillies comme une source d’ingérence indésirable ; par exemple, bien des climatologues pourraient vivement regretter d’avoir attiré l’attention du « collectif de pensée néolibérale ». Mais dans ce domaine, comme à bien d’autres égards, l’économie a fait figure d’exception, car on pourrait soutenir que le corps des économistes orthodoxes a en fait énormément profité de l’escalade dans la cacophonie, ce qui l’a rendu plus invulnérable encore à la colère d’une population désillusionnée. »[5]

3C’est ce fil qui est repris ici. L’ensemble de l’article vise cette fois une forme de déni, qui serait celui d’une partie des économistes comme des penseurs de « gauche ». Ce déni consisterait à ne pas prendre la mesure de l’étendue du travail de sape organisé par le « collectif de pensée » [6] néolibérale à l’égard de catégories centrales pour le marxisme, à commencer par celle de « travail », et l’analyse produite par Mirowski présente au moins quatre angles polémiques, qui mériteraient d’être examinés séparément dans un cadre plus vaste que la présente note.

  1. Mirowski connaît bien sûr les objections qui consistent à dire que le mouvement néolibéral est multiforme, si bien qu’il pourrait être illusoire de lui conférer plus d’unité qu’au « capitalisme » ou qu’à telle autre notion trop générale. Le nerf de l’article consiste justement à suspendre cette variété à une position épistémologique unique et cohérente : loin de consister uniquement en une réflexion sur le mode d’allocation des ressources, « l’unité du “collectif de pensée néolibérale” provient de ses convictions épistémologiques ». Ces convictions consisteraient, à rebours des convictions des Lumières, à tenir les masses pour profondément irrationnelles, et la rationalité de l’individu pour profondément imparfaite, en regard du Marché qui, lui, serait un « processeur d’information plus puissant et plus efficace que n’importe quel être humain ». Pourtant, l’ignorance (des masses comme des individus) ne serait pas un obstacle mais bien au contraire une condition du fonctionnement optimal du marché. Tel serait le ressort de la critique, de la part des néolibéraux, des institutions, étatiques et politiques, qui tentent d’imposer « une “rationalité” à un système de marché potentiellement irrationnel et destructeur », ce qui engage un procès de l’éducation et de la culture, qui étaient historiquement chargées d’accompagner le travail d’émancipation et de réflexion critique sur les finalités proposées par le politique [7].
  2. Le deuxième volet polémique de l’argument consiste à poser que le « postmodernisme », ou encore le constructivisme en termes de faits et de vérité, attribué un peu vite et souvent à tort aux seuls sociologues des sciences, est en fait une position endossée par les néolibéraux eux-mêmes, dès lors que « toute notion de “justification” basée sur la connaissance interne de l’agent est, sinon superflue, à tout le moins peu fiable » [8].
  3. Le troisième angle polémique consiste à dire que, dans sa pratique, le mouvement néolibéral a été plus ingénieux que la gauche pour transformer ses idées en praxis, avec une attention beaucoup plus grande aux Fondations, Think Tanks et autres organismes intermédiaires chargés d’influer sur l’application politique d’éléments de doctrine, alors que la gauche s’en serait davantage remise à l’« ordre spontané » dans le domaine des idées. Il y aurait là de la part des néolibéraux une forme de « double jeu », rattachée dans notre article à Strauss, pour ce qui est de sa théorisation : en surface une critique des positions qui organisent de l’extérieur un marché, en profondeur un intérêt à investir ces positions de pouvoir et de prescription.
  4. Enfin, l’article de Mirowski présente l’insigne intérêt de relier la dissolution de catégories centrales pour le marxisme, sous les critiques de la pensée néo-libérale, au développement des fake news et au mouvement pour la « science ouverte », les trois phénomènes relevant d’une même logique. C’est encore un angle polémique, car la rectification de « fausses nouvelles » et l’éloge de la science ouverte semblent être des piliers de la démocratie libérale actuelle, un peu vite rattachée au mouvement néo-libéral. Mirowski tente au contraire de montrer que ces deux processus, fake news et ouverture de la science, servent au contraire le programme néolibéral. C’est au niveau de cette articulation que se joue une grande partie de l’originalité de ce texte, mais, dans le format présent, je me limiterai à un aspect de l’argumentation : le lien qui est opéré avec l’agnotologie, notamment dans la section consacrée aux fake news. Il me semble que Mirowski donne ici une interprétation « forte » de ce mouvement d’idées agnotologique, interprétation qui mérite d’être analysée de manière critique.

4L’analyse que fait Mirowski des fake news interprète ces dernières conformément au premier présupposé : elles ne sont pas une perturbation locale, mais ont une profonde signification épistémologique, elles révèlent quelque chose qui n’a pas été vu par la gauche. La première réponse de cette dernière semble être d’avoir nié la nouveauté et la spécificité du phénomène. La deuxième réponse, plus structurée, est rattachée à Evgeny Morozov [9] et consiste à souligner l’aspect structurel du phénomène, lié à l’organisation économique des plateformes qui véhiculent de manière virale ces contenus. Mais Mirowski a une lecture plus forte de la situation : selon lui, à la différence de l’ancienne propagande, mais à la différence aussi de phénomènes émergents, « la confusion est devenue une stratégie politique » (je souligne). La nouveauté consisterait, dans le cadre des fake news, à renoncer à la manipulation médiatique directe et à amplifier la confusion et les contradictions récoltées via les réseaux sociaux, l’idée sous-jacente étant de couper court ainsi à toute forme de mobilisation durable. Gouverner par le bruit, en d’autres termes. Là encore, il ne s’agit pas seulement d’un phénomène émergent, mais bien d’un « objectif » : « (1) transformer la confusion permanente des masses en une source de profit, (2) rendre la population plus docile face à la prise de contrôle du gouvernement par les néolibéraux ».

5Pour le dire clairement, il nous semble que Mirowski étend la version intentionnelle et stratégique de l’agnotologie dans un domaine où les choses ne sont pas si nettes. Lui-même, reprenant par exemple dans Science-Mart une grille donnée par Proctor, relève que l’étude de l’ignorance peut s’intéresser à trois phénomènes au moins : la non-connaissance (sens 1), contexte permanent de l’activité scientifique, l’occultation de certains enjeux de recherche par des intérêts sociaux, des processus lourds et non forcément prémédités (sens 2), et enfin la production intentionnelle d’ignorance (sens 3). C’est cette dernière forme qui lui semble prégnante dans les phénomènes évoqués ici. De fait, lorsque Proctor a proposé, d’abord sous forme d’hypothèse, puis de programme de travail [10], de réunir les études portant sur l’ignorance sous la rubrique de l’« agnotologie », caractérisée comme « production culturelle de l’ignorance et son étude » [11], le succès immédiat de l’approche reposait sur plusieurs ambiguïtés. La première était solidaire de la volonté de trouver un régime commun pour les études qui ne se contentent pas d’étudier les principes, fondements et définitions de la connaissance, bref, l’épistémologie comprise en un sens large, ni les conditions de production des connaissances, mais aussi et surtout les causes de l’ignorance. La question « Pourquoi ne savons-nous pas ce que nous ne savons pas ? » fournissait une forme d’interrogation commune permettant de fédérer des interrogations très diverses. La deuxième ambiguïté, liée à la première, est que le terme de « production » lui-même se prête assez facilement à une double lecture, qui permet de faire rentrer dans la même rubrique deux sensibilités assez différentes [12]. Une chose peut être « produite », résulter d’actions intentionnelles, sans être elle-même visée : on peut par exemple estimer que la science « produit » de l’ignorance parce qu’un bon programme de recherche ouvre des questions fondamentales pour lesquelles il n’y a pas de réponse, et révèle donc des ignorances qui ne seraient pas apparues sans lui ; on peut aussi dire que si des pistes ne sont pas explorées, que ce soit en raison d’un manque de moyens, de personnel, ou encore parce qu’elles s’opposent à des préjugés puissants ou des « cultures épistémiques », on aura alors en fin de compte de la science qui n’aura pas été faite [13], et corrélativement une production d’ignorance. Une chose peut également être produite car visée intentionnellement, en faisant l’objet d’une stratégie plus ou moins explicite. À vrai dire, l’opposition entre ces deux inflexions de l’agnotologie, que les auteurs utilisent le terme ou qu’ils en adoptent un autre, fait aujourd’hui l’objet de vives controverses. Certains tenants du primat de la première compréhension estiment parfois que les historiens sensibles à la deuxième endossent une « logique conspirationniste » [14].

figure im1

6C’est à partir de cette indécision que se sont jouées beaucoup d’incompréhensions, et peut-être de confusions. Dans le premier cas, on veut dire qu’un individu ou un collectif pourrait, ou aurait pu, savoir X, et toute la question est alors de se prononcer sur le statut de cette possibilité, ainsi que sur les attentes éventuelles de cet individu ou de ce collectif. Dans le second cas, on veut dire qu’un agent, individuel ou collectif, désire qu’un autre agent, lui aussi individuel ou collectif, ne sache pas X, ce qui pose trois séries de questions :

  1. La question de l’objectivation de cette intention. Nous sommes parfois conduits à imputer à autrui une intention, même s’il ne la manifeste pas expressément, même si elle n’a aucune existence écrite ou verbale. Attribuer une intention à une personnalité morale, à un État ou à un groupe industriel, peut toujours être contré par l’objection selon laquelle les documents saisis, et qui formulent une telle intention, ne reflètent pas les intentions du groupe ou du collectif, mais sont le fait d’un franc-tireur ou de personnalités isolées.
  2. La question du succès de cette intention. Une chose est d’attribuer une intention, une autre d’imputer un changement d’aspect de notre situation à cette intention. Il faut pouvoir reconstituer une chaîne de causalité intentionnelle. Nous établissons sans cesse, au prix d’enquêtes parfois longues, des responsabilités. Il est significatif que les enquêtes faisant l’hypothèse d’une production intentionnelle d’ignorance, et qui engagent donc une forme d’enquête causale, relèvent de types d’histoire ou de sociologie massivement étayées par des archives ou des données de terrain, nécessaires pour l’administration de la preuve.
  3. La question de la motivation profonde : si l’on admet qu’il y ait des stratégies pour produire de l’ignorance, que cela change-t-il au fond qu’un individu ou un collectif ne sache pas quelque chose, qu’il pourrait pourtant savoir ou vouloir savoir ? Les tentatives délibérées de production d’ignorance sont paradoxalement un témoignage et une affirmation de la valeur de la connaissance. Elles présupposent que la possession d’une connaissance et la capacité à s’en servir changeraient l’issue des choses. Le caractère incontestable des effets prouvés du tabac n’a pas anéanti sa consommation, car cette dernière ne reposait pas que sur des facteurs cognitifs, l’addiction jouant un rôle primordial ici. Le consensus des climatologues sur les causes anthropiques du réchauffement climatique n’a pas conduit à cette réforme totale des politiques et des comportements qui devrait en être le corollaire. D’autres facteurs sont à prendre en considération, par exemple la manière dont un dispositif de prévention parvient à s’accommoder des savoirs « inconfortables » susceptibles de remettre en cause ses arrangements institutionnels ordinaires, comme l’ont montré François Dedieu et Jean-Noël Jouzel [15] au sujet de l’arsénite de soude.

7Admettons, ce qui sera peut-être discuté par les historiens de la discipline, que les quatre exemples donnés par Mirowski suffisent à constituer l’intention « agnotologique » du « collectif de pensée néolibérale ». C’était déjà l’esprit des analyses de la Société du Mont Pèlerin :

8

« Quiconque cherche à comprendre le triomphe des politiques et notions néolibérales à partir des années 1980 se tromperait bien en ignorant la contribution de la Société du Mont Pèlerin. Et, pour répondre à ce qui est devenu une objection ressassée : il ne s’agit pas de théories du complot. Toute doctrine économique qui a réussi est redevable sous une forme ou une autre de ce collectif institutionnel de pensée. Il faut juste savoir où regarder. » [16]

9Admettons également que la « confusion » puisse jouer le rôle qui est postulé par Mirowski dans la démobilisation des publics. Mirowski et Edward Nik-Khah [17] avaient produit une analyse semblable dans un article sur la crise de 2007-2008, pour décrire une des réalisations notables de la post-modernité, « la genèse et le développement d’intellectuels prêts à embrouiller l’esprit public » et, par conséquent, « à déjouer et à retarder la plupart des actions politiques, et donc à préserver le statu quo ante » [18]. Il faudrait encore montrer comment cette dynamique est convergente, ou non, avec les autres forces « anti-Lumières » qui sont légion. Montrer que la clause (3) est respectée engage un patient arbitrage entre des causes. Personne, malheureusement, n’a le monopole de l’obscurantisme.

10Le problème principal résiderait de toute façon dans le chaînon intermédiaire, la clause (2), qui suppose l’établissement d’une causalité intentionnelle. Dans les cas étudiés par Proctor, on peut décrire aussi bien l’emprise d’un secteur industriel sur un pan de la recherche que toutes les micro-actions, sur le terrain de l’expertise, de la pression sur les instances réglementaires, sur la production de science contraire ; la démonstration permet de montrer le poids du financement des cigarettiers sur la recherche médicale, sur le modèle économique des revues dépendantes de la publicité, on peut également identifier les cabinets d’avocats et de relations publiques qui ont tenté, très activement, de faire modifier les normes réglementaires, notamment en matière d’épidémiologie. Mais il s’agissait à chaque fois d’un secteur donné, d’acteurs identifiables, et l’établissement de la causalité intentionnelle reposait sur l’exploitation de milliers d’archives. Ces argumentations ne formulaient pas d’hypothèse stratégique sur un pan entier de la vie contemporaine, tel que l’économie de l’information ou encore la transformation en profondeur du monde de la recherche. Or, c’est ce qui semble pour l’instant manquer à la démonstration : même s’il écarte l’analyse de Morozov, c’est-à-dire l’idée que les fake news sont un « produit dérivé du capitalisme numérique », l’influence précise du « collectif de pensée néolibérale » sur les trois mutations qui sont repérées – la destruction de compétence des « rubricards », l’extraction prioritaire des fake news par les algorithmes, l’amplification de ces dernières par les « bots » – reste à déterminer dans le détail. Or, le constat est ici beaucoup plus modeste : « bien que les néolibéraux n’aient été en rien directement responsables de ces transformations structurelles majeures, leur approche de la connaissance a commencé à interagir avec les médias sociaux pour produire un nouveau meilleur des mondes plein de fake news » (je souligne). L’établissement d’une causalité intentionnelle exigerait une causalité beaucoup plus forte que cette « interaction », et la clause (2) n’est pas démontrée. Il n’est pas certain que les outils forgés par la littérature agnotologique puissent s’appliquer, sans une profonde modification, à des changements aussi globaux que l’économie de l’information et de la recherche, quel que soit l’intérêt de l’approche qui est proposée ici.

Notes

  • [1]
    Certaines de ces occurrences sont analysées dans Manuela Fernandez Pinto, « To Know or Better Not to : Agnotology and the Social Construction of Ignorance in Commercially Driven Research », Science & Technology Studies, vol. 30, no 2, 2017, p. 53-72.
  • [2]
    Philip Mirowski, Science-Mart : Privatizing American science, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2011, chap. 7. Voir la recension de Sheldon Krimsky, « A Neoliberal Economics of Science », American Scientist, vol. 99, no 4, 2011, p. 330-332.
  • [3]
    Science-Mart, op.cit., p. 37.
  • [4]
    Pour une « réduction » de l’argument, voir Rebecca Lave, Philip Mirowski et Samuel Randalls, « Introduction : STS and Neoliberal Science », Social Studies of Science, vol. 40, no 5, 2010, p. 659-675.
  • [5]
    Philip Mirowski, Never let a serious crisis go to waste : how neoliberalism survived the financial meltdown, Londres, Verso, 2014, p. 229.
  • [6]
    Cette notion évoque celle de « collectif de pensée » mobilisée notamment par Ludwig Fleck, in Genèse et développement d’un fait scientifique, trad. de Nathalie Jas, Paris, Flammarion, 2008.
  • [7]
    « Si vous croyez vraiment que le Marché est, intrinsèquement, un meilleur processeur d’information que tout être humain réel, et est au fond plus malin que n’importe quelle grosse tête (ce qui est la raison pour laquelle les néolibéraux se gaussent tant des intellectuels), alors il s’ensuit de manière assez directe que vous vous opposerez à la totalité de l’infrastructure de recherche scientifique organisée par l’État et héritée de la Guerre froide. » In. : Philip Pilkington, « From Episteme to Institution : An Interview with Philip Mirowski », Filosofía de la Economía, vol. 1, no 2, 2013, p. 356.
  • [8]
    De manière analogue, le mouvement de défense de ladite « Sound Science », qui faisait de l’environnementalisme en général une vision politisée de la science. Voir Mathias Girel, « De l’usage des notions : à propos de la “Bonne Science” », L’archicube, vol. 19, 2015, p. 87-94.
  • [9]
    De ce dernier et sur ce thème, voir par exemple Evgeny Morozov, « Moral Panic over Fake News hides the Real Enemy – the Digital Giants », The Guardian, 8 janvier 2017.
  • [10]
    Robert N. Proctor et Londa Schiebinger (eds.), Agnotology : the making and unmaking of ignorance, Stanford, Stanford University Press, 2008.
  • [11]
    Voir également l’ouvrage de 1995 où l’idée, sinon le mot, apparaît déjà : Robert Proctor, Cancer wars : how politics shapes what we know and don’t know about cancer, New York, Basic Books, 1995.
  • [12]
    Je développe davantage ces points dans Mathias Girel, Science et Territoires de l’ignorance, Paris, Quae, 2017, en particulier la section 2.1 pour les trois questions suivantes.
  • [13]
    Voir par exemple Scott Frickel, Sahra Gibbon, Jeff Howard, Jeff Howard, Joanna Kempner, Gwen Ottinger et David J. Hess, « Undone Science : Charting Social Movement and Civil Society Challenges to Research Agenda Setting », Science, Technology, & Human Values, vol. 35, no 4, 2010, p. 444-473.
  • [14]
    Scott Frickel et Michelle Edwards, « Untangling ignorance in environmental risk assessment », in Nathalie Jas et Soraya Boudia (eds.), Powerless Science ? Science and Politics in a Toxic World, Oxford, Berghahn Books, 2014, vol. 2, p. 216.
  • [15]
    François Dedieu et Jean-Noël Jouzel, « Comment ignorer ce que l’on sait ? La domestication des savoirs inconfortables sur les intoxications des agriculteurs par les pesticides », Revue française de sociologie, vol. 56, no 1, 2015, p. 105-133.
  • [16]
    Philip Pilkington, « From Episteme to Institution », art. cit., p. 356. Voir Philip Mirowski et Dieter Plehwe, The Road from Mont Pèlerin : The Making of the Neoliberal Thought Collective, With a New Preface, Cambridge (Mass), Cambridge University Press, 2016.
  • [17]
    Philip Mirowski et Edward Nik-Khah, « Private Intellectuals and Public Perplexity : The Economics Profession and the Economic Crisis », History of Political Economy, vol. 45, suppl. 1, 2013, p. 279-311.
  • [18]
    Ibid., p. 282.s
Mathias Girel
Centre Cavaillès, République des Savoirs, CNRS-ENS-Collège de France, PSL Research University
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 13/02/2018
https://doi.org/10.3917/zil.003.0197
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