CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Qui songe encore à ce qu’a pu représenter la construction en un temps record d’une nouvelle capitale, à mille kilomètres de la mer, au cœur d’un plateau central où la densité ne dépassait guère, dans les années 1950, un habitant au kilomètre carré ? Si Brasília était à la mesure des ambitions de l’État et de l’économie brésilienne, elle était aussi conçue comme un foyer de développement et de modernisation, propre à relancer le processus d’intégration nationale. Qu’en est-il aujourd’hui, après plus de quarante ans ? Hervé Théry montre que la croissance urbaine accélérée a fait resurgir des problèmes sociaux et politiques qui obligent à chercher des solutions ailleurs que dans l’utopie fondatrice.

2 Le cas de Brasília a-t-il sa place dans ce dossier [1] ? À première vue, non, tant cette ville est à part, par son histoire et son fonctionnement : construite entre 1957 et 1960 dans les savanes quasi désertes du centre du Brésil, pour être sa nouvelle capitale, elle est non seulement plus jeune que la plupart des autres grandes villes mondiales, mais aussi différente en ce qu’elle a été entièrement planifiée. Pour ses concepteurs, Brasília devait être exemplaire à tous les points de vue, ils voulaient en faire une ville au fonctionnement parfaitement logique et fluide et un modèle de fraternité entre ses habitants, riches et pauvres. Brasília n’a en outre quasiment pas de fonction économique, ne cherche pas à attirer les investissements et semble peu concernée par la mondialisation des échanges. Mais elle a pourtant quelques traits communs avec les autres villes de ce dossier, des similitudes d’autant plus remarquables qu’elle paraissait a priori si loin d’elles : elle aussi a changé d’échelle, faisant désormais partie d’un ensemble plus vaste que la seule ville originellement planifiée, et la question du politique, bien que le District fédéral ne constitue qu’une seule unité administrative, s’y pose avec une particulière acuité.

3 Quarante ans après sa fondation, la ville compte aujourd’hui plus de deux millions d’habitants. Brasília est bien la capitale du pays – ou du moins une de ses capitales – mais son rôle dans le Brésil actuel est ambigu : sans poids économique déterminant, handicapée par l’absence d’une région densément peuplée autour d’elle, la capitale fédérale peut-elle rivaliser avec les grandes métropoles du Sudeste ?

4 Par ailleurs, n’assiste-t-on pas à une certaine banalisation de la ville rêvée par ses créateurs, précisément parce que la ville qu’ils ont conçue n’est plus désormais qu’une (petite) partie d’une métropole ? Brasília ne se résume plus aujourd’hui au « Plan pilote », elle est entourée d’une vingtaine de « villes-satellites » qui ont grandi plus vite qu’elle et dans cet ensemble composite apparaissent des clivages et des évolutions contrastées, qui ne sont pas sans rappeler celles que connaissent d’autres métropoles mondiales.

? Une capitale

5 Brasília a été conçue pour être la capitale du Brésil et à ce titre elle s’inscrit avant tout dans le cadre national bien plus que dans les flux mondiaux. Capitale, elle l’est à bien des égards, notamment par son niveau d’équipement et le niveau de vie de ses habitants. Mais on peut se demander si elle l’est tout à fait, tant elle paraît occuper une position à part (on n’ose dire excentrée, puisqu’elle a été précisément installée au centre du pays) par rapport au centre de gravité du Brésil et aux flux économiques dans lesquels il est inséré.

6 Sa situation en termes d’équipement des ménages, d’indicateurs sociaux et de niveau de formation est excellente. L’indice de développement humain [2] y était en 1991 de 0,806 contre 0,804 à São Paulo et 0,808 à Rio de Janeiro. Ses indices de niveau de vie sont parmi les plus élevés du Brésil : le revenu mensuel moyen y était en 1991 de 2,67 salaires minimum par tête, contre 2,17 à São Paulo et 1,77 à Rio [3]. Et si l’on se fonde sur la durée des études, Brasília se situe dans le peloton de tête des villes brésiliennes. Bien que cette donnée porte sur tout le District fédéral, y compris les villes-satellites les plus pauvres, le niveau de formation des habitants de Brasília n’a d’équivalent que dans les grandes capitales du Sudeste et du Sud (et dans quelques villes universitaires de l’intérieur de l’État de São Paulo), bien loin des scores désastreux du Nordeste et de l’Amazonie.

7 Le niveau d’équipement des ménages en matière de téléphones, de voitures et de télévisions montre que Brasília fait partie – à l’intérieur de l’ensemble Sud-Sudeste, globalement mieux équipé que le Nordeste et le Nord – d’un axe privilégié qui part de Santos et passe par São Paulo et le Minas Gerais, et en constitue la pointe avancée vers le Nord-Ouest. On n’est pas surpris de retrouver, soulignés et confirmés par ces indicateurs de niveau de vie, le principal axe de développement du Brésil.

8 Si Brasília rivalise donc avec les autres grandes villes brésiliennes pour ce qui est des indicateurs sociaux, sur le plan économique elle est en revanche loin derrière elles : ses concepteurs ont choisi d’en faire une ville politique et administrative, sans activités productives. Les autorités qui dirigent Brasília n’ont donc pas les soucis de la plupart de leurs homologues des grandes métropoles mondiales, nul besoin de définir une stratégie visant à attirer les capitaux, ni de faire valoir les atouts de la ville, si ce n’est pour attirer des entreprises de services tournées vers les besoins de la population locale. C’est par exemple le cas de Carrefour, qui a installé deux centres commerciaux, l’un au Nord et l’autre au Sud de la ville.

9 La plupart des grands indices économiques montrent donc la faiblesse du rôle du District fédéral dans l’économie du pays. Le produit intérieur brut du District fédéral représentait ainsi 2,8 % du PIB brésilien en 1998, à comparer avec les 35 % de l’État de São Paulo. La quantité d’entreprises implantées montre la même faiblesse. Brasília ne totalisait en effet en 2000 que 1,54 % des entreprises, contre 11,8 % pour le Minas Gerais et 29,6 % pour l’État de São Paulo [4]. Rapporté à la population, le classement est meilleur, mais le District fédéral ne possède pour autant qu’une entreprise pour 140 habitants, contre une pour 112 à São Paulo et une pour 83 dans le Rio Grande do Sul.

10 Capitale planifiée pour être une vitrine du modèle social brésilien, Brasília a été créée à dessein sans activité industrielle, pour éviter les troubles inhérents à la présence d’usines polluantes et d’une classe ouvrière. Cette spécificité demeure : la capitale ne possède que 0,7 % des entreprises industrielles du pays (une entreprise pour 1 016 personnes) contre 36 % pour l’État de São Paulo (une entreprise pour 389 personnes) [5].

11 Les statistiques sur les transferts financiers entre les différents États de la Fédération et le gouvernement fédéral montrent clairement que Brasília est encore principalement entretenue par le budget fédéral, bien qu’elle doive en principe, depuis qu’elle a conquis son autonomie politique, trouver d’autres sources de revenus. Ainsi, si le PIB était de 17,6 milliards de reais en 1995, les dépenses du Trésor fédéral pour le District fédéral atteignaient 9,9 milliards de reais la même année, soit 56 % du PIB [6].

12 C’est que la population active du District fédéral est formée en grande partie de fonctionnaires fédéraux, dont les salaires sont la base de toute une économie de services. S’y ajoutent un grand nombre de personnes qui viennent tenter de jouer de leur influence au plus près du gouvernement et du Congrès. Cette population de lobbyistes jouit de très hauts revenus et « tire » les indices moyens vers le haut.

13 Mais cette capitale, qui devait être une vitrine, victime de son succès, ressemble de plus en plus à un reflet de la situation sociale du Brésil. De nouveaux courants migratoires modifient ainsi la physionomie de la ville en attirant sur place une population importante de pauvres gens qui ne trouvent pas à s’y employer, puisque la ville est dépourvue de véritable fonction industrielle ou commerciale et que le nombre de fonctionnaires n’y augmente pas. Le taux de chômage du District fédéral était ainsi de 20 % en 1999 [7], ce qui laisse imaginer les difficultés auxquelles sont actuellement confrontées les autorités locales.

14 Brasília est par définition le lieu des pouvoirs. Mais aujourd’hui, contrairement à ce qui se passait sous le régime militaire, de 1964 à 1985, elle n’est plus un poste de commandement centralisé ayant autorité sur l’ensemble du pays. En effet, le Brésil est une fédération composée de 27 États, qui ont repris de l’importance. Brasília est certes le centre du pouvoir fédéral, et prime donc pour toutes les décisions concernant l’ensemble du territoire brésilien, mais ce n’est plus la seule capitale, même sur le plan politique.

15 Son rôle est donc étroitement associé au débat sur les évolutions du fédéralisme brésilien engagé depuis la préparation de la constitution de 1988. Et l’image de Brasília dans ce débat est marquée par le souvenir des années du régime militaire, qui a donné à la capitale une réputation de ville fermée, lieu de la concentration des pouvoirs, attirant les responsables politiques locaux à la recherche d’autorisations et de financements. L’image a été si négative que lorsque la nouvelle constitution fut débattue, États et communes cherchèrent à limiter au maximum la centralisation et à se ré-attribuer des pouvoirs jusque-là conférés au gouvernement fédéral.

16 Pourtant, parmi les nouvelles fonctions que la capitale a acquises avec le retour de la démocratie, on doit souligner l’utilisation de la ville pour des manifestations publiques. Brasília est aujourd’hui reconnue comme « capitale de la citoyenneté », selon l’expression de l’ancien gouverneur du District fédéral Cristovam Buarque. En 1982, lors du mouvement des diretas já (qui réclamait le rétablissement des élections présidentielles au suffrage universel), on avait interdit aux citoyens des autres États d’entrer dans la ville. Aujourd’hui, elle voit converger des marches de « sans terres » ou les tracteurs de gros producteurs ruraux, et la capitale est devenue le cadre idéal pour des manifestations de protestation d’ampleur nationale. Et tout donne à penser que sous la présidence de Luis Inacio « Lula » da Silva, élu le 27 octobre 2002, ce rôle s’amplifiera. Mais ce n’est pas uniquement dans ces manifestations que Brasília a retrouvé son voisinage, c’est aussi dans ses relations quotidiennes.

? Un changement d’échelle

17 De fait la ville, comme beaucoup d’autres dans le monde, est en train de changer d’échelle. Bien qu’elle ne constitue juridiquement qu’une seule unité administrative, n’appartenant en outre à aucun État (c’est un District fédéral comme aux États-Unis), elle est en fait à la fois formée de « régions administratives », qui ont tous les caractères de municipalités, et incluse dans des espaces plus vastes, où se joue en grande partie son destin de métropole. Ses espaces fonctionnels réels sont l’entorno (littéralement les « alentours », plus vague que la RIDE) et sa zone d’attraction, cette dernière n’étant pas à la mesure d’une capitale.

18 Depuis 1998, Brasília fait officiellement partie de la Região Integrada de Desenvolvimento do Distrito Federal[8], créée pour « articuler l’action administrative de l’Union, des États de Goiás et Minas Gerais et du Distrito Federal ». Le texte fondateur précise que « cette région est formée par les communes limitrophes situées dans l’entorno du Distrito Federal ». De fait, les analyses de la croissance de la population dans les municipes de la périphérie du District fédéral montrent clairement l’existence d’une couronne, incomplète et peu profonde, autour de Brasília. Cet entorno est totalement sous le contrôle des dynamiques de la capitale fédérale, et il devient de plus en plus l’exutoire des courants migratoires qui mènent vers le District fédéral une population provenant en majorité du Goiás voisin, mais aussi de tout le pays. De nombreuses petites villes y sont en formation, comme Santo Antonio do Descoberto ou Valparaiso, qui se construisent le long des voies de communication, ce qui explique le caractère discontinu de cette périphérie, calquée sur la géométrie du réseau de transport.

19 Ces villes de la périphérie sont développées essentiellement par des initiatives privées, bien que fortement encouragées par le gouvernement du District fédéral, soulagé de pouvoir repousser hors de ses limites certains types de populations, et par les élus de ces communes, heureux de voir s’accroître rapidement le nombre de leurs habitants. Elles grandissent donc sans aucune des contraintes réglementaires ou environnementales que l’on peut trouver à l’intérieur du District fédéral. Les sociétés immobilières y achètent des surfaces importantes, qu’elles lotissent ensuite. La loi les oblige à proposer au minimum deux équipements de base parmi les cinq considérés comme nécessaire : rues et trottoirs, électrification, eau courante, égouts ou téléphone. Bien entendu, les équipements les plus onéreux à mettre en place, comme les égouts, sont peu souvent choisis, et la plupart des lots proposent uniquement rues et électricité. On trouve ainsi des lots de terre à des prix très bas : en 2000 on pouvait devenir propriétaire d’un lot pour 90 reais (environ 45 dollars) par mois, sur 5 ans, la construction d’une maison en dur par un maçon local revenant à 15 000 reais (environ 7 500 dollars) pour un modèle standard. Au-delà des prix, c’est surtout l’abondance des terrains disponibles qui rend cette périphérie attrayante pour les nouveaux occupants, malgré les très longs trajets en bus qu’ils doivent faire pour se rendre à leur travail.

20 Le développement rapide de cette banlieue ou périphérie du District fédéral est donc paradoxal, puisqu’il se produit alors que l’espace disponible dans le District fédéral est encore très important et que le tissu urbain y est discontinu. Il est le reflet direct de la volonté du gouvernement de conserver à Brasília un aspect de vitrine, reléguant au loin les nuisances urbaines. La région de l’entorno, si l’on met à part les municipes des villes périphériques évoquées plus haut, ne montre pas d’organisation régionale claire. Sa partie orientale est peu active, il s’agit d’un espace rural assez banal, alors que l’Ouest est plus contrasté, car il est proche de Goiânia, capitale de l’État du Goiás. Ainsi, s’il existe une région métropolitaine de Brasília, celle-ci est de taille très réduite, puisqu’elle butte rapidement à l’Est sur des espaces vides et à l’Ouest sur la zone d’influence de Goiânia.

21 Pour mesurer le rayonnement des villes brésiliennes, l’IBGE (Institut brésilien de géographie et statistiques) a réalisé en 1993 une enquête sur leur aire d’attraction, l’enquête Regic (Região de Influência das Cidades). Fondées sur des batteries d’indicateurs (commandement administratif, aire d’attraction des services éducatifs et de santé, aire de chalandise, etc.) les enquêtes ont permis de classer les villes en huit niveaux d’attraction [9].

22 Parmi les villes du niveau 1 (niveau de « centralité maximale »), l’aire d’attraction de São Paulo englobe désormais une grande partie du Centre-Ouest et de l’Amazonie. Aucune autre ville ne peut rivaliser avec une métropole qui est manifestement la capitale économique du pays. Les autres villes de cette catégorie sont, sans surprise, les communes-centres des autres régions métropolitaines, sauf Belém, la plus petite d’entre elles et on notera la place que tient Goiânia, qui rayonne largement sur le reste du Centre-Ouest et même sur quelques portions de l’Amazonie (Sud du Pará) et du Nordeste (Maranhão).

23 Au total Brasília draine une aire bien moins importante que celle de Goiânia, et elle est en outre concurrencée par Belo Horizonte au Sud-Est. Elle ne figure que dans la deuxième catégorie (« centralisé très forte »), et est décidément plus capitale fédérale que métropole régionale. Elle a bien du mal à trouver son espace propre, sauf à l’Ouest de l’État de Bahia, dans la région de l’Alem São Francisco, récemment conquis par la culture du soja, et jusque-là très peu polarisée.

? Un territoire fragmenté

24 Si la ville a conquis un – modeste – rayonnement régional, c’est au prix d’une perte de son originalité, un phénomène qui se retrouve à l’échelle intra-métropolitaine. La métropole en voie de formation, contrairement à la ville planifiée qui a été son point de départ, est en effet désormais un territoire fragmenté, pas encore en termes administratifs mais en termes d’opposition de plus en plus forte entre quartiers riches et quartiers pauvres (cf. illustration 1).

Illustration 1

Évolution de la population du Distrito federal par région administrative de 1960 à 2000

Illustration 1

Évolution de la population du Distrito federal par région administrative de 1960 à 2000

25 Rien ne reflète mieux les mutations qu’a connues Brasília que la transformation physique de son bâti, notamment la création et l’expansion de villes-satellites, dont la population dépasse désormais de loin celle du Plan pilote. Alors que le plan initial visait à faire cohabiter riches et pauvres dans un ensemble harmonieux et planifié, la réalité d’aujourd’hui révèle une différenciation accentuée entre quartiers riches et quartiers pauvres, qui ont chacun leurs modes de fonctionnement et d’évolution.

26 Pour Lucio Costa, les villes-satellites devaient être planifiées rationnellement, bien définies sur le plan architectural, et se développer à partir du moment où le Plan Pilote dépasserait la limite des 500 000 à 700 000 habitants prévus. Il n’avait pas imaginé que le développement de la ville s’accélérerait à cause d’une dynamique migratoire qu’il décrivit ainsi par la suite : « Un tiers de la population devait partir, un autre tiers devait être absorbé par l’activité locale et le tiers restant devait être absorbé par les activités agricoles. […] Mais une inversion s’est produite, la population qui a afflué ici refusa de partir, elle s’éparpilla et força l’inversion de l’ordre naturel de la planification, qui voulait que les villes-satellites viennent après l’achèvement de la ville [10]. »

27 L’intensité des phénomènes migratoires échappa donc à tout contrôle. En 1960, les concepteurs de Brasília avaient fait surgir de terre une ville entièrement équipée, restait à savoir si les habitants viendraient. On attendait principalement des fonctionnaires du gouvernement fédéral, venant de Rio de Janeiro ou tout au moins des régions du Sudeste. Or le remplissage du Plan pilote et l’apparition des villes-satellites ne suivirent pas ce schéma de développement. Une grande partie des ouvriers qui avaient participé à la construction de la ville décida de rester sur place et transforma des campements provisoires en villes, comme Nucleo Bandeirante, Vila Planalto ou Vila Paranóa (qui fut ensuite déplacée, mais seulement 25 ans plus tard). Représentant à peu près un total de 70 000 personnes, ces ouvriers et leurs familles étaient en grande majorité originaires du Nordeste. Ils peuvent pourtant être considérés comme les premiers habitants de la capitale et leur surnom de Candangos devint peu à peu celui de l’ensemble de la population du District fédéral.

28 La croissance de la population du District fédéral entre 1960 et 2000 a ensuite suivi la même logique différenciée. Dans l’ensemble, on a constaté une croissance forte, mais dont la pente a diminué au fur et à mesure de l’augmentation de la population : de 14,8 % de croissance annuelle en 1960, alors que la ville comptait moins de 150 000 habitants, on est passé à 2,8 % au début des années 1980, alors que la ville venait de dépasser le million d’habitants.

29 La zone du Plan pilote s’est remplie petit à petit, passant de 68 000 habitants en 1960 à un peu moins de 200 000 en 2000. Les deux extensions du Lac Nord et du Lac Sud et le quartier de Cruzeiro ont été détachés administrativement du Plan pilote au milieu des années 1980, expliquant la baisse de population dans la région administrative « Brasília ».

30 Néanmoins, même en additionnant la population de ces extensions, le cœur de la ville ne dépasse guère aujourd’hui 300 000 habitants et sa croissance reste moindre que celle des autres parties du District fédéral, certaines zones comme le Lac Sud enregistrant même une légère décroissance de population depuis 1991. Les contraintes urbanistiques du centre (renforcées depuis son inscription au « Patrimoine de l’Humanité » par l’Unesco), expliquent en partie cette stabilisation du centre ville. Le coût de la construction y est important et la densité de logement autorisée assez basse puisque les immeubles ne peuvent dépasser six étages. Il est à cet égard symptomatique que la demande de création d’une nouvelle zone de construction dans le Plan pilote soit accompagnée de demandes de révisions de ces normes, en particulier pour pouvoir augmenter la hauteur des constructions.

31 Les villes-satellites se sont donc multipliées plus rapidement que ne l’avaient prévu les concepteurs du Plan pilote. Leurs origines sont diverses : certaines ont été créées pour loger les ouvriers des chantiers demeurés sur place, comme Cidade Livre, le premier campement de Brasília, légalisée en 1961 sous le nom de Nucleo Bandeirante. D’autres de ces villes ont été créées par la suite pour résoudre le problème des « invasions ». En effet, le succès de la ville a attiré une population importante – et pauvre – dans le District fédéral. Ne pouvant prétendre à des logements normaux, ces migrants ont, comme dans toutes les situations comparables été ici dénommés invasões. Le rôle de vitrine assigné à Brasília ne permettant pas au gouvernement du District fédéral de tolérer ces poches de pauvreté, plusieurs opérations de déplacement vers des lotissements planifiés ont été réalisées. Ces déplacements ont pu être massifs : plus de 80 000 personnes ont été réinstallées en huit mois à Ceilândia (dont le nom dérive de la CEI, Companhia de eradicação das Invasões).

32 Ces rejetons périphériques du Plan pilote ont connu, et connaissent encore pour certains, une croissance explosive. Ainsi, de 1960 à 1980, alors que la population du Plan pilote était multipliée par quatre, celle de Taguatinga l’était par huit. On a donc dû créer de nouvelles unités administratives, en particulier dans la zone sud-est : Gama, puis Ceilandia, Samambaia, Santa Maria et Recanto das Emas (marquées de ce fait par des cercles plus sombres sur la carte 1). Les taux de croissance de ces villes-satellites sont extrêmement importants au début de leur existence, par exemple 87 % de croissance moyenne annuelle pour Recanto das Emas entre 1991 et 1996. Lorsque le tissu urbain se consolide, l’afflux de population se réduit, et l’on observe une certaine normalisation de la ville et à un début de « gentryfication » des zones les mieux équipées, accompagnées de hausses de loyer et d’une modification de la composition sociale.

? Et demain ?

33 Le District fédéral a atteint deux millions d’habitants en 2000, pour une superficie bâtie de 98 000 hectares, soit le double de celle de 1990. Cette croissance semble devoir se poursuivre (cf. illustration 2), surtout si le gouvernement local poursuit sa politique de lotissements périphériques. Nombreux sont ceux qui critiquent la croissance induite par les distributions de terre du début des années 1990, l’associant à la montée de phénomènes de violence urbaine, déjà connus dans les grandes villes du Brésil, mais encore marginaux dans la capitale. Ce discours, qui n’hésite pas à parler de l’« invasion » du District fédéral, pose la question de son évolution future. On peut à cet égard envisager plusieurs scénarios.

Illustration 2

Modèle d’évolution de la métropole brasiliense

Illustration 2

Modèle d’évolution de la métropole brasiliense

34 Le premier, prenant acte de la croissance urbaine récente, envisage la création d’une véritable métropole autour du Plan pilote. L’attraction exercée par le District fédéral, en particulier du fait de son niveau de vie moyen plus élevé que dans le reste du Brésil, est indéniable. La naissance, à l’intérieur et à la périphérie du District, de nouvelles villes aux très forts taux de croissance montre bien que la pression migratoire est toujours forte aujourd’hui et qu’il existe probablement encore un fort potentiel de croissance. La question de la terre, cruciale ici comme ailleurs, renforce probablement cet afflux. Les distributions de lots effectuées par un gouverneur du début des années 1990, et d’une manière générale la faible densité humaine dans les savanes qui entourent Brasília, laissent penser aux candidats à l’immigration que, dans cette zone, ils ont de grandes chances de devenir propriétaire d’un terrain. Or on sait que cette motivation, même si elle ne s’accompagne pas de possibilités d’emploi, est un facteur majeur de mobilité pour une partie importante de la population du Brésil.

35 Mais ce flux de pauvres gens n’est pas le seul. Si Brasília reste un centre important d’attraction migratoire tout en se maintenant en tête des classements brésiliens pour la richesse et les indicateurs sociaux, c’est sans aucun doute parce qu’elle attire encore, en tant que capitale, des migrants de haut niveau de qualification et de revenu. Ils sont peu nombreux, mais assez pour contrebalancer en partie l’effet de l’arrivée massive de pauvres gens attirés par ces mirages. La différence entre les migrants qui viennent à Brasília occuper un emploi gouvernemental bien payé (ou faire du lobbying plus rémunérateur encore), et ceux qui viennent essayer de s’intégrer dans une grande ville moins saturée que São Paulo ou Rio de Janeiro, apparaît bien si l’on compare les origines de ceux qui affluent vers Brasília proprement dite et de ceux qui vont vers Santo Antonio do Descoberto, une des extensions récentes – et très pauvres – hors du District fédéral. La part de ceux qui vont vers le centre l’emporte dans les États les plus riches du pays, São Paulo, Rio de Janeiro, Minas Gerais, Rio Grande do Sul, suivi de plus loin par les autres États du Sud et du Centre-Ouest. En revanche, la part de ceux qui s’installent à Santo Antonio do Descoberto est plus élevée dans les États les plus pauvres du pays, Piauí, Maranhão, Bahia, ainsi que dans le Goiás, dont fait partie Santo Antonio do Descoberto.

36 On est donc manifestement en présence de deux populations bien distinctes, dont les motivations, les revenus et les niveaux de relation sont bien différents, et dont les conditions de vie sur place ne sont évidemment pas les mêmes. Ne s’installent à Santo Antonio do Descoberto, ou à Aguas Lindas, qui en a été récemment détachée, que ceux qui ne peuvent accéder aux logements du District fédéral et doivent se contenter d’un lot sans aucune infrastructure à 40 kilomètres du centre.

37 Ce scénario doit cependant être relativisé au vu de certaines autres données. Tout d’abord, même si les mouvements de population internes au Brésil sont encore forts, la fin de la haute croissance démographique et les premiers effets de la transition démographique, en particulier le vieillissement sensible de la population, permettent de penser que le potentiel migratoire devrait prochainement décroître. Par ailleurs, Brasília n’est pas la seule région attractive pour les migrants. Les frontières agricoles du Mato Grosso et du Sud de l’Amazonie attirent elles aussi leur lot de migrants. Enfin, on note que le comportement démographique des habitants du District fédéral se modifie très rapidement, et que le modèle de la famille réduite, déjà bien implanté au Brésil, s’y généralise. La croissance démographique naturelle de la capitale devrait donc être réduite dans les prochaines années, contribuant ainsi à la stabilisation de la taille de la population du District fédéral.

38 Un autre scénario peut donc être envisagé, celui de la « banalisation » de la capitale, moins pionnière et moins exemplaire. Elle a réussi pendant un peu moins de quarante ans à échapper aux problèmes qui affectaient nombre de grandes villes brésiliennes, comme la violence urbaine, la pollution des eaux ou la congestion automobile. Le mythe d’une capitale-vitrine parfaitement « propre » et parfaitement paisible est en train de s’estomper. La congestion automobile a été plus lente à se faire sentir dans la mesure où la ville a été bâtie pour l’automobile, mais les axes de circulation, pourtant largement dimensionnés, ne suffisent plus à assurer aussi bien que naguère l’écoulement des voitures entrant dans le centre le matin et le quittant le soir. La construction d’un métro, qui n’était pas prévue à l’origine, est révélatrice de ces difficultés.

39 Brasília est donc bien la capitale du Brésil, même si elle n’est pas la seule. Les buts définis par les projets officiels ont été atteints à plus d’un titre. F. Ruellan résumait bien, dès 1948, l’alternative entre deux fonctions possibles, qui conditionnaient le choix du site : « Enfin il convient de définir ce que l’on attend de la nouvelle capitale. Doit-elle être exclusivement un centre politique et administratif, jouissant de toutes les commodités possibles pour elle-même et dans son voisinage, placée dans une zone déjà très peuplée ? Dans ce cas c’est au Sud du plateau central que l’on trouvera les meilleurs sites. Au contraire si la capitale doit être en plus un ferment, un centre de colonisation et d’irradiation vers le grand sertão, ou intérieur, du Nord et de l’Ouest, il faut la placer comme le sont les grandes cités, Pékin par exemple, capitale politique en même temps que grand port terrestre et point de départ des caravanes vers la Mongolie et la Mandchourie. Belo Horizonte a joué ce rôle de ferment pour le sertão du São Francisco, Goiânia le joue en ce moment de la façon la plus heureuse pour ses environs et plus au Nord [11]. »

40 On peut constater aujourd’hui que Brasília a rempli ces deux fonctions à la fois : elle est bien « un centre politique et administratif » et jouit de fait « de toutes les commodités possibles, pour elle-même et dans son voisinage », au point d’attirer des migrants fascinés par cet îlot de richesse. Même si elle n’était pas « placée dans une zone déjà très peuplée », le mouvement migratoire s’est chargé de créer cette situation. Elle a également été « un ferment, un centre de colonisation et d’irradiation », par l’intermédiaire des routes construites pour la desservir et la relier tant aux régions déjà peuplées qu’aux fronts pionniers de l’Ouest et du Nord. Capitale fédérale incontestée, capitale pionnière dépassée par son succès même, Brasília devient aussi aujourd’hui une métropole parmi les autres.

41 C’est tout à fait regrettable, à la fois parce que son projet original est ainsi en grande partie renié, et parce qu’elle connaît désormais les mêmes tensions sociales que les autres métropoles, comme en a témoigné la réélection, également le 27 octobre 2002, de son gouverneur. Alors que le Plan pilote, aux niveaux de scolarité et de revenus élevés, donnait une nette majorité au candidat du Parti des Travailleurs, le parti de Lula, il l’a emporté (de peu) grâce au vote de la périphérie pauvre, peuplée de migrants récents. On peut aussi penser que, de ce fait, elle revient dans la norme et devient plus représentative de la nation brésilienne. Mais c’est aussi la fin de son originalité et la perspective de graves problèmes politiques et sociaux à court terme.

42 ?

Annexe 1

43 Les différents sens du mot « Brasília »

44 Le nom « Brasília » possède plusieurs sens selon le contexte. On peut résumer comme suit ses principales acceptions :

45 ? Administrativement, Brasília est l’une des 19 régions administratives du District fédéral, celle qui comprend la partie centrale du Plan pilote, avec ses « ailes » nord et sud.

46 ? « Brasília » peut aussi désigner la partie planifiée de la ville conçue par Lúcio Costa, soit les régions administratives du Plan pilote, plus les régions administratives « lac Nord » et « lac Sud ».

47 ? Pour les habitants du District fédéral, les quatre ensembles qui composent la région administrative Cruzeiro (Cruzeiro Velho, Cruzeiro Novo, Octogonal et Sudoeste) font également partie de Brasília, et non des villes-satellites.

48 ? Le terme « Brasília » recouvre également l’ensemble formé par le Plan pilote et toutes ses villes-satellites. Ce n’est que dans ce dernier sens que l’on peut parler d’une ville de près de deux millions d’habitants.

49 ? Enfin Brasília, au sens fonctionnel, est une agglomération complexe qui inclut des espaces urbanisés au-delà des limites du District fédéral, dans neuf communes de l’État de Goiás.

Annexe 2

50 Chronologie

51 1823 : José Bonifacio présente un projet de déplacement de la capitale du littoral vers l’intérieur du pays, pour la protéger des attaques étrangères, et suggère de la nommer Brasília.

52 1891 : La constitution détermine que la nouvelle capitale doit être transférée sur le Plateau central, dans un quadrilatère à délimiter selon les conclusions d’une commission scientifique.

53 1922 : Pose de la première pierre « de la future capitale fédérale des États-Unis du Brésil », près de Planaltina, dans l’actuel District fédéral.

54 4 avril 1955 : Au cours d’une réunion électorale, le candidat à la présidence de la République, Juscelino Kubitschek, en réponse à la question d’un électeur, fait la promesse, s’il était élu, de transférer la capitale sur le Plateau central.

55 31 janvier 1956 : Juscelino Kubitschek devient président de la République.

56 18 avril 1956 : Juscelino Kubitschek envoie au Congrès national le « message d’Anápolis » qui propose la création de la Companhia Urbanizadora da Nova Capital et le nom de Brasília.

57 19 septembre 1956 : Le Congrès approuve à l’unanimité ce projet, qui devient la loi n° 2874.

58 15 mars 1957 : Choix du projet de Lúcio Costa, parmi 41 projets présentés par 26 candidats.

59 5 juin 1958 : Fondation de Taguatinga, la première « ville-satellite ». Existaient toutefois auparavant la « cidade livre » (l’actuelle Nucleo Bandeirante) et les villes de Planaltina (fondée en 1859) et Brazlandia (1932), ultérieurement incorporées au District fédéral.

60 21 avril 1960 : Inauguration de Brasília, les trois pouvoirs s’installent dans la nouvelle capitale.

61 1964 : Réforme créant des régions administratives dans le District fédéral.

62 1973 : Officialisation de l’existence des villes-satellites.

63 7 décembre 1987 : La ville est classée par l’Unesco au Patrimoine historique et culturel de l’humanité.

64 15 octobre 1990 : Brasília élit son premier gouverneur et ses premiers députés. De 1960 à 1969 elle avait eu des maires, puis des gouverneurs, les uns et les autres nommés, et dont les fonctions, d’administration locale, ne changeaient guère.

65 19 février 1998 : Le Sénat autorise, par la loi complémentaire n° 94, la création de la Région intégrée de développement du District fédéral et de ses environs (RIDE).

Notes

  • [1]
    Cet article reprend dans la perspective du présent dossier des éléments d’un texte, intitulé « Brasília, quarante ans après », rédigé en collaboration avec Neli Aparecida de Mello, chercheur associé à l’École normale supérieure, et François-Michel Le Tourneau, chercheur au CNRS/Credal.
  • [2]
    Il a été calculé par la fondation João Pinheiro, pour le compte du PNUD et selon ses principes, pour toutes les communes brésiliennes.
  • [3]
    Relatorio sobre o desenvolvimento humano no Brasil, PNUD/IPEA, 1998.
  • [4]
    Cadastro das Empresas (IBGE), 2000.
  • [5]
    Données 1994.
  • [6]
    Anuario Estatistico do Brasil, 1997 (IBGE) et chiffres du gouvernement du District fédéral (http:// www. gdf. gov. br).
  • [7]
    Chiffres publiés par le gouvernement du District fédéral.
  • [8]
    Région intégrée de développement du District fédéral.
  • [9]
    Maximale, très forte, forte, forte à moyenne, moyenne, moyenne à faible, faible, très faible.
  • [10]
    Lucio Costa, « Considerações em torno do Plano Piloto de Brasília », in Atas do Seminário de Estudos dos Problemas Urbanos de Brasília, Revista de Arquitetura, Planejamento e Construção, 6, agosto-setembro 1973, p. 11. Traduction de l’auteur.
  • [11]
    F. Ruellan, « Quelques problèmes de l’expédition chargée de trouver des sites pour la nouvelle capitale fédérale des États-Unis du Brésil », Bulletin de l’association des géographes français, 194-195, mai-juin 1948, p. 100.
  • [*]
    Hervé Théry est directeur de recherche au CNRS-Credal et directeur de l’UMR ENS/IRD « Territoire et mondialisation dans les pays du Sud ». Il a été directeur du GIP Reclus, professeur à l’École normale supérieure, directeur de sa section de géographie. Il est actuellement chercheur invité au Centro de Desenvolvimento Sustentável de l’université de Brasília. Il a notamment publié Le Brésil (Armand Colin, 4e éd., 2000), Environnement et développement en Amazonie brésilienne (co-auteur et éditeur scientifique, Belin, 1997), Pouvoir et territoire au Brésil, de l’archipel au continent (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1996).
Français

Résumé

Brasília, construite entre 1956 et 1960 pour être la nouvelle capitale du Brésil et une ville exemplaire, planifiée et fraternelle, est aujourd’hui de fait une de ses capitales, mais aussi une métropole complexe de plus de deux millions d’habitants. Ayant changé d’échelle, elle connaît désormais des problèmes semblables à ceux de bien d’autres métropoles mondiales, de la différenciation sociale à des problèmes de politique locale de plus en plus aigus.

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Hervé Théry [*]
  • [*]
    Hervé Théry est directeur de recherche au CNRS-Credal et directeur de l’UMR ENS/IRD « Territoire et mondialisation dans les pays du Sud ». Il a été directeur du GIP Reclus, professeur à l’École normale supérieure, directeur de sa section de géographie. Il est actuellement chercheur invité au Centro de Desenvolvimento Sustentável de l’université de Brasília. Il a notamment publié Le Brésil (Armand Colin, 4e éd., 2000), Environnement et développement en Amazonie brésilienne (co-auteur et éditeur scientifique, Belin, 1997), Pouvoir et territoire au Brésil, de l’archipel au continent (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1996).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2006
https://doi.org/10.3917/ving.081.0093
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