CAIRN.INFO : Matières à réflexion

La question du potentiel conflit entre droit de l’Union européenne et Convention européenne des droits de l’homme est ancienne. Ce n’est pourtant qu’au début du XXIe siècle que la Cour européenne des droits de l’homme a en partie stabilisé sa jurisprudence en la matière, en posant dans son arrêt Bosphorus les principes d’interprétation à retenir lorsqu’il est reproché à un État membre de l’Union européenne d’avoir violé la Convention alors qu’il était en train d’exécuter le droit de l’Union. Depuis lors, les arrêts qui ont précisé la présomption Bosphorus ont été peu nombreux mais importants. L’arrêt Bivolaru et Moldovan vient à son tour apporter des précisions décisives. Son originalité la plus évidente est que, pour la première fois, la Cour a constaté une violation de la Convention en dépit de l’applicabilité de la présomption de respect de la Convention posée dans l’arrêt Bosphorus. Toutefois, cette originalité n’est, nous le verrons, ni la seule ni peut-être la plus importante. Au-delà, cet arrêt nous semble illustrer la faiblesse structurelle de la présomption Bosphorus.
Les présentes affaires concernaient la remise de deux personnes par la France aux autorités roumaines en exécution de mandats d’arrêt européens aux fins d’exécution d’une peine de prison. Se posait donc la question de la présomption selon laquelle les États membres de l’Union européenne sont censés respecter la Convention européenne des droits de l’homme lorsqu’ils ne font qu’exécuter le droit de l’Union…

Français

L’arrêt Bivolaru et Moldovan de la Cour européenne des droits de l’homme, en date du 25 mars 2021, est le premier arrêt dans lequel la Cour a constaté une insuffisance manifeste de protection des droits fondamentaux permettant de renverser la présomption de respect de la Convention européenne des droits de l’homme dont bénéficient, sous certaines conditions, les États membres de l’Union européenne lorsqu’ils exécutent le droit de l’Union. Au-delà de cette solution, le raisonnement de la Cour laisse apparaître les faiblesses structurelles de cette présomption.

English

The judgment of the European Court of Human Rights in Bivolaru and Moldovan on 25 March 2021 is the first judgment in which the Court found a manifest insufficiency of protection of fundamental rights, allowing the rebuttal of the presumption of compliance with the European Convention on Human Rights, which EU Member States enjoy under certain conditions when implementing EU law. Beyond this solution, the Court’s reasoning reveals the structural weaknesses of this presumption.

Sébastien Platon
Professeur à l’Université de Bordeaux
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Il vous reste à lire 97 % de cet article.
Acheter le numéro 60,00€ 218 pages, électronique uniquement
html et pdf (par article)
add_shopping_cart Ajouter au panier
Acheter cet article 10,00€ 21 pages, format électronique
(html et pdf)
add_shopping_cart Ajouter au panier
Autre option
Membre d'une institution ? business Authentifiez-vous
Mis en ligne sur Cairn.info le 12/04/2022
https://doi.org/10.3917/rtdh.129.0091
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Anthemis © Anthemis. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...