CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Cette nouvelle livraison des Travaux de linguistique réunit une partie des contributions présentées lors des 16e Rencontres linguistiques en Pays Rhénan qui se sont déroulées à Strasbourg les 17 et 18 novembre 2005. Elle s’inscrit dans une série de travaux [1] menés à Strasbourg dans le cadre d’un programme de recherche inter-universitaire et international sur la quantification dans les langues naturelles et les discours (programme n°40, Maison Inter-universitaire des Sciences de l’homme – Alsace, Unité Mixte de Service 2552). C’est donc dans ses rapports avec l’expression de la quantité que l’intensité, remise par ailleurs au goût du jour notamment à travers les ouvrages de S. Whittaker (2002) [2] et de F. Lefeuvre & M. Noailly (2004) [3], est ici abordée. Elle l’est également à travers diverses catégories grammaticales et/ou divers niveaux de l’analyse linguistique. Sont en effet étudiés aussi bien les préfixes sur-/contre- du français et za-/pere-, na- du russe (D. Paillard), le déterminant/adjectif zéro (M.-N. Gary-Prieur) que les « grands classiques » de l’intensité que constituent les adjectifs, formes par excellence de la gradation, sans oublier les adverbes si/très. L’intensité est aussi traitée dans des réalisations syntaxiques particulières : que ce soit comme résultat d’une évolution partie de tournures comparatives en (aussi/si)… que via l’expression de la consécution (B. Combettes & A. Kuyumcuyan) ou encore à travers la construction en vogue dans le parler jeune beau de chez beau, initialement vouée à la localisation (C. Schnedecker) ou enfin les phrases impératives (F. Martin).

2Si les apports de ce volume au problème de l’intensité tiennent au caractère encore inédit de certains des objets d’étude privilégiés ici (la forme zéro ou la construction adj de chez adj), ils tiennent également au type d’approche : l’angle de la diachronie pour les tournures comparatives du Moyen Français (B. Combettes & A. Kuyumcuyan) ou celui de la linguistique contrastive privilégié par D. Paillard pour les préfixes du français et leurs homologues russes. Ils proviennent, par ailleurs, des éclairages portés sur les voies parfois alambiquées qu’emprunte l’intensité, transitant via la localisation (p.e. avec le préfixe russe na-), la consécution ou la négation sous une forme « appuyée » (p.e. dans Guerre zéro mort, M.-N. Gary-Prieur) mais aussi des fondements théoriquement sous-tendant ces éclairages (linguistique énonciative (cf. D. Paillard), théorie de la grammaticalisation (cf. B. Combettes & A. Kuyumcuyan) ou des topoï (cf. V. Lenepveu)). Ils dépendent, enfin, de modalités de traitement nouvelles qui aident à lever certains paradoxes (le fait que les adjectifs de couleur donnés comme parangon des adjectifs soient précisément réfractaires aux intensifieurs (cf. G. Kleiber) ou le fait qu’une même séquence Adj+ N en arrive à produire des effets argumentatifs inverses (cf. V. Lenepveu).

3Bref, sans prétendre épuiser une question au demeurant vaste et complexe, le présent volume y apporte des éléments de réponse à l’image de son objet : denses, tout en diversité, d’une extrême richesse, cela dit bien sûr sans nuance…

NOTES

  • [1]
    Biermann Fischer M. & Schnedecker C. (éds) (2005), Scolia 20 Quantité et qualité, Actes des 15ièmes Rencontres linguistiques en pays rhénan, 325 p. ; G. Kleiber, C. Schnedecker, A. Theissen (éds) (2006), La relation partie-tout, Leuven, Peeters, 800 p. ; G. Kleiber & C. Schnedecker (en prép.), La quantification et ses domaines.
  • [2]
    S. Whittaker (2002), La notion de gradation. Application aux adjectifs, Berne, P. Lang.
  • [3]
    Intensité, comparaison, degré –1- Travaux linguistiques du Cerlico 17, Rennes, PU.
G. Kleiber
C. Schnedecker
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Mis en ligne sur Cairn.info le 16/01/2008
https://doi.org/10.3917/tl.055.0007
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