CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Le cinquantenaire que nous commémorons est celui de l’Institut d’étude du développement économique et social (IEDES), lequel – simple aléa de calendrier ou produit des mêmes circonstances qui, à l’issue des désastres de la seconde guerre mondiale, ont conduit les hommes à se doter de nouvelles institutions pour s’assurer un destin plus radieux ? – coïncide avec le cinquantenaire de la construction européenne. L’IEDES a été créé par décret du 15 octobre 1957 sousla forme d’un institut de l’Université de Paris et est depuis 1969 une composante de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Institut est un nom donné à des établissements de recherche et d’enseignement à objectif particulier : la démographie (INED), l’agronomie (INRA), la statistique (INSEE), le travail (ISST), etc. L’Institut d’étude du développement économique et social avait donc vocation à être un lieu de rencontre et d’impulsion des études sur le développement, concept que l’un de ses premiers directeurs, François PERROUX, définissait comme « combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global » (PERROUX, 1961). Pour bien spécifier la nature du développement et le différencier de sa voisine la croissance, le même auteur se croyait obligé de préciser que « le développement vise alors des conditions sociales qu’il n’est pas aisé de dominer par les analyses traditionnelles de l’économie de marché » (PERROUX, 1968). On peut en déduire, dès lors, que, loin d’être redondants, les deux qualificatifs – économique et social – traçaient un domaine d’étude d’emblée pluridisciplinaire (avec au minimum partage du travail entre économistes et sociologues) et qui n’a pas manqué, par la suite, de différencier, comme l’a fait le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les indicateurs de mesure utilisés : Produit intérieur brut (PIB) mais aussi Indicateur du développement humain (IDH, qui combine espérance de vie à la naissance, taux brut de scolarisation et PIB par habitant), Indicateur de pauvreté humaine (IPH, calculé de façon différenciée pour les pays en voie de développement et pour les pays de l’OCDE), Indicateur sexo-spécifique de développement humain (ISDH), Indicateur de participation des femmes (IPF).

2L’activité peut être déclinée sous l’angle des métiers, des professions concernées, le terme générique de labeur utilisé par les ouvriers de la presse peut alors englober toutes les formes d’activité de l’homo faber dont nous pouvons tenter d’appréhender quantitativement la contribution apportée à la discipline du développement. Le produit d’un travail est cependant plus ou moins valorisé suivant qu’on évoque un produit artisanal, une réalisation artistique ou intellectuelle, le terme générique d’œuvre (pouvant éventuellement se transformer en chef-d’œuvre) permet alors de cerner l’ensemble de ces contributions de l’homo sapiens que nous essaierons d’interpréter, sous un angle plus qualitatif, à travers divers thèmes sous lesquels l’analyse du développement peut être déclinée.

I – HOMO FABER

3Dans un supermarché, ce qui s’offre d’emblée à nous ce sont les rayons achalandés sur lesquels s’empilent les marchandises livrées aux désirs – mais aussi au pouvoir d’achat – du consommateur. Et ce n’est qu’au moment de passer à la caisse ou, plus exceptionnellement, si le réapprovisionnement des gondoles le requiert, que nous découvrons les hommes qui assurent la continuité des services que nous sollicitons. Notre promenade dans l’IEDES nous conduira, elle aussi, à procéder à notre enquête en commençant par les produits qui nous sont livrés et en nous intéressant ensuite aux hommes qui les ont élaborés.

1 – Des produits

4L’IEDES est l’une des multiples formations rattachées à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et qui, en tant que telle, « produit » de l’enseignement et de la recherche. Examinons successivement ces deux champs d’activité.

a – L’enseignement

5Comme toute autre institution d’enseignement supérieur, l’IEDES a vécu au fil du temps des transformations impliquées par les réglementations variées qu’a connues notre pays dans les cinquante dernières années. Pour nous en tenir aux plus récentes, c’est la mise en place du système « Licence-Master-Doctorat » qui a suscité une réorganisation des cursus : l’ancienne année de maîtrise devenant le master 1 et l’ancienne année de DESS ou de DEA constituant le master 2, celui-ci pouvant être de recherche (ce qui était la vocation ancienne du DEA) ou professionnel (ce qui était l’objectif du DESS), l’accès à la deuxième année du master (M2) se faisant sur dossier. Le cursus assumé par l’IEDES relève du domaine : « études sociales : travail et développement », l’un des huit domaines couverts par l’Université de Paris 1. En 1997-1998, donc à une époque pas très lointaine, l’IEDES préparait aux diplômes suivants (*diplômes préparés en collaboration avec l’Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (ORSTOM)) :

6

  • Études doctorales : Diplôme d’études approfondies (DEA) en « anthropologie et sociologie du politique » en cohabilitation avec l’Université de Paris 8 ; Doctorat en « sciences sociales, sociologie » ou en « sciences économiques ».
  • Diplômes d’études supérieures spécialisées (DESS) : Développement agricole ; Développement industriel et évaluation de projets ; Pratiques sociales du développement*.
  • Diplôme d’études supérieures d’université de 3e cycle (DESUP) : Mutations structurelles et politiques de développement ; Sciences sociales appliquées à l’alimentation*.
  • Diplôme des hautes études de pratique sociale (DHERS) : Sciences sociales appliquées à l’alimentation ; Analyses des transformations des sociétés rurales ; Sociologie du développement ; Économie du développement ; Planification des ressources humaines.
  • Diplôme de deuxième cycle : Problèmes et pratiques de l’aménagement urbain dans les pays en développement*.

7Actuellement, l’IEDES prépare à :

8

  • Un master 2 de recherche : Socio-anthropologie du développement.
  • Six masters 2 professionnels : Développement local : acteurs sociaux et dynamique spatiale ; Crises : interventions d’urgence et actions de développement ; Développement industriel et évaluation de projets ; Politiques agricoles et développement international ; Développement social : travail, formation, santé ; Expertise économique du développement.

9Les débouchés de ces formations sont variés : bureaux ou cabinets d’études et de conseil, institutions financières, services « risque pays » des banques, agences de notation et d’assurance, administrations internationales ou nationales, départements internationaux d’entreprises industrielles ou commerciales, organisations non gouvernementales.

10On compte actuellement 32 étudiants inscrits en thèse dont 7 en provenance du master « recherche », la plus ancienne inscription remontant à l’année universitaire 1998-1999. La relève semble bien assurée. En effet, si on se tourne vers le passé, on décompte entre octobre 1977 et avril 2007, 353 soutenances soit une moyenne annuelle de près de 12, ce qui constitue une bonne productivité. Ce corpus significatif peut faire l’objet d’un double traitement.

11D’une part on peut s’intéresser aux terrains de recherche. Ce qui donnerait les résultats suivants : Asie 9 ; Afrique noire 1O1 ; Amérique latine 99, à quoi on peut rattacher les Antilles 4 ; Moyen-Orient 30 (dont 4 pour l’Égypte) ; Maghreb 29 (se ventilant en : Algérie 7, Maroc 15, Tunisie 7) ; Europe 24 (soit 1 pour chacun des pays suivants : Italie, Espagne, Portugal, URSS ; mais 7 pour la France et 13 pour la Grèce) ; enfin Canada 2. Concernant, en second lieu, les thèmes abordés, on peut les répartir en différents regroupements :

12

  • Analyses théoriques 43 (dont 14 concernant l’économie, 14 la sociologie, 8 la politique, 7 la planification) ;
  • Activités 126 (soit agriculture 77, industrie 42, services 7 dont 2 pour le tourisme) ;
  • Institutions 23 (dont 18 relatif au rôle de l’État, 1 aux ONG, 4 à d’autres institutions) ;
  • Espace18 (dont 8 pour les diverses formes d’intégration, 3 pour l’environnement et 7 pour la ville) ;
  • Travail 41 (dont 26 pour l’emploi et 15 pour les migrations) ;
  • Échanges extérieurs 36 (dont 13 pour l’IDE) ;
  • Monnaie, finances 16 ;
  • Conditions sociales 55 (dont nutrition 11, santé 7, éducation 12, démographie 5, revenus 4, condition de la femme 7, condition de l’enfant 3, corruption et drogue 2).

13Pour assurer le fonctionnement de l’institution  [1], aux 12 administratifs, techniciens ou personnel de bibliothèque se joint un corps enseignant affecté à l’IEDES composé de 4 professeurs, 8 maîtres de conférences, 2 chargés de recherche et 3 ingénieurs d’études, ou chargés de mission. À ce personnel, propre à l’IEDES, sont associés dans l’équipe enseignante 58 autres personnes (dont 7 professeurs, 10 maîtres de conférences venus d’autres universités, 4 directeurs de recherches, le reste recouvrant les professions les plus diverses : économistes, consultants, chargés d’études, experts internationaux, architectes, etc.). Pour la recherche proprement dite le Centre de recherche de l’IEDES constitue l’équipe d’accueil 2486 travaillant en collaboration avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED), l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le Centre d’études sur le développement international et les mouvements économiques et sociaux (CEDIMES) et l’Institut national de la recherche agronomique (INRA).

b – La recherche

14La Revue Tiers Monde, initialement dénommée Tiers Monde [2], est très vraisemblablement le produit phare et en même temps l’enseigne d’appel de l’IEDES. Nous nous intéresserons, dans la seconde partie de cet article, à son apport scientifique à la discipline. Considérons la pour l’instant sous son seul aspect d’objet. Le calibrage annuel, actuellement de 960 pages, soit 240 pages par numéro, a été généralement respecté au fil des ans. Mais, au début des années 1960, les livraisons annuelles tournaient autour de 600 pages et, en sens inverse et très exceptionnellement, en 1988, le n° 115 consacré à « Industrialisation et développement » comportait à lui seul 674 pages. Au total, ce sont tout de même quelque 47 000 pages qui ont été éditées et qui peuvent nous permettre une amorce d’analyse quantitative.

15Tout d’abord, attardons-nous quelques instants sur sa maquette. Pendant longtemps la page de couverture de la revue était partagée en deux, le blanc en bas étant séparé du vert en haut par un bandeau noir sur lequel apparaissait le nom de la revue. On n’a sans doute pas attendu Arthur RIMBAUD pour se préoccuper de la symbolique des couleurs et attacher au vert l’image de la poussée de la nature au printemps et la couleur de l’espérance, le blanc pouvant être interprété quant à lui soit, dans une vision pessimiste, comme l’espace mal connu de nos cartes géographiques soit, dans une perspective plus volontariste, comme, à l’égal de la page blanche, le terrain sur lequel il nous faut bâtir. La Revue Tiers Monde visualisait ainsi, avec l’autre symbolique du bas et du haut, l’œuvre à accomplir : le développement. Fallait-il interpréter le bandeau noir qui séparait les deux espaces comme l’image des obstacles à surmonter ? Auquel cas la disparition de cette raie noire avec le n° 149 en 1997 aurait pu signifier que les ambitions des pays sous-développés se heurtaient désormais à moins de difficultés. En changeant d’éditeur, à partir du premier numéro de 2006, la maquette s’est transformée, un vert plus lumineux enserre le triangle du blanc, reproduisant peut-être, au niveau de l’inconscient, – vision optimiste – l’image des dragons asiatiques grignotant le sous développement, à moins que – vision plus pessimiste – il ne faille voir ce triangle blanc qui pénètre le vert comme l’écharde qui subsiste dans les ambitions des développeurs. Mais, fait plus significatif, les trois mappemondes qui redoublaient le titre de la revue en nous rappelant le monde de la guerre froide de ses origines ont désormais disparu, substituant à l’univers de la coexistence pacifique évanouie avec la chute du mur de Berlin celui de la globalisation triomphante.

16Si nous procédons maintenant à une analyse de contenu, une présentation statistique peut aller du plus simple au plus complexe en prenant en considération successivement trois points de vue. Si nous nous bornons à considérer une production scientifique comme une production matérielle, nous pouvons la classer en fonction des produits livrés au marché ; si nous estimons ensuite que le Tiers Monde est une appellation générique pour recenser des situations trèsdiversifiées, ce que tentent de décrire divers vocables (pays les moins avancés, nouveaux pays industriels, etc.), nous pouvons retenir un point de vue géographique pour opérer un classement ; enfin si, au-delà du produit, nous nous intéressons au producteur, c’est le point de vue de la productivité scientifique de celui-ci qui doit alors être retenu. Chacune de ces trois possibilités sera tour à tour utilisée.

17En ouvrant la revue, différents ensembles surgissent.

18La rubrique « Activités de l’IEDES » qui apparaît dès le n° 6 et que l’on retrouve épisodiquement par la suite rend compte des activités de recherches  [3] conduites dans différents domaines généraux (éducation, condition de la femme, société civile, recherches audiovisuelles, etc.) ou plus particuliers (programme du Front de libération national au Vietnam, approvisionnement des villes en Afrique noire), des journées d’études organisées par l’Institut, des relations avec l’association Développement et Progrès. On pourrait rattacher à cette rubrique rendant compte de la vie interne de l’institution les hommages rendus périodiquement aux disparus qui lui ont consacré une grande partie de leur vie professionnelle (DUMONT, SANTOS, KEYSER, GOUSSAULT, EMMANUEL, FREYSS).

19Même s’il y a eu quelques hésitations au début sur son contenu possible, une seconde rubrique, « Chronique internationale », pose peu de problèmes quant à son objet : rendre compte des colloques, conférences, tables rondes, séminaires, symposiums consacrés en France ou à l’étranger au développement ; repérer les institutions de formation en ce domaine ; présenter les travaux et programmes des organisations internationales concernées par ce problème. On peut toutefois noter son absence de la revue pendant une période relativement longue, du n° 19 en 1964 au n° 56 en 1973.

20La rubrique « Débats », quant à elle, ne prête guère à équivoque sur le sens qu’il convient de lui attribuer. On peut cependant remarquer son apparition explicite tardive, malgré l’invitation à la confrontation des points de vue qu’avait lancé Henri LAUGIER dans le premier numéro de la revue. On en trouve les prémices à propos des produits de base dans une contribution rangée, peut-être de manière discutable, sous la rubrique « À l’IEDES » (MULLER et EMMANUEL, 1977), ou encore dans le numéro spécial consacré au secteur informel et à la petite production marchande dans les villes du Tiers Monde (HUGON, 1980) avec 4 contributions rangées sous la subdivision « Débats conceptuels et méthodologiques ». Les débats concernent de nombreux thèmes, les industries industrialisantes (RTM, 1981, n° 87), les technologies appropriées (RTM, 1981, n° 88 ; IKONICOFF, 1983), l’action de la Banque mondiale et des ONG (RTM, 1988), l’étude du développement (RTM, 1993), etc. Ces discussions conservaient un caractère académique avec lequel la revue a essayé de rompre en transformant les « Débats » en « Piques et polémiques » au ton beaucoup plus vif donné d’emblée par la contribution de Jean-Marc FONTAINE « Ah, que les économistes sont fatigants... » (2003) et que l’on retrouve, avec des sensibilités différentes et des points de vue critiques plus ou moins accentués, dans les 4 contributions consacrées à l’ouvrage de Stephen SMITH, Négrologie (RTM, 2004).

21Avec des variations importantes d’un numéro à l’autre, on peut recenser conjointement, au total, sur l’ensemble des années, le nombre d’articles et de documents (par exemple le numéro d’avril-juin 1966 comporte 10 articles et 2 documents tandis que celui de juillet-septembre de la même année a 4 articles et 8 documents). Les articles peuvent être de longueur très différente : ainsi, à ne considérer que le n° 115 nous trouvons un article de 7 pages (FOUQUIN, 1988) et un autre, de longueur inusitée il est vrai, de 98 pages (SID AHMED, 1988). Il en va de même pour les recensions d’ouvrages qui peuvent tenir en quelques lignes ou au contraire (cas il est vrai exceptionnel) en 13 pages (HUGON, 1974).

22C’est, en effet, concernant la « bibliographie », que les problèmes de comptabilisation apparaissent les plus délicats. Prenons par exemple le cas le plus complexe, soit le n° 45 de la revue (SANTOS, 1971), numéro consacré à la ville et à l’organisation de l’espace dans les pays en voie de développement ; « Bibliographies » (le terme étant bien mis au pluriel) se répartit en onze rubriques comportant les unes de simples recensions de titres, les autres de brèves indications de leur contenu. Ce compendium, qui occupe au total 51 pages de la revue et dont le caractère est matériellement très hétérogène mais intellectuellement manifestement bien dépendant du contenu de ce numéro spécial, ne sera pas considéré comme « bibliographie » au sens où nous entendons ce terme, c’est-à-dire comme recension ou compte rendu d’ouvrage et, de ce fait, ne sera pas pris en compte dans notre comptabilisation. En sens inverse, la rubrique « Notes de lecture » ne se différencie pas de la bibliographie proprement dite, c’est pourquoi les ouvrages recensés sous l’un ou l’autre des intitulés seront considérés comme de même nature et de ce fait comptabilisés. Enfin, depuis 1987, en bibliographie apparaît une rubrique « Ouvrages diffusés en France en... » qui permet un relatif suivi des publications sur le sous-développement, bien utile au chercheur, mais que, simple liste de titres, nous ne considérerons pas comme bibliographie. Au total le bilan matériel peut se présenter comme suit en nombre d’unités (tableau 1).

Tableau 1
ArticlesDocumentsRecensionsChroniques
internationales
Nouvelles
de l’IEDES
Débats
1 9222052 4961692723
figure im1

23Le Tiers Monde est divers. D’un simple point de vue dimensionnel, certains pays sont immenses, comme par exemple la Chine, l’Inde ou le Brésil, d’autres se réduisent à une ville (Singapour) ; les économies dites insulaires s’opposent aux économies continentales. Même chose du point de vue population aussi bien pour le nombre, la densité, que pour la composition ethnique. Pour ce qui est de l’économie, tous les degrés de développement peuvent être observés. Le champ d’observation qui s’offre au chercheur est donc extrêmement diversifié. Qu’en ont donc retenu les auteurs ?

24Une première option consiste à raisonner sur l’ensemble d’un continent. De ce point de vue, 327 articles sont consacrés à l’Afrique, 182 à l’Amérique latine, 37au Moyen-Orient. On observe donc déjà, à ce premier niveau, un biais de sélection qui s’explique moins par l’importance des populations concernées, l’ampleur des problèmes rencontrés, que par une proximité plus culturelle que géographique et qui remonte très vraisemblablement aux spécificités de la colonisation française. Ce que montrerait aisément une comparaison avec le contenu d’une revue similaire par sa thématique, mais au champ géographique différent comme Economic dévelopement and cultural change.

25Ceci peut aisément être confirmé par une analyse complémentaire. Une deuxième option est en effet de travailler dans un cadre moins géographique et plus politique, celui des États nations. Si nous nous intéressons en premier lieu aux pays africains, une première partition consiste à distinguer de façon traditionnelle les pays du Maghreb et ceux de l’Afrique noire. Sans compter les deux numéros hors série qui ont été consacrés à l’Algérie au moment des indépendances (PERROUX, 1962 et 1963), ce pays se taille une part considérable avec 53 articles le concernant, le Maroc venant en deuxième position avec 20 articles et la Tunisie en troisième position avec 13 articles. Les caractéristiques des ruptures avec la métropole coloniale ne sont pas sans conditionner le style des articles consacrés à chacun des pays : problèmes de la réforme agraire, de la planification, des choix d’industrialisation, avec les célèbres « industries industrialisantes » (DESTANNE DE BERNIS, 1971) pour l’Algérie (PALLOIX, 1980), questions de développement agricole pour le Maroc, étude du fonctionnement des unités coopératives pour la Tunisie par exemple. Les pays du Machrek occupent une place moins grande : 2 articles seulement pour la Lybie, 33 pour l’Égypte, pays auquel a été cependant consacré un numéro spécial (ABDEL FADIL et ROUSSILLON, 1990). Si nous considérons ensuite l’Afrique au sud du Sahara, deux pays arrivant largement en tête : le Sénégal (31 articles) la Côte d’Ivoire (27 articles), viennent ensuite à égalité, mais largement distancés, le Cameroun et Madagascar (avec 13 et 15 articles). On voit ainsi quel privilège est accordé à l’étude des anciennes colonies françaises.

26Si nous nous tournons vers les autres continents, les disparités enregistrées sont sans doute moins caricaturales tout en subsistant cependant. Ainsi, en Amérique latine les 18 pays étudiés ont fait l’objet de 182 articles, les trois grands occupant ici la place que la dimension de leur territoire ou l’importance de leur population justifient : le Brésil avec 71 articles, le Mexique avec 43 articles  [4], et l’Argentine avec 31 articles. Avec un même nombre de pays retenus (18), l’Asie est plus avantagée puisque 197 articles sont consacrés à ces pays : 73 articles à la Chine, 54 à l’Inde, ce que justifie parfaitement le poids de ces deux géants avec leurs dimensions continentales et les masses humaines dont ils ont la charge ; par contre, que 37 articles soient consacrés au Vietnam, avec un numéro spécial (RTM, 1970, n° 42-43), ne s’explique là encore que par la nature particulière des liens qui nous ont unis à cette lointaine contrée. Les pays du Moyen-Orient ont fait quant à eux l’objet de 37 articles, Israël (6 articles), le Liban (5 articles) et la Turquie (6 articles) recevant approximativement le même poids dans la place qui leur est consacrée par la revue. Enfin, 98 articles ont été consacrés à 14 pays européens ; en dehors de la France (16 articles) et de l’ex-Union soviétique(24 articles), ce sont essentiellement trois pays de l’Europe du Sud qui ont retenu l’attention des chercheurs : la Grèce avec 6 articles, le Portugal avec 17 articles et un numéro spécial (ROUX, 1982), l’Espagne avec 24 articles et un numéro spécial également (RTM, 1967, n° 32) ; paradoxalement l’Italie, du moins celle du Mezzogiorno, semble avoir été oubliée, malgré l’intérêt évident que présenterait l’étude de certaines de ses particularités (rapports agraires, rôle de la Mafia, efforts d’aménagement de l’espace, etc).

27Si l’on prend comme matériau d’analyse les seuls numéros spéciaux, on se rend compte que l’attention des chercheurs est mobilisée par des facteurs de diverses origines. Le poids démographique des deux super géants que sont la Chine (GENTELLE, 1981 ; AUBERT, 1986 ; AUBERT, CABESTAN et LEMOINE, 1996) et l’Inde (MADOEUF et CADENE, 1989 ; LANDY, 2001) justifie que plusieurs numéros soient consacrés à chacun d’eux. Il est en de même de l’importance de certains événements politiques : l’instabilité du Rwanda-Burundi a fait que l’on s’intéresse à l’Afrique des grands lacs (GUICHAOUA, 1986) ; la révolution des œillets a conduit à porter attention au Portugal (ROUX, 1982) ; les relations compliquées, liées à notre histoire, avec notre partenaire de l’autre côté de la Méditerranée, l’Algérie (PALLOIX, 1980) ou avec celui de l’Asie du Sud-Est, le Vietnam (RTM, 1970, n° 42- 43) ; la poudrière du Moyen-Orient (DESTREMAU, 2000) et la place spécifique dans ce cadre géographique de l’Égypte (ABDEL FADIL et ROUSSILLON, 1990) ; le rôle de la géopolitique bien marqué par le titre d’un article qui lui est consacré « Pirogues et porte-avions : les relations internationales dans le Pacifique Sud » pour le pacifique insulaire (HUFFER, 1997) ; les frémissements que peut susciter le basculement vers la gauche de plusieurs pays d’Amérique latine (CALIL PADIS, 1976 ; VASCONCELLOS, 2001 ; MARQUES-PEREIRA, 2007).

28Au terme de ce premier bilan, on peut maintenant porter un jugement sur cet ensemble. Dans la préface du premier numéro de Tiers Monde de janvier-juin 1960, H. LAUGIER  [5] assignait à la revue qui voyait le jour quatre objectifs essentiels :

29

  • Tiers Monde, écrivait-il, est l’organe de l’IEDES, ce qui se traduira périodiquement par des indications sur le fonctionnement de l’institution d’enseignement que H. LAUGIER avait créée en 1959 (ainsi le n° 6, en 1961, présente-il les travaux de recherches de l’institut, tandis qu’après les perturbations que, comme toutes les institutions universitaires, l’institut avait pu connaître en 1968 et les réorganisations qui en ont résulté, le n° 44 de 1970 ou le n° 49 de 1972 fournissent des indications sur la vie de l’IEDES) ; mais cette place de l’IEDES, davantage que par ce qu’en rapporte la rubrique ci-dessus répertoriée, se marque surtout par l’importance des contributions apportées à la revue, au fil des années, par les enseignants ou les chercheurs qui ont été administrativement affectés boulevard Arago ou rue Saint Charles et qui se retrouvent maintenant à Nogent-sur-Marne.
  • Tiers Monde se veut interdisciplinaire, ce qui se traduira, annonçait H. LAUGIER, par la diversité des disciplines concernées, soit et sans que cette liste des disciplines n’ait de caractère limitatif : économie, statistique, démographie, sociologie, géographie, sciences exactes, sciences humaines ; nous avons pu constater qu’au fil des années cette promesse a bien été tenue même si, sans doute, la place prise par les économistes dans la production éditoriale a été quelque peu prépondérante.
  • Tiers monde affiche son ambition de devenir un organe international ; là aussi, à travers la recension des pays d’origine des contributeurs, tous les continents se trouvent représentés, même si, de ce point de vue, en dehors de l’Europe et particulièrement de la France qui fournit le gros des contributions, les nationaux de l’Amérique latine l’emportent sur ceux de l’Asie ou de l’Afrique.
  • Enfin, revendiquant en conséquence une pluralité des paradigmes, H. LAUGIER écrivait encore que Tiers Monde « sera une publication ouverte à toutes les doctrines, à toutes les écoles, à toutes les conceptions, aux idées les plus diverses, les plus non conformistes, les plus hétérodoxes » ; cette diversité des points de vue se reflète parfois de manière ouverte dans la revue, à travers des controverses académiques dont attestent la rubrique « Débats » ou celle qui lui a succédé « Piques et polémiques », mais plus souvent par la présentation, au fil des articles, de points de vue très différents (CAIRE, 1974)  [6].

2 – Des hommes

30Des signatures prestigieuses peuvent se retrouver au fil de la revue : celles de PERROUX, TINBERGEN, PREBISCH, HIRSCHMAN, MYRDAL, DE CASTRO, HOZELITZ, SWEEZY, FURTADO, etc., mais elles ne doivent pas conduire à négliger les apports de la troupe nombreuse « des petits, des obscurs, des sans grade » que recenserait un Edmond ROSTAND de l’économie du développement. Au fil des numéros de laRevue Tiers Monde, 2 356 noms peuvent être répertoriés mais les mêmes noms apparaissent plusieurs fois, et si ce nombre est supérieur à celui des articles recensés, c’est parce qu’un même article peut être co-signé par deux, voire trois auteurs. La diversité est donc considérable, d’autant qu’au champ géographique d’origine très varié vient s’ajouter sur plus de quatre décennies la succession de différentes générations. Mais les contributions apportées par chacun sont elles-mêmes variables. Certains auteurs ont fourni à la Revue Tiers Monde de nombreux articles. C’est particulièrement le cas – et ceci s’explique fort bien – pour ceux qui ont leur lieu de rattachement professionnel à l’IEDES et qui, en conformité aux propos initiaux de H. LAUGIER dont nous avons fait état, peuvent considérer la Revue Tiers Monde, sinon comme « leur » revue, du moins comme un lieu naturel d’accueil pour la publication de leurs travaux ; c’est aussi le cas pour ceux, extérieurs, dont le domaine de recherche est précisément le sous-développement. Une comptabilisation plus précise permet de dresser le tableau suivant des « productivités » concernées (tableau 2).

31On peut s’intéresser à la discipline et à l’institution de rattachement des intéressés, la constitution du comité de rédaction pouvant éventuellement servir de point de comparaison pour apprécier la diversité des provenances. On y recense 12 universitaires relevant de 6 universités différentes et 6 chercheurs appartenant à 4 institutions différentes ; quant aux disciplines revendiquées on compte 7 économistes, 3 géographes, 2 anthropologues, 2 sociologues, 1 démographe, 1 agronome, 1 politiste.

Tableau 2
Nombre
d’articles
Auteurs
concernés
Nombre
d’articles
Auteurs
concernés
131696
2154131
361142
414191
58211
616291
73301
84331
figure im2

32Concernant les auteurs des articles publiés dans la revue, on peut, parallèlement aux contributions des auteurs français, tenter de mettre en évidence les apports des auteurs étrangers bien qu’on rencontre en la matière un certain nombre de difficultés. On sait en effet, que, indépendamment de l’ « exode professionnel des cerveaux » qui peut atteindre les chercheurs, des vicissitudes de la vie politique qui peuvent les conduire à réclamer le statut de réfugiés, il existe une certaine mobilité géographique chez eux, mobilité d’un pays à l’autre mais également mobilité de et vers les organisations internationales. Dès lors, l’origine des auteurs doit être entendue non pas comme la nationalité personnelle qui est la leur, mais comme le pays auquel ils se trouvent rattachés professionnellement lors de la rédaction des articles, et sur laquelle nous renseigne (mais pas toujours et pas de manière uniforme, les indications concernant la discipline professionnelle, quant à elles, étant encore beaucoup plus rares) une indication au bas de la première page de leur contribution. Des calculs faits par Blandine GRAVELIN, alors rédactrice en chef, à partir d’une analyse portant du n° 101 de 1985 au n° 130 de 1992 de la revue donnaient les résultats ci-après (tableau 3).

33De notre côté, sur la base de 20 numéros des dernières années (n° 168 à n° 188) nous avons pu obtenir les résultats suivants, la catégorie des enseignants recouvrant les professeurs, éventuellement émérites, les maîtres de conférences et aussi les doctorants, celle des chercheurs concernant de même les directeurs, les chargés de recherche, les ingénieurs d’études, etc. (tableau 4).

Tableau 3
Origines professionnellesAppartenances
institutionnelles
(pour les seuls Français)
Professions
(pour les seuls
Français)
France 252 (60 %)
Autres pays occidentaux 42 (10 %)
Pays en développement 82 (2O %)
Organismes internationaux 27 (6 %)
Sans origine 14
Universités 35 %
CNRS ou autres centres de
recherche 35 %
IEDES 17 %
ORSTOM 9 %
Chercheurs 49 %
Enseignants 45 %
figure im3
Tableau 4
EnseignantsChercheurs
Français
dont :
5099
Géographie10
Économie106
Sciences politiques11
Anthropologie210
Agronomie12
Sociologie7
Démographie2
Psychologie1
Étrangers
dont :
237
Sciences politiques3
Économie4
Histoire1
Anthropologie3
Sociologie3
figure im4

34Ainsi, 490 signatures étrangères relevant de 69 pays peuvent être recensées. Si nous voulons apprécier le rayonnement de la revue à travers les pays qui contribuent à l’alimenter en articles, en ne retenant que les pays mentionnés plus de 5 fois nous pouvons dresser le tableau des « productions » ci-après (tableau 5).

Tableau 5
Nombre de signaturesPays concernés
> 40États-Unis
de 30 à 39Brésil, Grande Bretagne
de 20 à 29Argentine, Belgique, Égypte, Mexique
de 10 à 19Algérie, Cameroun, Espagne, Inde, Mozambique, Pays-
Bas, Suisse
> 5Canada, Chili, Colombie, Côte d’Ivoire, Grèce, Hongrie,
Iran, Japon, Maroc, Pérou, Sénégal, Tunisie, Turquie,
Venezuela, Vietnam
figure im5

II – HOMO SAPIENS

35Pour apprécier la contribution scientifique de l’IEDES dans le domaine du développement, dont nous savons les dimensions multiples, il nous faut pouvoir disposer d’un plan de classement. Aussi avons nous élaboré une grille d’analyse, répartie en six rubriques principales :

36

  • « Croissance et développement » se réfère à des textes qui se veulent théoriques et forgent divers concepts, très souvent à caractère multidisciplinaire, pour appréhender le développement dans toute sa complexité.
  • « Espaces » prend en considération une dimension spécifique du développement et concerne des articles à dominante géographique.
  • « Structures institutionnelles » s’intéresse aux constructions économiques, administratives ou sociales diverses dans lesquelles se situent les actions des hommes, la science politique étant alors un outil essentiel de référence.
  • « Activités économiques » adopte un point de vue sectoriel pour examiner les différentes facettes du travail humain en univers sous-développé ; les disciplines technologiques prennent alors un relais utile dans l’analyse.
  • « Politiques économiques » prend en compte les dimensions stratégiques et gestionnaires de l’action des hommes et fait une large place à la discipline économique.
  • « Conditions sociales », qui pourrait être considéré comme une résultante des variables précédentes, donne toute la place qui lui convient à une approche sociologique.

1 – Croissance et développement

37Dans l’analyse du développement (entendue au sens strict, en négligeant les descriptions des processus propres à tel ou tel pays), avec un corpus de près de 200 titres, il est possible, au fil du dépouillement de la revue, de lire plusieurs strates analytiques que l’on peut appréhender à la fois sous l’angle des disciplines principalement concernées et sous celui de quelques-unes des tendances analytiques de la recherche.

a – Approches disciplinaires

38À une époque déjà ancienne, bien différente de celle d’aujourd’hui, et où intellectuellement dominait la construction keynésienne, il était légitime, avec François PERROUX et d’autres, de s’interroger sur son application aux pays sous-développés, à la fois dans sa synthèse analytique (BOTTOMLEY, 1966 ; KNAPP, 1969) et dans les outils dérivés qui en sont issus (PERROUX, 1966b ; PERROUX, 1967a ; RAINELLI, 1968), ne serait-ce que parce qu’ils pouvaient être utilisés dans la planification qui avait alors le vent en poupe  [7]. Dans une deuxième période, même si pouvait subsister une pensée plus conventionnelle (RTM, 1977), ce sont les théories de la dépendance, particulièrement en vogue dans l’école latino-américaine (GULLEN ROMO, 1994) et les rapports centre-périphérie (RTM, 1972, n° 52) qui constituent le cadre analytique de référence  [8], contribuant – car il existe bien une sémantique du développement – à l’émergence de concepts bien connus tels que « accumulation à l’échelle mondiale », « capitalisme périphérique » (IKONICOFF, 1980), « développement dualiste » ou encore « lumpen bourgeoisies », ou moins connus comme « Tiers Monde off shore » ou « Tiers Monde quartmondisé ». Cette façon d’appréhender les réalités du sous-développement n’a pas totalement disparu et, en réaction sans doute aux politiques de libéralisation et de dérégulation, semble même, avec quelques inflexions, connaître une certaine résurgence dans les plus récentes années (AKYÜZ et FONTAINE, 1994). On peut isoler une troisième période où les certitudes antérieures semblent devoir être remises en question, ce qui se reflète bien dans les quatre sous-titres organisateurs d’un numéro spécial coïncidant avec le centième numéro de la Revue Tiers Monde (LATOUCHE, 1984 ; RTM, 1987, n° 112) : « De l’impasse industrielle au mirage de l’aménagement rural : les échecs concrets du développement » ; « De la critique du mimétisme aux propositions alternatives concrètes » ; « La crise du développement : une remise en cause des assises imaginaires de l’ordre mondial » ; « Déculturation et rejet du développement »  [9]. Le regroupement en quatre sous-ensembles des articles publiés dans le numéro intitulé « Vues du sud » (RTM, 1997) nous semble pouvoir caractériser au mieux la vision des problèmes de l’époque contemporaine : « Qu’est-il advenu du concept d’impérialisme ? » ; « Le modèle économique orthodoxe de Washington vu par l’Asie » ; « Migrations et mondialisation » ; « L’action humanitaire en question ». Dans cette période contemporaine surgissent de nouveaux concepts qui viennent enrichir la discipline : biens publics mondiaux (HUGON, 2002), capabilités (BERTIN, 2005 ; BENICOURT, 2006), capital social (BALLET et HAMZETTA, 2003), marchés de droits (KARSENTY et WEBER, 2004), croissance endogène (ELSENHANS, 2000), développement durable (MASINI, 1994), apparaissent aussi de nouveaux outils comme l’équilibre général calculable (PARROT, 1997). Des champs de recherche jadis quelque peu négligés sont l’objet une attention nouvelle : la pauvreté, l’environnement, la société civile, l’économie solidaire (FRAISSE, GUÉRIN et LAVILLE, 2007).Au terme d’un parcours complexe où l’on peut relever nombre d’avancées mais aussi d’hésitations paradigmatiques, d’incertitudes conceptuelles et d’interrogations sur les résultats obtenus, c’est la discipline elle-même qui en vient à se mettre en question (HUGON, 2006).

39Si l’analyse du sous-développement dans la revue a été principalement le fait des économistes, il ne faut pas cependant négliger l’apport possible des socio-logues même si, en la matière, le statut de cette discipline apparaît plus incertain, ainsi que le reconnaissent eux-mêmes les différents auteurs qui ont pris en charge un numéro spécial sur la sociologie du développement (GOUSSAULT, 1982). Si nous nous référons au numéro en question, on voit que cet apport peut se manifester par les terrains étudiés (du rôle des mourides dans la commercialisation de l’arachide au Sénégal au malaise des infirmiers camerounais en passant par le rôle des femmes dans le développement), les critiques (par exemple du rôle de la francophonie), ou les pratiques sociales (par exemple en élaborant en Amérique latine, à l’époque des régimes militaires, une philosophie subversive). Elle peut prendre aussi comme objet d’étude des thèmes à connotation plus anthropologique comme l’économie ostentatoire (POIRIER, 1968). Pensée sur la pensée, elle peut également s’intéresser aux constructions sociologiques concurrentes (NICOLAS, 1961 ; CHARNEY, 1982). Il est des domaines comme celui de la culture (LÊ THÀNH KHÔI, 1984) ou des idéologies (CAIRE, 1974) où la sociologie nous fournit des éclairages utiles. Enfin, dans le domaine du sous-développement où, moins qu’ailleurs, les frontières disciplinaires sont étanches, les liens avec l’histoire (COQUERY-VIDROVITH, 1987 ; ETEMAD, 1987 ; BATOU, 1992), avec la géographie (THERY, 1987), mais surtout avec l’économie (GOUSSAULT, 1987) permettent à la sociologie d’apporter une contribution utile à l’analyse du changement social, notamment à l’heure où la globalisation de l’économie remet en cause les recompositions sociales, les références identitaires et les actions collectives (HAUBERT et REY, 1995). S’il nous fallait particulariser le mode d’analyse des sociologues, nous pourrions dire que leur apport consiste à surajouter l’influence des représentations que les hommes se font des mécanismes analysés par les économistes. Ce qui, à la différence de la référence géopolitique de la Revue Tiers Monde, se reflète bien dans le titre de revues concurrentes comme Economic devlopment and cultural change. Cette irruption des subjectivités, en introduisant le jeu des cultures, des valeurs, des références paradigmatiques, etc. dont se réclament les uns et les autres, donne à la compréhension de la nature du sous-développement et au pari sur les stratégies mises en œuvre pour en sortir une épaisseur nouvelle. Aussi ne s’étonnera-t-on pas du fait que les économistes, en se préoccupant de ce nouveau domaine qu’avait pu être dans les années 1950 le développement, aient initialement privilégié l’élaboration de modèles à teneur mécanique et caractéristiques du « comment » et que, sous l’influence des socio-logues, ils en soient venus progressivement à accorder une place croissante au contexte historique et politique conditionnant le jeu des acteurs et fondateur du « pourquoi ».

b – Tendances

40À une époque où, pour reprendre le titre évocateur d’un article de la Revue Tiers Monde, on pouvait parler de « Grandeur et misère de la raison planificatrice », la planification était considérée (et l’a longtemps été) comme l’instrumentessentiel du développement économique. Un grand nombre d’articles lui ont ainsi été consacrés (65) – que ce soit pour la programmation globale ou pour la planification dans des champs particuliers (planification du territoire, planification alimentaire et nutritionnelle, planification de l’emploi, planification de l’éducation, planification de la santé, planification sociale) –, en particulier dans les premiers numéros de la revue où modèles  [10], cadres de comptabilité nationale, techniques de projection (y compris dans des domaines particuliers comme l’emploi ou l’éducation), critères de choix des projets (méthodes coûts/avantages ou méthodes des effets  [11]) et participation des acteurs aux plans de développement sont largement explorés. Toutefois, là aussi, les désillusions n’ont pas manqué d’apparaître et, vers les années 1980, le nombre d’articles traitant de cette technique fléchit considérablement pour presque complètement disparaître et, lorsqu’il en est encore question, c’est sous une forme critique qui se reflète jusque dans les titres (JACQUEMOT, 1984 ; HUGON et SUDRIE, 1987).

41La mise en perspective du développement peut se faire dans plusieurs directions. Soit, se plaçant dans l’espace et le contexte du moment qui le caractérise, on en repère les dimensions politiques, économiques et culturelles : celles anciennes de la compétition entre deux blocs qualifiés par euphémisme de coexistence pacifique (RTM, 1968) mais qui étaient en fait celles d’une économie mondiale fortement militarisée avec les conséquences que l’on sait pour les pays en voie de développement, à la fois enjeu de concurrence pour la vente d’armes et de compétition pour la conquête du pouvoir (TM, 1966, n°28) ; celles de caractère encore plus général des liens entre démocratie et développement (MARCHESIN, 2004) ; celles plus récentes d’un monde de plus en plus fragmenté (IKONICOFF, 1980). Une dimension particulière, longtemps négligée mais à laquelle la revue a consacré récemment deux numéros spéciaux (CARTIER-BRESSON et SALAMA, 2003, n° 174 et n° 176), est celle de la violence aux formes variées, issues des conflits armés, des guerres civiles, des affrontements ethniques, du terrorisme ou plus simplement du crime organisé. Soit, se situant d’emblée dans l’avenir, on peut imaginer ce que le jeu des variables et les inflexions que peuvent leur faire subir les choix des hommes sont susceptibles d’apporter, et c’est alors à la prospective que l’on va faire appel (RTM, 1971), avec bien sûr le risque de mal maîtriser les apports du temps, ou encore on pourra laisser davantage de place à l’imagination et au rêve éveillé que constitue l’utopie (HAUBERT, 1978). Ou bien, se tournant davantage vers le passé pour en tirer les leçons, et en confrontant différentes expériences, on examine (ce que l’on peut considérer a posterioricomme une innovation de la Revue Tiers Monde) les facteurs de blocage du développement  [12].

2 – Espaces

42On peut concevoir l’espace de différentes façons. Du point de vue notamment des géographes présents dans la Revue Tiers Monde dès les premiers numéros, il peut tout d’abord être conçu sous la forme des espaces concrets visibles dans la construction qu’est la ville, de même que dans la notion de pays – notion susceptible de s’élargir, à l’heure du village planétaire, aux dimensions d’ensemble de notre globe, conférant à l’écologie un rôle essentiel et fondant par là même le concept de développement durable  [13]. L’espace peut ensuite être conçu comme des espaces abstraits résultant de décisions des acteurs, que ces espaces concernent au plan national les questions d’aménagement du territoire, des bassins fluviaux ou des transports, ou au plan international les tentatives d’intégration. Enfin, cela peut être des espaces encore plus difficiles à cerner puisque imaginaires, résultant de valeurs partagées qui prennent le nom de culture ou de religion. La Revue Tiers Monde s’est intéressée à ces trois catégories d’espaces.

a – La ville

43On sait que les villes du Tiers Monde connaissent une croissance fulgurante ; ce phénomène, que découvre le touriste qui voyage à Mexico ou à Lagos, ne pouvait que retenir l’attention des chercheurs qui lui ont consacré quelque 62 articles. Dès que fut prise l’initiative de dédier à cette question un numéro spécial (SANTOS, 1971), l’ampleur des matériaux conduisait d’emblée à compléter cette livraison par 11 notes rejetées en documentation dans le numéro suivant. La ville est abordée sous les angles historique, statistique, de l’analyse spatiale, de la sociologie des populations, des problèmes juridiques d’accession au foncier, des formes spécifiques d’accès à l’eau et de logement que sont les bidonvilles, de l’alimentation, de la structuration sociale dans l’occupation de l’espace (MANOU SAVINA, ANTOINE et al., 1985) ou encore des problèmes humains et professionnels engendrés. Elle présente ainsi de nombreux aspects, économiques, politiques et culturels (PERROUX, 1967b), toutes dimensions sur lesquelles ne manque pas de revenir un numéro récent de la revue, y compris en traitant d’aspects souvent négligés comme la criminalité et les stratégies de survie des bandes d’enfants dans certains pays d’Amérique latine (MORELLE, 2006).

b – La région

44Il est cependant des espaces plus immatériels, ceux de la cartographie ou des plans d’aménagement (BUGNICOURT, 1978), qui permettent de donner chair aux concepts d’espaces homogènes, structurés et contenus de plan naguère proposés par F. PERROUX. La Revue Tiers Monde a consacré à ces questions d’autres contributions. Si on se place au plan national, les 64 articles que l’on peut recenser, mais surtout les différents numéros spéciaux qui en traitent permettent de montrer l’impact des forces externes (notamment le rôle de l’investissement international), à chaque période de développement du système capitaliste, surles éléments des systèmes internes des pays dominés. En d’autres termes, ils permettent de rendre compte de la dialectique des pôles d’influence et des espaces dépendants (RTM, 1972, n° 50), de cerner les possibilités offertes ou au contraire les obstacles rencontrés par le développement local (DUBRESSON et FAURÉ, 2005), et de préciser par quels mécanismes les activités tertiaires supérieures interviennent dans les relations inégales entre pays jouant sur l’organisation de l’espace des pays en voie de développement (RTM, 1975). L’élaboration progressive de la méthodologie correspondante permet alors de se livrer à des comparaisons sur les modes de construction de la régionalisation et d’étudier les processus en résultant (HUGON, 1996 ; RTM, 2000 : RTM, 2002). Si on se place spécifiquement au plan international, l’espace abstrait qui surgit alors est celui des intégrations ou des formes d’intégration persistantes entre les métropoles et leurs anciennes possessions coloniales comme dans le cas de la zone franc (LELART, 1997) ou encore, plus généralement, du type de relations pouvant s’établir entre espaces au développement économique différent comme l’Europe et le Tiers Monde (HUGON, 1993).

c – Les communautés culturelles

45Il est un troisième type d’espace : celui des communautés partageant les mêmes systèmes de valeurs, qu’elles soient celles de la culture ou de la religion. Les questions de culture pouvaient sembler avoir été longtemps négligées par la revue. À peine pouvait-on relever de loin en loin des interrogations sur la possibilité d’une culture latino-américaine (RTM, 1969), une esquisse d’analyse sur le problème de l’acculturation (RTM, 1970, n° 41), deux articles sur le bilinguisme en Algérie (RTM, 1974), une tentative de cerner le concept de développement culturel (RTM, 1983). Cette faille, d’autant plus regrettable que le changement culturel est associé au développement économique dans le titre même d’une revue anglo-saxonne concurrente, a été finalement comblée par un numéro exceptionnel de treize articles scrutant la question sous différents aspects et dans différents pays (LÊ THÀNH KHÔI, 1984). Une dimension importante de la culture est la religion. Dix ans après avoir vu le jour, la revue a abordé cette question de façon incidente en traitant du bouddhisme (CAO HUY TUAN, 1970), à l’occasion d’un numéro spécial consacré au Vietnam. Le problème a été traité par la suite de façon plus approfondie en consacrant pour cela deux numéros spéciaux à l’Islam tout d’abord (MOATASSIME, 1982) et aux différentes religions ensuite (judaïsme, hindouisme, évangélistes ou pentecôtistes en Amérique latine ou en Afrique) (GOUSSAULT, 1990).

3 – Structures institutionnelles

46Nous donnerons au terme de structures institutionnelles une acception élargie, entendant par là les structures dont se dotent les appareils administratifs, mais aussi les formes d’organisation de l’activité économique et, ce qui est moins courant, les constructions purement conceptuelles opérées par le chercheur pour rendre compte des modes d’organisation sociale des individus.

a – Appareils politiques

47Les stratégies du développement sont nécessairement prises en charge par des institutions. En effet, si pendant longtemps la planification a pu apparaître comme une condition nécessaire du développement, celle-ci trouvait place dans des structures administratives. La Revue Tiers Monde ne leur a sans doute pas accordé toute la place qui leur convenait, ne leur consacrant qu’un nombre d’articles limité, mais les institutions ont cependant retenu l’attention des chercheurs et, au premier rang d’entre elles, l’État auquel a été consacré un numéro spécial (IKONICOFF, 1983). Dans le Tiers Monde où, comme ailleurs, l’État exerce le monopole de la violence légitime, il a surtout à faire face aux contraintes de l’industrialisation et, à cet effet, se veut plus ou moins autoritaire, même s’il est souvent dépourvu de moyens pour ce faire, à tel point que l’on a pu parler, au moins pour certains États africains, de proto-État ou, plus généralement, d’État « mou » (MYRDAL, 1969). Sans doute existe-t-il des revues spécialisées dans l’étude des institutions administratives, mais il est permis toutefois de penser qu’il serait utile que les chercheurs se mobilisent pour en faire une étude spécifique en liaison avec l’état de sous-développement. La revue en avait souligné l’intérêt au début de son existence (ROUSSEAU, 1963), elle avait même amorcé une analyse de l’institution militaire (LOWY et SEDER, 1976 ; DABEZIES, 1992) ; au-delà de ces approches fragmentaires, étudier par exemple les administrations étatiques financières, du travail, de la protection sociale, des affaires étrangères ou le fonctionnement des appareils décentralisés permettrait d’en apprécier l’effectivité et de se débarrasser d’une vision d’un État unitaire ou envisagé surtout dans sa dimension idéologique.

48En dehors de l’État, ce sont les organisations internationales qui ont retenu très légitimement l’attention des chercheurs. Si la FAO ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont été parfois évoquées, ce sont surtout les institutions à vocation économique qui ont fait l’objet de recherche : le PNUD dans ses relations avec l’aide aux pays en voie de développement, mais surtout la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) dont on connaît les rôles qui ont été les leurs dans les plans d’ajustement  [14], la valorisation du libéralisme (RTM, 1999) ou pour leur contribution à la domination des principes liés au « consensus de Washington ». Plus récemment, en liaison avec la globalisation, l’attention s’est également portée sur les travaux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) relatifs à la « libéralisation » de l’agriculture et des services et aux prises de position de son organisme de règlement pour ce qui concerne les transactions internationales et à ceux de l’Organisation internationale du travail (OIT) cherchant à protéger le sort des travailleurs en militant pour l’adoption d’une « clause sociale ». Enfin, avec l’essor de l’altermondialisme et la montée en puissance de la « société civile », il était utile, fut-ce éventuellement avec un regard critique, que l’attention de la revue se porte sur l’activité des ONG (LE NAËLOU et FREYSS, 2004).

b – Entreprises

49Un deuxième type de structures institutionnelles concerne les modes d’organisation de l’activité économique. Deux d’entre eux ont particulièrement retenu l’attention des chercheurs : avec les firmes multinationales, les très grandes entreprises et, avec le secteur informel, les micro-entreprises. Les premières apparaissent pour la première fois dans la revue en 1976  [15] ; il en sera question par la suite à de multiples reprises avec en particulier deux numéros spéciaux qui leur sont consacrés (MASINI, 1978 ; ANDREFF et MASINI, 1988). Elles seront étudiées dans les différents domaines de leur activité – y compris celui peu habituel du sport – ainsi que sous l’angle de leurs stratégies et pratiques, notamment en matière d’investissement, de prix de cession interne et de transfert de technologie mais aussi de relations professionnelles. Les formes d’activités économiques peuvent revêtir dans les pays sous-développés un caractère spécifique. C’est le mérite de la Revue Tiers Monde, alors que l’OIT commençait à s’intéresser à cette question, que d’avoir exploré les particularités du secteur dit informel. Ainsi les treize articles d’un numéro spécial (HUGON, 1980) consacré à ce thème peuvent-ils s’organiser autour de trois axes que l’on retrouvera par la suite dans d’autres contributions (RTM, 1990) : un axe descriptif décrivant dans toute leur hétérogénéité les formes de production urbaine, un axe historique ou prospectif s’interrogeant, à partir d’un certain nombre de cas (Algérie, Tunisie, Madagascar, Côte d’Ivoire, Haute Volta) sur le caractère évolutif ou involutif de ces formes d’activités ; un axe analytique se référant à un certain nombre de débats conceptuels ou méthodologiques (Le secteur informel est-il une nouvelle forme de dualisme ? Quelles sont ses lois de fonctionnement, peut-on les modéliser ? Existe-t-il une soumission de ces formes de production au capital ? Est-ce une forme déguisée du salariat, de l’armée de réserve, de la marginalité ?).

c – Catégories sociales

50Les hommes font l’objet de partitions plus ou moins visibles, partitions qui, en retour, suscitent parfois des structures d’organisation spécifiques. La première partition, la plus immédiate, repose sur le sexe. Dix ans après la célébration de l’année de la femme par les Nations Unies, la Revue Tiers Monde décidait de consacrer à ce thème un numéro spécial au titre doublement évocateur  [16] puisque d’une part les femmes, largement invisibles jusque-là dans la revue qui partageait en cela l’androcentrisme ambiant, apparaissaient désormais au grand jour et que d’autre part c’était leur participation aux activités productives (agriculture, mouvement coopératif mais aussi micro-réalisations), seules à même de leur conférer un véritable statut social, qui se trouvait analysée avec rigueur. Depuis, la revue s’est intéressée aux domestiques que l’on rencontre avec des statuts variés dans les pays du Sud (Brésil, Côte d’Ivoire, Yémen, Inde) ou immigrées dans les pays du Nord (France, Espagne) (DESTREMAU et LAUTIER, 2002), à la baisse de la fécondité en liaison avec le statut de la femme en résultant (SAMUEL et ATTANÉ, 2005).

51Une deuxième partition déjà plus élaborée est celle du métier qui fonde en partie chez nous le concept de catégorie socioprofessionnelle : dans ce cadre-là, la Revue Tiers Monde nous a livré des analyses concrètes concernant des professions aussi différentes que les militaires, les infirmiers, les enseignants, les commerçants, les artisans et, surtout, dans le cadre de numéros spéciaux, les paysans d’une part (HAUBERT, 1991) – considérés à la fois dans leur fonction économique face aux politiques agraires, dans leur mode d’organisation (mouvement coopératif notamment), mais aussi dans le rôle politique qui peut être le leur en Afrique ou en Amérique latine – et les professions intellectuelles et scientifiques d’autre part (LONGUENESSE et WAAST, 1995).

52Une troisième partition, de nature beaucoup plus abstraite, est celle des classes sociales. Cette question, abordée de façon tangentielle à l’occasion de l’étude de certains pays, l’a été de front avec deux numéros spéciaux (KAYSER, 1985 ; PAIX, 1990) ; prenant en considération le rôle économique et le rôle politique des élites en question, un troisième numéro spécial en tirait les conséquences en matière d’affrontements de classes (COURNAREL, 1979). Il serait sans doute intéressant de mettre en parallèle avec ces classes moyennes ou cette bourgeoisie des pays en voie de développement, que l’on peut considérer en quelque sorte comme les « élites » de l’industrialisation, ceux qui en sont les véritables supports, la classe ouvrière émergente. Or – et on peut le regretter – la figure de l’ouvrier, même si elle peut apparaître en quelque sorte en creux, semble quelque peu la grande absente des numéros de la revue  [17].

4 – Activités économiques

53La place consacrée aux différentes formes d’activités économiques par la revue n’est pas sans lien avec la place qu’elles occupent dans les pays sous-développés. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de voir le nombre élevé d’articles consacrés à l’agriculture ou au commerce international pour des pays qui demeurent largement agricoles et très dépendants de l’extérieur.

a – Agriculture

54La place accordée à l’agriculture dans la Revue Tiers Monde est très importante, avec 176 articles et plusieurs numéros spéciaux (GOUSSAULT, 1973 ; ROUX, 1982 ; RTM, 1981, n° 88 ; HAUBERT, 1991 ; DUFUMIER, 1993 ; RTM, 2005). Indépendamment de l’étude particulière à tel ou tel pays, ceci a permis d’explorer de nombreuses questions ; énumérons-en quelques-unes « en vrac » : structures foncières et réformes agraires ; rente foncière, prix agricoles et participation de l’agriculture au financement de la croissance ; encadrement agricole, modes d’organisation notamment coopératives et associations de villages ; révolution verte, diversification des cultures, recherche agronomique, vulgarisation agricole, transfert des techniques et action de formation des hommes ; pauvreté rurale, rôle des femmes dans les projets de développement agricole ; investissement-travail, aménagement des campagnes, protection du milieu naturel ; endettement paysan, incidences des plans d’ajustement sur l’agriculture ; organisationset luttes paysannes, etc. Dans le champ très large des problèmes affrontés par l’agriculture dans le Tiers Monde deux méritent toutefois une mention sociale : la question de l’eau dont la thématique dépasse certes ce seul champ d’activité car l’accès à ce bien indispensable devient un problème mondial (MEUBLAT, 2001), la place et les problèmes redoutables que peuvent représenter demain, avec la biotechnologie, les plantes génétiquement modifiées (DUFUMIER, 2006).

b – Industrie

55Si l’agriculture est une réalité bien présente dans les pays en voie de développement, l’industrie est souvent une ambition qui, ailleurs que dans les nouveaux pays industriels, ne trouve guère à s’exprimer sous d’autres formes que celles du souhait. Quoi qu’il en soit, la revue a consacré de nombreux articles (106) aux industries des pays concernés, y compris avec plusieurs numéros spéciaux (CALIL PADIS, 1976 ; IKONICOFF, 1976 ; RTM, 1987, n° 110 ; SID AHMED et VALETTE, 1988 ; COURLET, 1989). Ces industries sont diverses : sidérurgie, industries de guerre, industries minières, construction automobile, agro-alimentaire, textile, etc., et plus récemment informatique et électronique. Mais c’est surtout l’énergie, notamment pétrolière, qui, avec 25 articles, a le plus souvent été explorée ; à la fois pour son éventuel caractère d’industrie industrialisante comme on avait pu l’espérer dans le cas de l’Algérie, mais aussi pour le « dutch desease » dont ont pu souffrir certains pays africains ayant eu la chance de bénéficier de l’or noir, activité économique qui a pu générer un type particulier d’économie : l’économie « rentière » (DESTREMAU, 2000). En même temps, les chercheurs n’ont pas manqué de soulever les aspects particuliers, du point de vue organisationnel, de cette industrialisation avec les formes de coopération en joint-venture, le fonctionnement des zones franches d’exportation, mais aussi les modalités de la sous-traitance pour le compte de firmes transnationales dont les « maquiladoras » de la frontière mexicaine ont pu être l’illustration. Si actuellement la Chine entend être « l’atelier » du monde, l’Inde, dit-on parfois, voudrait être son bureau de gestion, voire son laboratoire de recherche avec, au-delà des centres d’appel qui s’y multiplient, la gestion de comptes et de dossiers d’assurance ou le traitement d’analyses médicales tirant parti du décalage horaire avec les États-Unis. Ces phénomènes émergents justifient que la revue, qui s’était déjà préoccupée dans deux numéros spéciaux de l’audiovisuel (MIGNOT-LEFEBVRE, 1979 ; KHOURI et MIGNOT-LEFEBVRE, 1996), s’intéresse aux activités nouvelles généralement rangées sous le sigle de NTIC (GEORGES, 2006 ; MIGNOT-LEFEBVRE, 1994), Cela confère aux relations de la technique et de la science une place particulière, question qui peut être appréhendée sous des angles divers : celui des apports des scientifiques des pays industrialisés aux pays sous-développés, celui des besoins de ces derniers, celui de la coopération scientifique et technique pouvant en résulter (RTM, 1979, n° 78).

c – Services

56Le secteur des services semble au contraire avoir été très largement oublié dans les analyses de la revue (LANVIN et PRIETO, 1986). Alors que la recherche de l’ensoleillement ou la découverte de cultures exotiques conduisent des millions d’individus à pratiquer un tourisme international, nous pouvions regretter, il y aune dizaine d’années, que l’étude de celui-ci avec les ressources qu’il est susceptible de procurer aux pays sous-développés mais aussi les facteurs d’acculturation qu’il implique n’ait fait l’objet dans la revue que d’un seul article (SID AHMED, 1987). Heureusement, ce retard a été comblé depuis avec un numéro spécial qui traite de cette activité dans ses différentes dimensions économiques, politiques, culturelles, éthiques (CAZES et COURADE, 2004).

d – Commerce international

57À ces trois secteurs d’activité qui sont fidèles au schéma de Colin CLARK, il convient d’ajouter les activités qui relèvent du commerce international et dont traitent 178 articles. Dans les années 1960, le problème essentiel auquel se trouvaient confrontés les pays en voie de développement, fortement dépendants des échanges internationaux, était celui de la stabilisation du cours des matières premières qu’ils exportaient – d’où, à une époque où les yeux se tournaient volontiers du côté de la CNUCED, l’importance accordée aux accords internationaux sur les produits de base : café, étain, sucre, etc. Dans les années 1970, se faisait jour chez eux la revendication d’un nouvel ordre économique international destiné à changer les règles du jeu qui les desservaient trop – d’où la critique des termes de l’échange (LATOUCHE, 1977), l’accent mis sur les accords de coopération monétaire et financière, l’attention portée aux questions de transferts de technologie (GERMIDIS, 1976 ; RTM, 1990 ; MIGNOT-LEFEBVRE, 1987), l’élaboration de codes de conduite à l’usage des multinationales ou les efforts pour développer un commerce Sud-Sud. Aujourd’hui, le commerce international se situe, ce qui ne manque pas d’en modifier les caractéristiques (AKYÜZ et FONTAINE, 1994), dans le cadre de la globalisation. Celle-ci est caractérisée entre autres par l’importance des échanges internes aux firmes transnationales, par une financiarisation accentuée des activités, par la diffusion instantanée des informations permise par les nouvelles technologies de communication, enfin par la constitution de blocs régionaux qui fragmentent l’espace international (HUGON, 1993). Dans cette dernière période, le problème de la dette des pays en voie de développement (MASINI, 1984) continue à constituer pour eux une question lancinante tandis que, de leur côté, les pays développés s’inquiètent des risques de délocalisation de leurs activités vers les pays à bas coût de main-d’œuvre, alors que chaque jour croît le nombre de zones franches de production.

e – Autres activités

58À ces activités traditionnellement constitutives de toute économie nationale et largement prises en considération par les chercheurs s’en ajoutent trois autres, moins habituelles sans doute dans les pays en voie de développement, parce que plus récentes, mais qui ont également fait l’objet d’enquêtes scientifiques dans la revue. Il s’agit d’abord de la recherche, avec 42 articles sur ce qui peut être de la recherche appliquée – agronomique ou en vue de la mise au point de technologies appropriées par exemple –, même s’il existe ici un certain mimétisme, ou de la recherche fondamentale (RTM, 1979) – par exemple sur l’énergie solaire ou l’utilisation énergétique des végétaux, éventuellement en coopération avec les pays développés, même si celle-ci n’est pas débarrassée de tout relent de néo-colonialisme ou relève de domaines largement dominés par les entreprises multinationales. Il s’agit ensuite, les pays du Tiers Monde étant entrés eux aussi dans lagalaxie MAC LUHAN, du vaste domaine des technologies de la communication et de l’information (cinéma, télévision et autre moyens audiovisuels, industrie du logiciel, etc.) auxquelles ont été consacrés quelque 38 articles, notamment dans le cadre de deux numéros spéciaux (MIGNOT-LEFEBVRE, 1979 ; 1994). Il s’agit enfin du commerce de la drogue, auquel la Revue Tiers Monde a consacré treize articles et un numéro spécial (SALAMA et SCHIRAY, 1992), qui peut procurer des ressources importantes pour certains pays sous-développés contribuant ainsi à l’équilibre de leur balance des paiements, mais qui, on le sait aussi, favorise la corruption.

5 – Politiques économiques

59Le champ des politiques économiques est vaste. Nombre de domaines examinés plus haut sont concernés par l’intervention des autorités étatiques ; c’est ainsi qu’il existe une politique industrielle, une politique agricole, etc. Nous nous bornerons ici à examiner deux types d’interventions qui, dans le cas des pays en voie de développement, présentent une certaine importance.

a – Monnaie et finances

60Les questions monétaires et financières sont souvent cruciales pour les pays en voie de développement dont certains, notamment en Amérique latine, ont connu dans la période récente des phénomènes d’hyper-inflation et ceci pour différentes raisons. Tout d’abord parce qu’il est nécessaire pour eux de financer leurs investissements et le processus d’accumulation et, pour ce faire – quand ils ne veulent ou ne peuvent recourir à des formules originales comme l’investissement-travail (GUICHAOUA, 1991) –, de mettre en place des structures bancaires performantes comme les banques de développement ou des institutions de crédit adaptées (GENTIL et HUGON, 1996). C’est ainsi qu’anticipant l’attribution du prix Nobel de la paix à Muhammad YUNUS, fondateur de la banque des pauvres du Bangladesh et qui consacrait le principe du crédit solidaire, la Revue Tiers Monde a consacré deux numéros spéciaux à la microfinance (GENTIL et HUGON, 1996 ; GENTIL et SERVET, 2002). Cette importance des questions monétaires découle aussi de leur dépendance envers la trans-nationalisation des circuits monétaires et financiers, de leur appartenance à une zone monétaire à l’intérieur de laquelle ils sont des agents subordonnés ne maîtrisant guère les processus de dévaluation qu’ils subissent, ou encore de leur soumission aux injonctions du FMI dans le cadre des plans d’ajustement structurel qu’ils sont de plus en plus nombreux à connaître. La difficulté que ces pays ont à maîtriser la variable monétaire est souvent à l’origine, au plan interne, d’une inflation qui, dans le cas de l’Amérique latine, a été qualifiée tour à tour de structurelle puis d’inertielle et, au plan externe, d’une dette importante qu’il leur faut tenter de résorber (MASINI, 1984). À cet ensemble de problèmes ont été consacrés par la revue, au fil des années, quelques 92 articles.

b – Politiques internationales

61Dans le domaine des politiques économiques internationales, les articles publiés par la revue peuvent aisément, dans une perspective chronologique, se partager en trois sous-ensembles. Dans un premier temps c’est le mot « aide » quil’emporte (question à laquelle sont consacrés 49 articles), évoquant ainsi une série de flux provenant du centre et en direction de la périphérie. Dans un deuxième temps, les rapports semblent plus égalitaires et c’est alors le mot « coopération » qui fait son apparition (FISHER, 1973 ; SID AHMED, 1983 ; GUICHAOUA, 1997). Enfin, dans un troisième temps, le vocabulaire fait état de phénomènes plus contraignants, le terme d’ « ajustement » traduisant les obligations imposées aux pays sous-développés par les institutions monétaires internationales. Ce terme fait semble-t-il sa première apparition dans un article en 1976 (DE BANDT, 1976) ; il va rapidement prendre une dimension tragique (L’HERITEAU, 1982) et faire ensuite, dans les 39 articles qui dans la revue en ont traité, l’objet d’analyses approfondies et critiques (IKONICOFF et SALAMA, 1987, n° 109 ; LAUTIER et SALAMA, 1989).

6 – Conditions sociales

62Il n’est de richesse que d’hommes proclamait-on naguère ; aujourd’hui on s’inquiète souvent, au contraire, de la démographie galopante des pays en voie de développement. Il est donc parfaitement compréhensible que les questions démographiques aient fait l’objet de nombreux articles (41) dans lesquels ont été abordés différentes questions (problème théorique de la transition démographique, collecte des données, modélisation notamment dans une perspective de besoins scolaires, incidences sur l’urbanisation, politiques de population, contrôle des naissances et débats internationaux dans lesquels ces questions donnent lieu à affrontement entre doctrines concurrentes) et qu’elles aient même justifié un numéro spécial, préfacé par Alfred SAUVY (BOURCIER DE CARBON, 1983). Ces hommes, il convient ensuite, suivant la belle formule de F. PERROUX, de les nourrir, les soigner, les libérer, ce qui va conférer aux thèmes de l’alimentation, de la santé, de l’éducation et de l’emploi toute la place qui leur convient.

63On sait que la malnutrition de l’enfant a des répercussions sur l’individu ; elle en a aussi sur la collectivité, et l’insuffisance alimentaire peut être un facteur de blocage de développement. En consacrant 46 articles et quatre numéros spéciaux à ce thème (DUPIN, 1975 ; CALVO et COURADE, 1992 ; HAUBERT et COURADE, 1998 ; JANIN et DE SUREMAIN, 2005), la Revue Tiers Monde a contribué tout à la fois : à nous apporter une importante documentation factuelle sur la situation nutritionnelle de telle ou telle région continentale, les pratiques alimentaires traditionnelles ou nouvelles, la dépendance alimentaire des pays en voie de développement, particulièrement en milieu urbain, les innovations dans les technologies alimentaires ou encore les incertitudes et les enjeux des politiques alimentaires (JANIN et DE SUREMAIN, 2005) mais, en même temps, à élaborer des normes permettant par exemple de calculer une ration alimentaire normale dans une perspective de planification.

64La santé s’est vue accorder elle aussi un poids sensible, avec dix articles et deux numéros spéciaux (RTM, 1973 ; BIADI-IMHOF, 2006), s’intéressant à l’état sanitaire des populations en général, aux maladies tropicales mais aussi, initiativeoriginale, à la santé mentale. On peut toutefois regretter que l’étude du Sida – alors que l’on sait avec quelle ampleur il frappe l’Asie ou l’Afrique – n’ait fait jusqu’ici l’objet que d’un seul article (SIMONET, 2003). Il existe des liens étroits entre santé, croissance et développement : d’où l’importance accordée à l’analyse des maladies tropicales, à l’éducation pour la santé, à la formation des personnels de santé, à la recherche médicale, à la notion forgée par l’OMS de médicament essentiel, à la fourniture aux populations de médicaments adaptés, à l’élaboration d’indicateurs pertinents, à la planification sanitaire, à l’action sanitaire ou médico-sociale et, si possible, avec participation de la population.

65L’éducation a toujours occupé une grande place dans la Revue Tiers Monde, ce qui est normal pour une institution d’enseignement et de recherche. Le premier numéro de la revue, à caractère d’emblée thématique, ne s’ouvrait-il pas en effet sur les travaux d’un colloque international sur la planification de l’éducation et ses problèmes économiques et sociaux, avec 26 articles consacrés à ce sujet dont 9 rangés sous la rubrique « Facteurs économiques » (financement et techniques de planification), 7 sous la rubrique « Facteurs sociologiques » (rôle des idéologies, problèmes de l’analphabétisme et de l’éducation de masse), 7 sous la rubrique « Facteurs pédagogiques et institutionnels » (programmes, examens, alphabétisation des adultes et formation professionnelle) ? Régulièrement par la suite, et chaque année au moins, un article traitera de l’éducation, tandis qu’à plusieurs reprises des numéros thématiques seront spécialement consacrés à cette question (TM, 1960 ; TM, 1964 ; RTM, 1970, n° 41 ; RTM, 1972, n° 49 ; RTM, 1974). Si on rencontre dans les pays en voie de développement un certain nombre de problèmes que nous connaissons bien dans nos pays développés (inégalités sociales d’accès, déperditions d’effectifs, qualité insuffisante des rendements scolaires), mais il est vrai considérablement accrus, on en trouve aussi de plus spécifiques aux pays en voie de développement (alphabétisation, scolarisation des femmes, statut de l’enseignant, qualité des équipements éducatifs, spécificités de l’enseignement en milieu rural, particularités de l’enseignement agricole et de l’éducation rurale) ou à certains d’entre eux (passage de l’école coloniale à l’école nationale, incidences du bilinguisme, rôle des langues de culture comme par exemple le français en Afrique noire). Un problème essentiel semble cependant devoir être mis en lumière : la fuite vers l’enseignement supérieur étant un enjeu de la compétition sociale, le fragile équilibre entre les différents ordres d’enseignement se trouve remis en question. Est aussi posée la question de l’utilisation optimale des rares ressources disponibles, notamment dans les périodes de restrictions budgétaires, obligeant à repenser, en particulier sous l’influence des institutions monétaires internationales, les stratégies d’enseignement en pays sous-développés (VINOKUR, 1987).

66Dans les premiers numéros de la revue, l’emploi (auquel ont été consacrés au total 82 articles) a souvent été traité sous l’angle technique de l’analyse de la composition de la population active dans les pays en voie de développement, de la prévision et de la traduction des objectifs d’emploi en objectifs d’éducation. Ou bien les chercheurs se sont efforcés d’en décrire certains aspects, notamment dans le vaste domaine du secteur informel. Pour les travailleurs des pays sous-développés, l’emploi se trouve souvent ailleurs, obligeant les individus à émigrer ; cette dimension a bien entendu retenu l’attention de la Revue Tiers Mondequi lui a consacré de nombreux articles et même deux numéros spéciaux (KAYSER,1977 ; BEAUGÉ, 1985). Par la suite, les évolutions de la conjoncture mondiale ont entraîné certaines inflexions dans le champ de recherche : dans les années 1970 prévalait un certain optimisme qui s’est manifesté entre autres par l’intérêt attaché au programme mondial de l’emploi lancé par le Bureau international du travail (BIT) ; plus tard l’attention s’est portée sur les menaces que les programmes d’ajustement structurel pouvaient faire porter sur l’emploi, en particulier dans le secteur public. Parallèlement, en liaison sans doute avec la vogue des théories de la régulation, l’analyse s’est élargie, au plan théorique, en direction de l’étude du rapport salarial (RTM, 1987, n° 110)  [18] et, au plan pratique, en même temps que l’investissement-travail retrouvait un regain d’intérêt (GUICHAOUA, 1991), les recherches ont analysé les spécificités d’emploi dans les entreprises multinationales ou dans les zones franches d’exportation et ont cerné, en liaison avec la mondialisation de l’économie, ce que pourrait être l’impact d’une clause dite sociale. Mais ce sont aussi les formes d’emploi qui se sont transformées avec les restructurations et les délocalisations d’une part, les différentes formes de flexibilité et de précarité d’autre part, ce qui a conduit la revue à organiser un numéro particulier consacré à cette question (HIRATA, LAUTIER et SALAMA, 1998 ; FERGUENE et HSAINI, 1998).

67Une des conditions sociales plus particulièrement propre aux pays en voie de développement est le logement. ENGELS, à l’époque de la révolution industrielle, en avait bien vu toute l’importance en y consacrant une étude. Paradoxalement, pendant plus d’un quart de siècle, la revue s’est désintéressée de cette question (à peine avons-nous pu relever un article y étant consacré en 1965). Elle s’est quelque peu rattrapée, même si bien tardivement, en organisant sur cette question un numéro spécial conçu autour de trois thèmes essentiels (ROCHEFORT, 1988) : « L’accès au sol : de la répression à la régularisation » ; « Les agents de la production immobilière et les pauvres » ; « La variété des formes de production du logement des pauvres ».

68Il est un domaine qui a été peu exploré par la revue, c’est celui de la répartition des revenus. On peut certes, de loin en loin, trouver un article qui y fasse plus ou moins allusion, que ce soit sous un angle théorique (MEDAM, 1963) ou sous un angle plus factuel (ABDEL FADIL, 1985). Il a fallu toutefois attendre le n° 115 pour voir apparaître, sous la plume de deux collaborateurs étrangers, des recherches un peu plus fouillées (KIRPATRICK, 1988 ; ELSENHANS, 1988) et l’année 1995 pour qu’un numéro spécial soit consacré à ce thème (LAUTIER et SALAMA, 1995), sous l’angle un peu particulier de la pauvreté. Il est vrai que répartition des revenus et pauvreté ne sont pas des thématiques tout à fait identiques. La première semble devoir concerner davantage les pays développés en étudiant les sources (revenus du travail ou des patrimoines), les formes (salaire, traitement, guelte, intéressement, minima sociaux, etc.), les inégalités (écarts inter-déciles, coefficient de Gini) ; tandis que la deuxième traite d’une question plus complexe et plus diversifiée (précarité, exclusion, modes de survie, formes spécifiques de solidarité, etc.) conduisant à distinguer de nouvelles catégories dans le champ du Tiers Monde avec les PMA et les pays émergents par exemple. Sans doute, sur les payssous-développés plus que sur les pays industrialisés manque-t-on de données fiables en la matière mais, ne serait-ce que pour pouvoir apporter un élément de confirmation ou d’infirmation aux propos de KUZNETS sur les évolutions des inégalités de revenus au cours du développement, il serait peut être utile de conférer à la question de la répartition des revenus le statut de programme de recherche. À la différence des gouvernements qui ne souhaitent sans doute pas apporter de clarté dans ce domaine particulièrement sensible (c’est du moins ainsi qu’il est possible d’interpréter la récente suppression en France du Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale), n’est-ce pas l’ambition fondamentale et l’honneur professionnel des chercheurs que de contribuer à éclairer, de façon si modeste que puisse être leur contribution, les coins les plus obscurs du champ de la connaissance ?

69Consultons, au moment de conclure, la troisième page de couverture de la revue, où l’IEDES nous est présenté. On y trouve un constat et un engagement. Le constat relie le passé au présent : « Depuis un demi-siècle la notion de développement a profondément évolué. À cause du contexte historique, tout d’abord : les décolonisations, la fin de la bi-polarisation Est-Ouest, l’hétérogénéité croissante des pays du Sud, l’ajustement économique et le mouvement de mondialisation ont bouleversé la donne. La façon de voir a elle aussi changé, tant dans les milieux académiques que dans les institutions d’aide et de coopération : de nouveaux acteurs ont surgi (les ONG, la « société civile »), des thèmes s’éclipsent (l’échange inégal, la planification, etc.) remplacés par d’autres (l’économie informelle, la pauvreté, la « bonne gouvernance », le développement durable, etc.). La question du développement polarise les enjeux majeurs du siècle à venir : les tensions politiques et géopolitiques, la possibilité d’une croissance « soutenable » à l’échelle mondiale, l’harmonie problématique entre progrès économique, progrès social et environnement ».

70Une rétrospective n’est pas concession à la nostalgie mais promesse d’avenir car des champs, anciens ou nouveaux, s’offrent encore à la recherche. L’engagement nous projette donc, quant à lui, du présent vers le futur : « La vocation de l’IEDES est triple : former des spécialistes de haut niveau ; mener des recherches en sciences sociales ; publier les travaux les plus novateurs, notamment à travers la Revue Tiers Monde. Plusieurs principes de base guident ces activités : ainsi l’interdisciplinarité, car nombre d’échecs des opérations de développement peuvent être interprétés comme le résultat d’une vision étroitement monodisciplinaire ; la distance critique, en particulier envers les certitudes des « développeurs » qui ignorent le point de vue des « développés » ; le dialogue permanent et la confrontation, entre la réflexion théorique et l’analyse des projets et politiques mis en œuvre ». On pourra confronter cette vision avec les recommandations, plus haut rappelées, que formulait H. LAUGIER lors de la création de la revue et s’apercevoir que, si une génération vient qui succède à celle qui s’en va, la relève est bien assurée et que pères fondateurs, élèves ou disciples,partageant la même problématique, n’ont pas à rougir de la transmission du flambeau.

71Pour en terminer, élevons un peu le débat. José Maria DE HEREDIA célébrait au siècle dernier ces hommes qui,

72

« Fatigués de porter leurs misères hautaines/De Palos de Moguer, routiers et capitaines/Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal ».

73Les temps ont bien changé et c’est heureux. Pascal BRUCKNER (1983) qui évoquait hier Le sanglot de l’homme blanc dénonce aujourd’hui La tyrannie de la pénitence (BRUCKNER, 2006). Laissons aux historiens le soin de s’interroger sur ce qui est historiquement correct (SEVILLIA, 2003), et continuons à nous consacrer à cette tâche plus humble et néanmoins nécessaire, le développement du Tiers Monde. Nous pourrons peut-être alors, dans l’exaltation de l’œuvre accomplie, comme les Conquérants d’hier,

74

« Penchés à l’avant des blanches caravelles/ (Regarder) monter en un ciel ignoré/Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles ».

Notes

  • [*]
    Économiste, Université de Paris X.
  • [1]
    - Renseignements datés du 24 mars 2006, obtenus sur le site internet : http:// iedes.univ-paris1.fr
  • [2]
    - « Tiers monde » : expression forgée par Alfred SAUVY dans un article de France-Observateur du 14 août 1952 (SAUVY, 1952), en référence au tiers-état français de 1789 (cité par LACOSTE, 1965, p. 24). La revue s’appellera Tiers Monde (TM) jusqu’en 1967, puis Revue Tiers Monde (RTM) ; même si l’expression peut sembler aujourd’hui démodée, le maintien du titre marque la continuité d’un héritage intellectuel revendiqué, ainsi que la persistance de problèmes dans une entité géographique, politique, économique et sociale toujours réelle, même si ses limites sont mobiles.
  • [3]
    - On trouve par exemple une liste des textes de recherches de l’IEDES (RTM, 1991).
  • [4]
    - Bien que le n° 15 de Tiers Monde ne s’intitulât pas numéro spécial, il était en fait entièrement consacré au Mexique avec, précédés par une préface de l’ambassadeur du Mexique, 9 articles et 4 notes mises en documentation (TM, 1963).
  • [5]
    - Sur la vie, les diverses fonctions ou responsabilités assumées au cours de sa vie et l’oeuvre de H. LAUGIER (FISCHER, 1973).
  • [6]
    - Nous nous permettons, en nous en excusant, de renvoyer à notre propre contribution.
  • [7]
    - On pourrait en quelque sorte dire, pour reprendre le titre d’un article de DESTANNE DE BERNIS dans le n°26 de Tiers monde, que « Les progrès des concepts économiques conditionnent les progrès de la mesure » (DESTANNE DE BERNIS, 1966).
  • [8]
    - On sait que cette vision a été largement partagée en Amérique latine avec les théories de la dépendance (OMINAMi, 1979).
  • [9]
    - Peut-être est-il permis de penser qu’en réaction aux politiques d’ajustement structurel dont sont très souvent victimes aujourd’hui les pays en voie de développement, un certain retour à KEYNES est susceptible de se produire dans les années à venir (FONTAINE, 1993).
  • [10]
    - Avec une longue contribution de 100 pages sur l’économétrie du développement (MALDANT, 1968).
  • [11]
    - La technique est traitée dans une rubrique spéciale, disparue par la suite, « Méthodologie » (n° 60 en 1974 et n°64 en 1975).
  • [12]
    - Dans un premier numéro spécial sur ce thème, après un article de F. PERROUX (1966a), neuf articles l’explorent dans ses dimensions historiques, sociologiques, économiques, culturelles, et l’illustrent par des exemples européens ou indiens (TM, 1966, n° 26). Suivront dans un deuxième numéro spécial huit articles avec références à l’Espagne, à l’Afrique, aux pays socialistes (RTM, 1967, n°29). Enfin, dans un troisième numéro spécial, seize articles illustrent les cas de la France, de la Grèce, de la Hongrie, de l’URSS, de l’Iran, du Sénégal, du Japon, du Congo, de l’Argentine (RTM, 1967, n°30).
  • [13]
    - Le thème, qui avait déjà été abordé en 1978 avec un numéro spécial « Environnement et aménagement en Afrique » (BUGNICOURT, 1978), l’a été à nouveau avec quatre récents numéros spéciaux (BENACHENHOU, 1992 ; DUFUMIER, 1993 ; MASINI, 1994 ; KARSENTY et WEBER, 2004).
  • [14]
    - Le thème de l’ajustement a fait l’objet de trois numéros spéciaux (IKONICOFF et SALAMA, 1989 ; LAUTIER et SALAMA, 1989 ; OCDE, 1991).
  • [15]
    - Avec deux articles en traitant dans le numero spécial consacré au transfert des Technologies (GERMIDIS, 1976).
  • [16]
    - « La sortie du travail invisible : les femmes dans l’économie » (MIGNOT-LEFEBVRE, 1985) ; nous n’avons guère repéré avant cette date que huit articles qui leur étaient consacrés.
  • [17]
    - Tout au plus peut-on relever trois articles (ROUX, 1981 ; DERRIEN, 1985 ; HEUZE, 1989).
  • [18]
    - On peut rattacher au rapport salarial la question de la protection sociale qui est liée à la fois au marché du travail (prévoyance) et aux politiques publiques (providence) (DESTREMAU et LAUTIER, 2003).
Français

L’IEDES a cinquante ans, ce qui est l’occasion de dresser un bilan de son activité. Institution d’enseignement et de recherche, on peut rappeler les enseignements dispensés, les diplômes délivrés par l’institut mais aussi les travaux publiés par la Revue Tiers Monde à laquelle ont collaboré des centaines d’auteurs venus de pays différents et de disciplines variées : articles souvent regroupés autour d’un thème donné, documents importants, recensions d’ouvrages ou contributions à des débats. Cette vision quantitative des travaux réalisés à l’IEDES peut être prolongée par une tentative plus qualitative de repérage des contributions à l’avancée des connaissances. Utilisant des concepts originaux et des outils novateurs mais aussi des approches disciplinaires variées, ont été ainsi réalisées des percées significatives dans l’analyse de la croissance et du développement, de la diversité des espaces, des structures institutionnelles, des activités et politiques économiques, des conditions sociales du développement.

Mots clés

  • Croissance
  • développement
  • espaces
  • structures
  • activités
  • politiques
  • conditions sociales
  • éducation
  • recherche

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  • Tiers Monde, 1966, n° 26, Paris, PUF, pp. 239-384.
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  • VASCONCELLOS M. D. (dir.), 2001, « Tensions brésiliennes », Revue Tiers Monde, n° 167, Paris, PUF.
  • VINOKUR A., 1987, « La banque mondiale et les politiques “d’ajustement” scolaire dans les pays en voie de développement », Revue Tiers Monde, n° 112, Paris, PUF.
Guy CAIRE  [*]
  • [*]
    Économiste, Université de Paris X.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2010
https://doi.org/10.3917/rtm.191.0661
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