L’usage du sport dans des intentions et un contexte de solidarité internationale s’étend rapidement et massivement depuis quelques années. Plus précisément, son ampleur et ses formes ont nettement évolué mais il apparaît déjà à la fin du XIXe siècle, notamment dans les projections de Pierre de Coubertin pour qui le sport doit avoir un effet à l’échelle internationale, ou encore, bien plus tard, à l’occasion de la création, en 1959, d’un bureau des sports auquel l’UNESCO affecte le projet de développer des actions à destination des pays africains. Les institutions mondiales, européennes et françaises actuelles y perçoivent encore un intérêt et les acteurs associatifs qui s’y investissent sont à la fois plus nombreux et plus visibles. Aussi cet usage du sport à l’international se présente-t-il comme un objet fort pertinent à investir pour la sociologie du sport française qui, pour le moment, s’en préoccupe peu contrairement aux sciences sociales anglo-saxonnes. L’appréhender comme objet de recherche nécessitera donc, a minima, de tenir compte d’une littérature anglo-saxonne très dense en la matière. Or celle-ci s’est structurée à partir de catégories de pensée dont on trouve difficilement les équivalents en sociologie de langue française. Pareille appropriation paraît d’autant plus complexe que les écarts terminologiques manifestent plus fondamentalement des cultures scientifiques et des rapports à l’objet différents. De fait, si l’émergence de travaux français sur cet usage du sport nécessite évidemment un travail préalable d’inventaire bibliographique, celui-ci impose également un questionnement plus fondamental, une précaution épistémologique consistant à identifier les dynamiques par lesquelles s’est structuré ce champ de recherche puis à examiner, à partir d’elles, les conditions opportunes d’un développement de la sociologie du développement international par le sport portant sur les projets initiés par des acteurs français…