Au cours de ses recherches philosophiques, Walter Benjamin s’est attaché à comprendre les conditions qui déterminent ce qui est visible et expérimentable pour l’homme. Le philosophe est fermement convaincu que l’expérience ne peut être discutée comme un phénomène supra-historique : tout ce qui est perceptible n’est pas inchangé et préfiguré, mais se présente sous des formes historiques qui comprennent un ensemble d’éléments divers, déterminent la possibilité de la perception et la modifient en évoluant. Ces formes historiques sont représentées par tout ce qui fait médiation, rendant possible la perception, qui n’est jamais identifiable comme un acte unique et immédiat ; c’est en vertu de cette fonction médiatrice que le philosophe les désigne par le terme synthétique medium. Les recherches de Benjamin dans le domaine du visible, qu’il mène et intensifie depuis les années 1920, produisent une théorie des médias qui n’est pas seulement une théorie de la perception, mais aussi une véritable histoire de l’expérience, examinant toutes les techniques, les artifices, les formes d’expression et de représentation qui contribuent à rendre possible l’acte de perception historiquement déterminé et variable. C’est ainsi que le philosophe s’exprime : « À de grands intervalles dans l’histoire, se transforme en même temps que leur mode d’existence le mode de perception des sociétés humaines. La façon dont le mode de perception s’élabore (le médium dans lequel elle s’accomplit) n’est pas seulement déterminée par la nature humaine, mais par les circonstances historique…