Nouveaux terrorismes ? Si cet article avait été écrit autour du tournant de l’an 2000, et s’il s’était aligné sur ce que disaient les centres de recherche de l’époque, il n’aurait certes pas négligé Al-Qaïda, qui avait déjà beaucoup frappé au cours de la décennie quatre-vingt-dix : des experts rencontrés à l’époque, comme Arnaud de Borchgrave du CSIS, décrivaient bien le danger que représentait l’organisation depuis ses bases afghanes. Mais un article du genre « Nouveau millénaire et nouveaux terrorismes » daté de décembre 1999 ou de début 2000 aurait sans doute insisté sur la pluralité « des » terrorismes, Ira, Eta, séparatistes, Hamas, Hezbollah, sectes apocalyptiques, terroristes individuels pour les causes les plus diverses, attentats d’extrême-droite aux États-Unis dans la lignée de celui d’Oklahoma City, mais peut-être aussi des actions de l’extrême-gauche dont on attendait une résurgence ou un renouvellement de générations après les années de plomb. Ajoutons à l’énumération des groupes manipulés par des services secrets d’États voyous, d’autres qui naîtraient dans les zones grises de la mondialisation où proliféreraient des groupes armés entre guérilla et crime organisé. Et l’article aurait vraisemblablement notifié qu’après les grands cycles terroristes anarchistes, nationalistes, anticolonialistes et gauchistes, la pratique terroriste allait vers la diversification et la complexité.
Il y aurait eu une ligne sur l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en Ouganda, déjà connue à l’époque, ainsi que des considérations sur le terrorisme animalier ou écologique, voire sur une possible dérive de certaines franges altermondialistes, mais prudemment formulées, surtout dans le dernier cas…